Après une année de trêve sanitaire, les échanges internationaux avec les universités partenaires reprennent de plus belle. Vous êtes-vous déjà demandé comment les étudiants, venant des quatre coins du monde, voient la France ? Trois Japonaises racontent leurs expériences de l’année d’échange à Lille.
Rassemblées autour d’une table commune dans la résidence Marguerite Yourcenar, elles sont un peu timides, mais ravies de partager leurs expériences. Arrivées en septembre dernier, Lyrica, Moka et Chinatsu ont toutes les trois 21 ans. Elles vont passer une année à Lille. Pour le trio, le premier semestre était déjà une aventure, pleine de découvertes culturelles.
Chinatsu, Lyrica et Moka remarquent avec enthousiasme l’esprit dynamique que possèdent, selon elles, les Français. « Ils parlent beaucoup en cours, posent des questions aux professeurs, font des débats ». Chinatsu trouve ses camarades très sociables et prêts à discuter. Selon elle, les étudiants sont beaucoup plus timides au Japon, où la discrétion est considérée comme une qualité importante.
Lyrica ajoute qu’en France, le système éducatif incite les étudiants à expliquer ce qu’ils ont étudié. Pour elle, cela constitue non seulement une meilleure manière d’apprendre, mais aussi un moyen de comprendre pourquoi on apprend.
Mais ce dynamisme passe au-delà de la vie étudiante, constatent les Japonaises. Elles le retrouvent dans l’individualité à la française.
« J’aime bien le fait que les Français sont indépendants, » confie Lyrica, « ils ne semblent pas adhérer aux tendances, lorsque quelque chose devient populaire. Ils privilégient l’originalité. Au Japon, c’est le contraire, les gens ont tendance à suivre tout ce qui est en vogue ».
Mais d’autres habitudes des Français semblent dérouter les Japonaises. Elles sont particulièrement surprises par la présence des ordures dans la ville. Pour elles, « Il n’y a pas que les déchets qui traînent par terre, ce qui est très insalubre. C’est aussi la présence des poubelles dans les espaces publics ».
Ces poubelles qui semblent tout à fait normales pour les Européens ne sont en réalité pas mises à la disposition du public au Japon.
« Nous apportons nos propres sacs plastiques et collectons nos propres déchets, pour les jeter à la maison », explique Moca, « c’est pour éviter que les gens jettent des substances toxiques dans les lieux publics et contaminent potentiellement quelqu’un ».
Le peuple japonais est très attentif au maintien de normes d’hygiène et à la salubrité élevée. En ce temps de la crise sanitaire, ils sont très prudents en ce qui concerne la distanciation sociale et les mesures sanitaires.
« Nous portons des masques autant que possible, partout où nous allons« , explique Lyrica. « Parfois, dans les restaurants, nous ne les enlevons même que pour prendre une bouchée de notre nourriture. Ensuite, nous les remettons. »
Les trois expriment avoir été choquées par le simple fait que les Français ne portent pas de masques dans la rue, mais aussi par le fait qu’ils les jettent parfois par terre.
« Au Japon, nous pensons d’abord aux autres. Nous faisons tout pour ne pas leur déplaire. Je pense que c’est là que réside la principale différence culturelle, » résume Chinatsu.
Mais ces découvertes culturelles ont également aidé les filles à apercevoir quelque chose en elles-mêmes. Pour Moca et Chinatsu, l’expérience française les a aidées à retomber amoureuse de leur patrie. « Quand j’étais plus jeune, » affirme Chinatsu, « je rêvais de vivre à l’étranger. Maintenant, je comprends que je préférais faire ma vie au Japon. Oui, j’aime bien la France et je m’amuse bien ici, mais je réalise aussi que j’ai le mal du pays. »
Quant à Lyrica, passionnée de l’art, elle a trouvé une nouvelle inspiration pour son sujet de mémoire dans le système éducatif français. « J’ai été interpellée par l’approche philosophique avec laquelle on étudie l’art en France. Au Japon, c’est plutôt historique. Je pense que cela pourrait être au cœur de mon mémoire ».
Après la discussion, les trois préparent une soupe miso bien chaude. Il est temps de dîner. Les Japonaises se disent « Itadakimasu », une formule utilisée avant chaque repas pour remercier tous ceux qui ont participé dans la préparation et le partage du repas. Mais elles ajoutent, à la française, « Bon appétit ! », une tradition qu’elles apprécient tant.

Elissa Darwish
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