La guerre s’accentue en Éthiopie

Cela fait maintenant un an que l’Éthiopie est en pleine guerre civile. Les combats entre les autorités éthiopiennes et le Front de libération du Tigré s’intensifient. Alors que les rebelles se rapprochent de la capitale, la communauté internationale s’inquiète et prend des mesures.

La guerre est loin d’être terminée en Éthiopie. Ce mardi 23 novembre, la France a appelé ses ressortissants à quitter le pays en raison des combats qui se rapprochent de la capitale. « Tous les ressortissants français sont formellement appelés à quitter le pays sans délai » a déclaré l’ambassade de France à Addis-Abeba dans un courrier adressé à la communauté française présente dans le pays. L’ambassade prévoit de faciliter le départ des ressortissants sur des vols commerciaux et, « si nécessaire », d’affréter un vol charter. Le Royaume-Uni et les États-Unis avaient déjà exhorté leurs citoyens à quitter le pays. L’ONU a aussi pris la décision d’évacuer les familles de ses employés internationaux. Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré que « compte tenu de la situation sécuritaire dans le pays et par excès de prudence, l’ONU a décidé de réduire son empreinte dans le pays, en relocalisant provisoirement toutes les personnes à charge éligibles ». D’après lui, plusieurs centaines de personnes sont concernées par cette mesure.

Des soldats éthiopiens à l’entrainement au sud du Tigré, le 14 septembre 2021 © Amanuel Sileshi / AFP

Le Premier ministre éthiopien au front

« À partir de demain, je serai mobilisé sur le front pour mener les forces armées » a déclaré Abiy Ahmed, le Premier ministre éthiopien, dans un communiqué sur Twitter le lundi 22 novembre au soir. Il ajoute : « ceux qui veulent être parmi les enfants éthiopiens qui seront salués par l’histoire, levez-vous pour le pays aujourd’hui. Retrouvons-nous au front ». Abiy Ahmed est un ancien opérateur radio de l’armée qui est devenu lieutenant-colonel avant de devenir Premier ministre. Il avait obtenu le prix Nobel de la paix en 2019, pour s’être, entre autres, battu pour la paix avec le pays voisin, l’Érythrée.

Un an de guerre civile

La guerre civile a débuté en novembre 2020, lorsque le Premier ministre, Abiy Ahmed, a envoyé l’armée fédérale dans la région afin de destituer les autorités tigréennes. Il les accuse de défier l’autorité fédérale et d’avoir attaqué des bases militaires. Trois semaines après cette intervention, le Premier ministre éthiopien avait proclamé la victoire après la prise de la capitale régionale, Makalé. Cependant, en juin dernier, les combattants du Front de libération de Tigré ont repris l’essentiel de la région et ont poursuivi leurs offensives dans les régions voisines de l’Amhara et de l’Afar. Fin octobre, ils ont revendiqué la prise de deux villes en Amhara, se rapprochant ainsi de la capitale. Les évènements continuent de s’intensifier et cette semaine, le groupe rebelle a affirmé se trouver à Shewa Robit, à 220 km au nord-est d’Addis-Abeba. Soutenue par l’Armée de libération oromo (OLA), les rebelles continuent de se rapprocher de la capitale. La communauté internationale s’inquiète et des efforts sont menés afin d’obtenir un cessez-le-feu. Jusqu’à présent, cette guerre a causé la mort de plusieurs milliers de personnes ainsi que le déplacement de près de 2 millions d’éthiopiens.

Maryann Jaffres