Le soccer à l’assaut de l’Europe

Alors que tous les yeux sont rivés sur l’Europe et la Ligue des Champions, une équipe grandit paisiblement. Dans l’ombre des nations historiques de ce sport, elle ne se fait pas remarquer, à tel point qu’elle semble être oubliée. 

Seulement, de l’autre côté de l’Atlantique, ce géant attend son heure. Lui, qui a fait de la démesure sa marque de fabrique, évolue pourtant dans la plus grande des discrétions. Moqués pour son “soccer”, raillés pour son championnat “maison de retraite”, les Etats-Unis se réveillent enfin. Pourront-ils troubler l’ordre établi ? 

Non-invitée à la Copa America 2021, la team USA a su se faire remarquer autrement. Dans l’indifférence des médias européens, les Etats-Unis ont remporté, le 7 juin dernier, la première édition de la ligue des nations CONCACAF. Un trophée acquis après un match de haute volée contre les rivaux mexicains, une victoire 3-2 en prolongations, scellée sur un penalty de Christian Pulisic. 

Les trois buteurs américains de cette rencontre ne sont d’ailleurs pas inconnus du grand public. En dehors de l’attaquant de Chelsea, Gio Reyna et Weston McKennie ont aussi marqué … l’un évoluant à Dortmund, l’autre à la Juventus.  

Une team USA made in Europe 

Ces trois joueurs-là sont loin d’être des cas isolés. En effet, la politique de talents américaine est l’exacte opposée des standards européens. Alors que les grosses écuries forment leurs joueurs avant de les vendre, les Etats-Unis envoient très tôt leurs pépites dans les grands clubs du Vieux continent. 

Dernier exemple en date ? Konrad de la Fuente. Jeune prodige, le néo-marseillais est remarqué dès l’âge de 11 ans par le FC Barcelone, une Masia qu’il n’a quitté que cette année pour s’engager à l’OM. Si, à première vue, l’émergence de joueurs américains peut surprendre, ce n’est que la consécration d’un processus débuté il y a des années. Sergiño Dest, Weston McKennie, Gio Reyna, Tyler Adams, Timothy Weah … Cette génération prometteuse est à l’image de son pays, joueuse et ambitieuse. 

En figure de proue de ce groupe, il y a bien sûr Christian Pulisic. Vainqueur de la Ligue des Champions avec Chelsea cette année, il s’est imposé comme un impact player convaincant. A seulement 22 ans, il compte déjà plus de 200 matchs européens à son actif. Capitaine de sa sélection, son parcours est le modèle de la politique de talents états-uniennes : parti dès ses 16 ans au centre de formation du Borussia Dortmund, il séduit par sa vitesse et sa qualité de dribble … Ça ne vous rappelle personne ? Et oui, c’est exactement la trajectoire de Giovanni Reyna. 

Une irrésistible envie de jouer 

Mais comment gérer une équipe si jeune sur le terrain ? Là est tout le casse-tête de Gregg Berhalter, sélectionneur de la Team USA depuis décembre 2018. Amoureux du 4-2-3-1 à pointe haute, l’ancien entraîneur de Colombus Crew a dû revoir ses plans cette année pour mettre en exergue les qualités de chacun. Pour cela, il alterne entre un 4-3-3 offensif à pointe basse avec Josh Sargent (Werder Brême) en 9 et demi ou un séduisant 3-4-3. Ce dernier, préféré en finale face au Mexique, s’appuie sur les atouts de Dest et de André Yedlin, positionnés en pistons, pour exploiter les côtés. 

Ces schémas tactiques relèvent d’une irrésistible envie de jouer, d’apporter le surnombre et d’exploiter la profondeur. Ce jeu résolument offensif est presque imposé à Berhalter tant les profils à sa disposition se ressemblent. Que ce soit sur les ailes (Pulisic, Reyna, Aaronson, Dest …) ou dans l’entrejeu (McKennie, Acosta, Musah, Lletget …), la majorité de ses joueurs sont des créatifs, dribbleurs et à vocation offensive. Une idéologie fidèle à la culture américaine, prônant les initiatives individuelles et les coups d’éclats. Le dernier match contre le Costa Rica, remporté aisément 4-0, a parfaitement illustré ceci avec des milieux très avancés. 

Les failles de cette équipe sont finalement visibles sur le papier. Un manque de physique dans l’entrejeu et une défense encore un peu tendre. Car si Tim Ream (Fulham) est un défenseur expérimenté et John Brooks (Wolfsburg) un véritable guerrier, la charnière américaine ne donne pas entière satisfaction. Les espoirs de la sélection reposent sur Marc McKenzie, le joueur de Genk dispose à 22 ans d’un bagage technique et physique très intéressant mais manque encore de tranchant dans ses interventions, en témoigne son penalty provoqué à la 120ème minute du match contre le Mexique.  

Quel futur pour la sélection ?

Le véritable objectif de cette sélection, c’est indéniablement la Coupe du Monde 2026, organisée aux Etats-Unis, au Mexique et au Canada. En vue de cette échéance, tous les voyants sont au vert. D’autant que, si la MLS reste un championnat attractif pour les joueurs en fin de carrière (Villa, Pirlo, Ibrahimovic, Nani …), il commence à s’appuyer sur le réservoir américain. Preuve en est, le très (très) prometteur avant-centre Daryl Dike est revenu au pays (Orlando City) après avoir fait les beaux jours de Barnsley en Championship l’année dernière (9 buts en 19 apparitions). A 21 ans, il a choisi de rester en MLS malgré des propositions européennes. Son cas sera à suivre de près car, s’il réussit à exploser à Orlando, il pourrait donner des idées à plusieurs clubs d’Amérique du Nord, hésitant à lancer leurs jeunes plutôt que de recruter à l’étranger.  

Le destin de la team USA est donc intimement lié à celui de son championnat. Bien que les clubs européens soient l’aboutissement d’une carrière, la MLS pourrait se révéler être un formidable tremplin et permettre aux Etats-Unis de devenir un sérieux outsider dans les années à venir. 

Le soccer à l'assaut de l'Europe
La team USA célébrant sa victoire en ligue des nations CONCACAF contre le Mexique, cf brotherly.com 

Non-invitée à la Copa America 2021, la team USA a su se faire remarquer autrement. Dans l’indifférence des médias européens, les Etats-Unis ont remporté, le 7 juin dernier, la première édition de la ligue des nations CONCACAF. Un trophée acquis après un match de haute volée contre les rivaux mexicains, une victoire 3-2 en prolongations, scellée sur un penalty de Christian Pulisic. 

Les trois buteurs américains de cette rencontre ne sont d’ailleurs pas inconnus du grand public. En dehors de l’attaquant de Chelsea, Gio Reyna et Weston McKennie ont aussi marqué … l’un évoluant à Dortmund, l’autre à la Juventus.  

Une team USA made in Europe 

Ces trois joueurs-là sont loin d’être des cas isolés. En effet, la politique de talents américaine est l’exacte opposée des standards européens. Alors que les grosses écuries forment leurs joueurs avant de les vendre, les Etats-Unis envoient très tôt leurs pépites dans les grands clubs du Vieux continent. 

Dernier exemple en date ? Konrad de la Fuente. Jeune prodige, le néo-marseillais est remarqué dès l’âge de 11 ans par le FC Barcelone, une Masia qu’il n’a quitté que cette année pour s’engager à l’OM. Si, à première vue, l’émergence de joueurs américains peut surprendre, ce n’est que la consécration d’un processus débuté il y a des années. Sergiño Dest, Weston McKennie, Gio Reyna, Tyler Adams, Timothy Weah … Cette génération prometteuse est à l’image de son pays, joueuse et ambitieuse. 

En figure de proue de ce groupe, il y a bien sûr Christian Pulisic. Vainqueur de la Ligue des Champions avec Chelsea cette année, il s’est imposé comme un impact player convaincant. A seulement 22 ans, il compte déjà plus de 200 matchs européens à son actif. Capitaine de sa sélection, son parcours est le modèle de la politique de talents états-uniennes : parti dès ses 16 ans au centre de formation du Borussia Dortmund, il séduit par sa vitesse et sa qualité de dribble … Ça ne vous rappelle personne ? Et oui, c’est exactement la trajectoire de Giovanni Reyna. 

Une irrésistible envie de jouer 

Mais comment gérer une équipe si jeune sur le terrain ? Là est tout le casse-tête de Gregg Berhalter, sélectionneur de la Team USA depuis décembre 2018. Amoureux du 4-2-3-1 à pointe haute, l’ancien entraîneur de Colombus Crew a dû revoir ses plans cette année pour mettre en exergue les qualités de chacun. Pour cela, il alterne entre un 4-3-3 offensif à pointe basse avec Josh Sargent (Werder Brême) en 9 et demi ou un séduisant 3-4-3. Ce dernier, préféré en finale face au Mexique, s’appuie sur les atouts de Dest et de André Yedlin, positionnés en pistons, pour exploiter les côtés. 

Ces schémas tactiques relèvent d’une irrésistible envie de jouer, d’apporter le surnombre et d’exploiter la profondeur. Ce jeu résolument offensif est presque imposé à Berhalter tant les profils à sa disposition se ressemblent. Que ce soit sur les ailes (Pulisic, Reyna, Aaronson, Dest …) ou dans l’entrejeu (McKennie, Acosta, Musah, Lletget …), la majorité de ses joueurs sont des créatifs, dribbleurs et à vocation offensive. Une idéologie fidèle à la culture américaine, prônant les initiatives individuelles et les coups d’éclats. Le dernier match contre le Costa Rica, remporté aisément 4-0, a parfaitement illustré ceci avec des milieux très avancés. 

Les failles de cette équipe sont finalement visibles sur le papier. Un manque de physique dans l’entrejeu et une défense encore un peu tendre. Car si Tim Ream (Fulham) est un défenseur expérimenté et John Brooks (Wolfsburg) un véritable guerrier, la charnière américaine ne donne pas entière satisfaction. Les espoirs de la sélection reposent sur Marc McKenzie, le joueur de Genk dispose à 22 ans d’un bagage technique et physique très intéressant mais manque encore de tranchant dans ses interventions, en témoigne son penalty provoqué à la 120ème minute du match contre le Mexique.  

Quel futur pour la sélection ?

Daryl Dike, l’un des nombreux prodiges de cette génération dorée cf minutousa.com

Le véritable objectif de cette sélection, c’est indéniablement la Coupe du Monde 2026, organisée aux Etats-Unis, au Mexique et au Canada. En vue de cette échéance, tous les voyants sont au vert. D’autant que, si la MLS reste un championnat attractif pour les joueurs en fin de carrière (Villa, Pirlo, Ibrahimovic, Nani …), il commence à s’appuyer sur le réservoir américain. Preuve en est, le très (très) prometteur avant-centre Daryl Dike est revenu au pays (Orlando City) après avoir fait les beaux jours de Barnsley en Championship l’année dernière (9 buts en 19 apparitions). A 21 ans, il a choisi de rester en MLS malgré des propositions européennes. Son cas sera à suivre de près car, s’il réussit à exploser à Orlando, il pourrait donner des idées à plusieurs clubs d’Amérique du Nord, hésitant à lancer leurs jeunes plutôt que de recruter à l’étranger.  

Le destin de la team USA est donc intimement lié à celui de son championnat. Bien que les clubs européens soient l’aboutissement d’une carrière, la MLS pourrait se révéler être un formidable tremplin et permettre aux Etats-Unis de devenir un sérieux outsider dans les années à venir. 

Louis Bouchard