La tempête Alex, qui a frappé le sud de l’Europe en octobre 2020, a tué près de 20 personnes dont 8 en France. Outre la France, l’Italie et la Suisse ont également été touchées. Un an après, quel bilan tire l’Europe ? Comment chaque pays a-t-il géré la crise sur son territoire ?

Le département des Alpes-Maritimes a été le territoire français le plus touché par la tempête. Des maisons ont été détruites, des ponts ont été emportés et des routes ont été coupées. Au total, l’Etat estime le montant des dégâts à 1,7 milliard d’euros.
Le Premier ministre Jean Castex s’est rendu immédiatement sur place pour mesurer l’étendue des dégâts. Il a annoncé plusieurs mesures lors de son intervention à Nice, dont le déclenchement de la procédure de catastrophe naturelle.
Instauré en 1982 dans le Code des Assurances, il est précisé que « sont considérés comme les effets des catastrophes naturelles, les dommages matériels directs ayant eu pour cause déterminante l’intensité anormale d’un agent naturel, lorsque les mesures habituelles à prendre pour éviter ces dommages n’ont pu empêcher leur survenance ou n’ont pu être prises. ».
Le gouvernement a également effectué le déploiement de moyens satellitaires pour rétablir des communications d’urgence avec les zones sinistrées et a envoyé des forces complémentaires de l’armée pour chercher les rescapés et commencer la reconstruction des lieux.
Plus d’un mois après, le ministre délégué aux Comptes publics, Olivier Dussopt, a annoncé l’octroi d’une enveloppe de 20 millions d’euros pour le département des Alpes-Maritimes pour la reconstruction.
Etat d’urgence en Italie
Si en France la majeure partie de la gestion de crise s’est concentrée autour de l’indemnisation des victimes, l’Italie où 8 personnes ont perdu la vie, a décidé de déclencher l’état d’urgence dans deux régions, le Piémont et la Ligurie, où des pluies diluviennes ont pu atteindre jusqu’à 60 centimètres part endroit.
“Dans un premier temps la région va débloquer des fonds destinés à couvrir les catastrophes naturelles. Mais nous sommes dans une situation extraordinaire dans un moment déjà en soi extraordinaire. A cause de la pandémie, la région percevra cette année 200 millions d’euros de recettes fiscales en moins. Si l’Etat n’intervient pas, nous ne nous relèverons pas” explique Alberto Cirio, le président de la région du Piémont, au journal La Stampa, retranscrit dans le Huffington Post.
En Italie, l’Etat d’urgence prévoit que le gouvernement peut exercer des « pouvoirs de substitution » aux autorités locales dans des situations spécifiques tels que les catastrophes naturelles.
En général, il est prévu que l’état d’urgence soit « promulgué par le conseil des ministres, sur proposition du Président du Conseil des ministres, ou par le Président d’une région ou d’une province concernée, sans préjudice du contrôle de légitimité de l’acte susmentionné. »
Entre la pandémie et l’aléa climatique, l’Italie a donc décidé de soutenir et de gérer nationalement la crise climatique.
Une gestion préparée en amont en Suisse
La Suisse quant à elle, n’a été que peu touchée sur le bilan humain par la tempête. Malgré des records de précipitation sur les cent dernières années, et donc de crues, aucune victime n’est à déplorer.
Cela s’explique par la grande gestion en amont des risques naturelles. En 2001, la Suisse a adopté un plan de protection contre les crues, qui comprend notamment une échelle hiérarchique de mesures préliminaires : une grande culture de la prévention, entretien des cours d’eau et importance de l’aménagement du territoire.
Déjà en 1991, la Confédération helvétique définissait dans la Loi fédérale sur l’aménagement des cours d’eau (LACE) les éléments essentiels de la protection face aux risques. Il s’agit de l’analyse des risques, la différenciation des objectifs de protection, l’entretien des cours d’eau et des ouvrages de construction, la planification des mesures conforme au but et l’appréciation du risque restant.
Ainsi, lors du passage de la tempête Alex, les états-majors de crise ont été réunis pour mettre en place ce fameux plan. Des cols ont été fermés préventivement, des villages près des affluents des courants en crue ont été évacués et des routes, dont l’autoroute A2, ont été inondées pour contenir la montée des eaux. Les entreprises situées dans la zone Lavey-Aigle-Villeneuve n’ont, elles, eu aucune mesure particulière à prendre.
La gestion de crise, mais plus encore, la prévention des risques naturels fait partie de la culture de chaque pays. La France a privilégié l’après-crise en accordant des aides financières à la reconstruction, alors que la Suisse a massivement investi dans l’avant-crise. Quelle méthode a été la plus efficace ?
Benjamin Grischko
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