Chaque année c’est la même rengaine, les rues de la capitale des Flandres se parent de leurs plus beaux éclairages. Entre le traditionnel marché de Noël, le sapin, la grande roue et les vitrines des commerces, ce ne sont pas moins de 10 000 ampoules qui sont nécessaires à la ville pour attirer les visiteurs. Mais cette magie à un coût, financier d’abord, énergétique surtout. Mais alors, le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?
Les rues sont illuminées de toutes les couleurs, les vitrines scintillent et les promeneurs s’émerveillent dans cette ambiance qui donne sa saveur à Noël… et au vin chaud ! Et pourtant derrière la face dorée de la médaille se trouve un revers terni par une tout autre réalité : ces décorations, ce sont les Lillois qui les paient. Au prix fort.
Une facture salée
Les décorations de Noël ne sont pas sans conséquence dans le budget de la métropole. Selon France 3 régions, en 2016, la ville a dépensé au total 336 000€ pour les décorations de Noël, soit 1,82€ payé par les Lillois via les impôts locaux. Dans ce budget, 195 000 € ont été consacré aux investissements et aux rénovations, 128 500€ à la maintenance pour une facture énergétique de 12 500€.
Or de telles dépenses tombent mal, en particulier dans le contexte actuel. Car en France, la menace d’un blackout énergétique se profile à l’horizon, avec la possibilité pour certains d’avoir des coupures d’électricité dans les prochaines semaines. Cela s’explique d’abord par une demande forte au moment où l’hiver est le plus rude. Mais aussi par l’arrêt de 16 des 56 réacteurs nucléaires français, qui alimentent à eux seuls 70% de la production électrique totale.
De plus, les dépenses énergétiques requises par les décorations de Noël – et qui selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) représentent en France jusqu’à 10% des consommations liées à l’éclairage public – vont subir la hausse des prix de l’électricité. Ces derniers mois, le territoire national connaît une hausse du prix de l’électricité sans précédent, et le Réseau de Transport d’électricité (RTE) estime à 460€ le prix du Mégawattheure au 20 décembre. Cette tendance ne risque pas de s’infléchir de sitôt, avec une hausse de 4% minimum prévue pour janvier 2022.

Comment lutter contre ce gaspillage ?
Bien que les décorations de Noël ne représentent pas un gouffre énergétique majeur en comparaison des foyers qui sont responsables des ¾ de cette pollution, les villes françaises ont toutefois décidé de se mobiliser pour faire baisser la facture. La métropole lilloise s’est elle aussi engagée à réduire son empreinte en remplaçant en 2016 la totalité des ampoules utilisées pour les éclairages par des diodes aussi appelées LED. Car bien que plus chères à l’achat, ces ampoules nouvelle génération ont une durée de vie plus longue, et elles ont surtout l’avantage de consommer 8 à 10 fois moins que des ampoules à incandescence.
La ville a aussi opté pour une réduction de la période d’illumination de 2 jours, qui s’étend au total de la mi-novembre jusqu’au début du mois de janvier. Cette réduction s’accompagne d’une coupure nocturne quotidienne, entre 1h et 5h du matin.
Toutefois les ONG environnementales continuent à tirer la sonnette d’alarme sur ces pratiques, car les mesures en faveur d’un Noël plus « vert » ne permettent pas de mettre un terme définitif à ce gaspillage ; en particulier au moment où les besoins en chauffage sont les plus importants. La question est donc ouverte : faut-il mettre fin aux décorations de Noël au moment où le réchauffement climatique est ou semble être l’une des préoccupations majeures de nos politiques publiques ? Et cela au risque pour les villes de perdre en attractivité, et aux commerçants de perdre en clientèle ?
« Mon beau sapin, roi des forêts »… qui brûlent.
Fleur Tirloy
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