Mardi 23 novembre dernier, les Restos du Cœur ont officiellement lancé leur 37ème édition. Comme les années précédentes, l’objectif est clair : apporter une aide aux foyers et aux personnes qui peinent à subvenir seules à leurs besoins. Mais cette édition s’ouvre dans des conditions particulières : le nombre de bénéficiaires explose depuis la pandémie.

Dans le Nord, les Restos du Cœur, ce sont 417 centres de distribution alimentaire, 9 centres pour les personnes sans-abris, des maraudes hebdomadaires et plus de 125 000 bénéficiaires. « Heureusement qu’ils sont là, parce que je ne sais pas comment j’aurais fait », témoigne une mère de deux enfants, interrogée par franceinfo à Seclin. Dans ce centre de la banlieue lilloise, la moitié des bénéficiaires sont des personnes seules, souvent en situation de grande précarité, mais il y a aussi de nombreuses familles monoparentales.
« Les conditions sont de plus en plus difficiles »
C’est que le profil des arrivants a largement évolué depuis la crise sanitaire : selon le communiqué de presse de l’association, 15% des bénéficiaires disaient venir pour la première fois en 2020, et 53% disaient connaître une perte de ressources liée à la crise. Et, dans ce communiqué, on retrouve nombre de chiffres inquiétants : les activités de distribution dans la rue ont augmenté de 25% depuis deux ans, 50 % des personnes aidées ont moins de 25 ans et 40 % sont mineures, 59 000 nouveau-nés ont bénéficié des aides, etc. Les conditions sont particulières, mais surtout, les conditions sont plus difficiles : les plus précaires sont de plus en plus isolés. Et pour tenter d’enrayer ce phénomène, les Restos du Cœur tentent d’aller chercher tous ceux qui n’osent pas se rendre dans leurs locaux, ou n’en ont pas les moyens. Cette année, ils ont notamment mis en place cette année des centres itinérants en milieu rural.
Au total, en 2020, ce sont plus d’1,2 million de personnes qui ont été aidées, et 142 millions de repas proposés, dont 16,2 millions dans les Hauts-de-France. Et l’action de l’association créée par Coluche en 1985 ne cesse de s’élargir : désormais, ce sont aussi des distributions des vêtements pour bébés, des chantiers d’insertions et des hébergements d’urgence qui sont proposés. Ce sont aussi des centaines de salariés en insertion accompagnés, qui suivent des ateliers de français, de soutien scolaire, etc. Ce sont aussi des familles accompagnées sur des questions budgétaires, des centaines de départs en vacances organisés, …
Mais, lumière d’espoir, de récentes études ont démontré que les Français sont de plus en plus généreux, engagés et solidaires pour venir en aide aux plus démunis, frappés par la crise sanitaire : les dons aux associations n’ont jamais été aussi élevés, avec une hausse de 7 % par rapport à 2019. Ainsi, le don moyen s’élève à 347€ chez les moins de 30 ans et à 665€ chez les plus de 70 ans. Une préoccupation dont « Les candidats à l’élection présidentielle de 2022 devront (…) tirer les enseignements en mettant au cœur de leurs préoccupations et de leurs programmes la lutte contre la pauvreté sous toutes ses formes et l’encouragement du bénévolat » selon les Restos du Cœur.

En 1985, « La France semble découvrir l’étendue de la pauvreté »
« Si y’a des gens qui sont intéressés pour sponsoriser une cantine gratuite qu’on pourrait commencer par faire à Paris puis qu’on étalerait après dans les grandes villes de France, nous on est prêts à aider une entreprise comme ça (…) et puis on essaiera un jour de faire une grande cantine, peut-être cet hiver gratos. » En septembre 1985, au micro d’Europe 1, Coluche lance sa « petite idée », et le succès ne se fait pas attendre : dès l’hiver 1985, les Restos du Cœur sont fondés et servent leurs premiers repas à Gennevilliers. L’association n’a aucune vocation à s’établir durablement, mais la France semble alors découvrir l’étendue de la pauvreté. Et la réussite est telle que l’humoriste décide de renouveler l’opération chaque hiver. S’il ne le verra pas – il décède en juin 1986 d’un accident de moto, les Restos du Cœur ont depuis fait bien du chemin, et reste aujourd’hui un acteur clé du domaine social.
Morgane Jean
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