La 37 ème campagne des Restos du cœur a débuté mardi 23 novembre. L’augmentation de la précarité fait craindre le pire à l’association. Dans le Vieux-Lille, les bénévoles s’activent pour répondre à une demande de plus en plus forte.
« Aujourd’hui, on a plus le droit, ni d’avoir faim ni d’avoir froid », chantaient la bande à Coluche en 1986. Trente-cinq ans plus tard, le refrain est toujours le même. Ce mardi, dans toute la France, la traditionnelle campagne d’hiver des restos du coeur a commencé. Lille ne fait pas exception. Dans la capitale des Flandres, l’antenne du Vieux-Lille – une des huit situées dans la ville – s’organise. Avec un constat alarmant : la précarité augmente, le nombre de bénéficiaires aussi. » On va avoir plus de monde, c’est certain. On le voit déjà. Les familles inscrites sont plus nombreuses que les années précédentes. Pour le moment, le total est de 130 « , constate Hortense, directrice de l’antenne Restos du cœur du Vieux-Lille. Elle remarque aussi la venue de nouveaux profils. « On voit plus de jeunes que d’habitude, ça c’est vrai », confie la directrice. A l’échelle nationale, 50% des personnes aidées ont moins de 25 ans et 40% sont mineures.

Ici, c’est une vraie famille. Les gens viennent pour les denrées alimentaires – pain, conserve, beurre etc – , mais pas seulement. « Ce qu’ils recherchent, c’est surtout le contact humain, confie Hortense. Certains d’entre eux sont en situation d’isolement, on se doit donc de les aider. Discuter avec eux est primordial. Le maitre mot : sourire ». Elle continue : « Ce n’est jamais facile de pousser la porte des Restos pour la première fois. Notre mission, c’est de les mettre à l’aise dès qu’ils arrivent. »
Une aide administrative précieuse
Les Restos du coeur aident aussi les bénéficiaires dans leur démarche administrative. « On fait aussi de l’aide à la personne. On les oriente vers la maison de quartier par exemple, et on les accompagne dans leur recherche d’emploi », témoigne la directrice du centre. L’association travaille beaucoup avec d’autres acteurs de terrain comme la mission locale, la mairie de quartier ou la maison de quartier. L’objectif : sortir les bénéficiaires de la précarité.

Pour remplir ces missions, Hortense peut compter sur une équipe soudée : » Actuellement, on compte 42 bénévoles. Beaucoup de bénéficiaires demandent à en faire partie. Malheureusement, je ne peux pas dire oui à tous, on a des jauges à respecter ». Parmi ces bénévoles, on retrouve Marie-Jeanne. Retraitée, elle est engagée depuis 20 ans et a été directrice de centre pendant six ans. Sa spécialité : les cadeaux de Noël. » On a une soixante d’enfants qui n’ont pas vraiment de domicile fixe. Certains dorment en foyer, à l’hôtel, ou même dehors, explique t-elle. Alors on essaye de voir comment on peut organiser tout ça ». Ce n’est pas tout. En plus d’offrir des cadeaux, l’association espère envoyer des enfants en colonie de vacances cet été.
Mais cet investissement personnel peut-être compliqué à gérer. Surtout sur le plan émotionnel. « Il y a des histoires qui fendent le coeur. C’est très dur quand on apprend le décès d’un bénéficiaire », témoigne, émue, Marie-Jeanne
Heureusement, les bénévoles peuvent, eux-aussi, compter sur la bonne humeur de certains bénéficiaires. C’est le cas de Myriam*. Cette habituée donne une vraie leçon de vie : » Si tu veux que ta vie soit belle, c’est à toi de le faire. Quand ça ne va pas, je garde le sourire et la bonne humeur revient tout de suite. » Hortense peut être fière.Le contrat est rempli : les Restos remplissent le ventre et, surtout, réchauffent les coeurs.
* le prénom a été modifié.
Antoine Tailly
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