En Afghanistan le retour de la terreur

Depuis leur prise du pouvoir à la mi-août, les talibans avaient promis de ne pas s’en prendre aux opposants du nouveau régime. Néanmoins, le mouvement des jeunes étudiants semble revenir discrètement sur ses propos.

Difficile d’oublier la panique de la population, les avions agrippés par des foules alors qu’ils étaient sur le point de décoller. Depuis que les forces armées américaines ont quitté le territoire, que la République islamique d’Afghanistan a laissé place à l’émirat islamique : la politique en place est radicalement différente.

Il y a un peu plus de trois mois, les talibans reprenaient le contrôle des dernières régions et villes afghanes. (Source : AFP)

à l’origine, le mouvement taliban avait trouvé refuge dans les montagnes, loin de Kaboul et des aires urbaines, à l’arrivée de l’armée américaine en 2001. Attendant son heure, le groupuscule avait repris des forces et était resté populaire dans les campagnes. La république en place dans le pays avait alors vu, avec le départ progressif de ses alliés étrangers, le retour du mouvement religieux et politique.

Un émirat pas si conciliant…

Dirigé désormais par Mohammad Hassan Akhund, le pays a retrouvé ses dirigeants d’avant 2001. Toutefois, ces derniers avaient promis une amnistie pour ceux qui s’étaient opposés à eux. Une fois les derniers foyers éteints, nombre d’opposants ont commencé à être retrouvés, morts et tués de manière discrète. à cela, une enquête a été ouverte par l’organisation non-gouvernementale Human Rights Watch, et le résultat est sans appel : tous ceux qui pourraient être une menace au régime taliban sont éliminés, sans que personne ne voit rien.

Pour opérer, les talibans se rendent dans les foyers, et traquent subtilement leurs cibles, sans pour autant insister. Mais une fois que ces personnes leur posant problème se trouvent à un barrage, et souvent en pleine nuit : ils sont pris à part. Ils disparaissent quelques jours avant qu’ils ne soient retrouvés, inertes.

Face aux concessions apparentes des nouveaux dirigeants afghans, le régime de terreur se remet progressivement en place. Ce sont des anciens policiers, soldats ou agents de renseignements qui s’effacent au profit des jeunes étudiants afghans qui, comme en 1996, comptent bien s’imposer de la même manière sur le pays montagneux, après un entracte de vingt ans.

Nicolas Pelouas