Les migrants oubliés du camp de Saint-Sauveur

Une cinquantaine de migrants vit dans des conditions de vie extrêmes sur la friche de Saint-Sauveur à Lille. Des associations réclament une solution d’hébergement pour cet hiver.

À Lille, ils sont une cinquantaine à avoir trouvé refuge sur la friche de Saint-Sauveur. Le projet de construction immobilière à cet endroit vient d’être repoussé après le recours de deux associations, une première victoire. Mais pour les réfugiés et les bénévoles des associations, un autre problème devient urgent : l’hiver arrive. Alors que les températures ne font que baisser, le camp n’est pas adapté à une vie confortable, surtout pas en période de grand froid.

Les collectivités territoriales n’ont prévu aucun ramassage des déchets sur la Friche Saint-Sauveur. © Cidjy PIERRE

Des conditions de vie extrêmes

Les migrants vivent dans des conditions désastreuses. Salim le sait, il y a vécu pendant plusieurs années. S’il dort désormais en refuge, il y passe toujours ses journées. Il explique : « Nous n’avons pas de toilettes, pas de douche, ni de quoi se laver. Nous avons également un grand besoin de poubelles« . Effectivement, c’est dans la saleté que se sont construits quelques dizaines de cabanes. Les ordures jonchent le sol jusqu’à former des amas de débris dans certains coins.

Un homme s’occupe de couper les cheveux et de tailler la barbe au rasoir des autres réfugiés. © Cidjy PIERRE

« Il fait très froid… On fait du feu à l’intérieur avec du bois et du charbon« , poursuit Salim. Pour se chauffer, les habitants n’ont d’autres choix que de faire des feux à l’intérieur des cabanes, un procédé très dangereux qui a provoqué un important incendie l’an dernier.

Un incident qui avait fait avancer les choses. En février 2021,  les réfugiés occupant la friche Saint-Sauveur ont été mis à l’abri dans différents hébergements d’urgence réquisitionnés dans le cadre du plan « grand froid ». C’était une demande urgente de la part des associations, entendue par la préfecture du Nord.

Salim montre la « cheminée » avec laquelle les migrants se réchauffent. © Cidjy PIERRE
Les réfugiés utilisent des poêles et casseroles dans lesquelles il brûlent du charbon afin de se réchauffer à l’intérieur des cabanes. © Cidjy PIERRE

Les associations se mobilisent

« Une association est venue recenser les habitants afin de demander à les reloger cet hiver. Mais elle n’est passée qu’une fois, en plein après-midi. Tous ceux qui travaillaient ou qui étaient à l’école n’ont pas pu donner leur nom » se désole Salim. C’est pourquoi Josselin, bénévole pour Utopia 56, a décidé de venir sur place une fois par semaine, le dimanche. Il distribue des denrées alimentaires ou vestimentaires récoltés par l’association.

D’autres associations telle que Ellipse répondent à d’autres besoins. « Notre volonté est d’accompagner à la réduction des risques pour les usagers de drogues« , explique une bénévole, « il y a un gros clivage entre migrants et drogués dans ce camp« . Malgré la mobilisation des associations, la situation pour cet hiver reste floue. Personne ne sait s’il est prévu de les reloger cette année.

Les réfugiés ont construit des cabanes pour s’abriter et continuer leurs activités (ici, une mosquée). © Cidjy PIERRE

Cidjy Pierre