Ce jeudi 23 décembre à Moscou, Vladimir Poutine a tenu sa traditionnelle conférence de presse de fin d’année. Cette conférence sert à présenter un bilan de la Russie au cours de l’année qui vient de se dérouler. Pendant près de quatre heures, plusieurs points ont été abordés. Le président russe a répondu à des questions portant sur l’économie, la santé qui se trouve dans un contexte sanitaire de plus en plus inquiétant, mais également au sujet des relations internationales qu’entretient la fédération de Russie. L’occasion était également de revenir sur les tensions avec l’OTAN par le biais de la situation à la frontière russo-ukrainienne ou encore l’exportation du gaz russe, sujet de récentes polémiques.

( source : RT France YouTube )
Dans la matinée à Moscou se sont réunis plus d’une cinquantaine de journalistes. Les chaines étrangères comme la BBC ou encore Sky News étaient présentes, mais se trouvaient également des chaines fédérales. Toutes attendaient avec impatience l’arrivée de Vladimir Poutine pour répondre à des questions qui pour la plupart, demeuraient encore sans réponse.
Une économie plutôt fleurissante en 2021
Le début de la conférence de presse s’est concentré sur l’aspect économique de la Russie. Dans un contexte de crise sanitaire se traduisant naturellement par des difficultés économiques, on s’attendait à ce que la Russie en ait naturellement souffert. Pourtant, Vladimir Poutine ne relève pas véritablement de grandes difficultés rencontrées au cours de l’année 2021 bien qu’il y en ait eu quelques-unes. Au contraire, il est même plutôt satisfait du bilan de cette année. Il n’a pas hésité à communiquer quelques chiffres pour appuyer sa déclaration. L’année 2021 pour la Russie à l’échelle nationale, ce serait : 90 millions de m² de croissance en matière de construction ; une augmentation du pouvoir d’achat de 4,1% ; une augmentation du PIB de 4.6% ; 123 millions de récoltes. Et à l’échelle internationale, l’économie de la Russie se traduirait par 184 milliards de roubles pour les échanges internationaux en 2021, ainsi qu’une baisse de 4% de la dette extérieure.
« La décroissance économique qui caractérise notre pays n’est que de 3%, contrairement à d’autres grands pays comme ceux du G20. Nous avons pu sortir de l’état de crise plus rapidement que de nombreuses économies du monde entier, nous avons eu une dégradation moins prononcée. » a déclaré le président russe pour clôturer la parenthèse économique.
Petit point santé : un appel aux non vaccinés
« Il est important que les gens comprennent l’importance de la vaccination » a souligné Vladimir Poutine. Il a également mis en avant le faible le taux d’immunité collective du pays. Ce dernier serait de 54.9%, alors que les scientifiques désirent un taux à 90%. Cependant pour Poutine, si on commence à presser le peuple, on ne s’en sortira pas. Selon lui, il ne faut pas mettre en place des poursuites pour les plus réticents. Il faut au contraire essayer de comprendre leur point de vue, respecter les positions prises. Mais il faut surtout expliquer avec patience l’importance de se faire vacciner.

Les relations entre la Russie et l’OTAN en 2021 : une accentuation des tensions
Ce sujet était le plus attendu par les journalistes présents à la conférence. Depuis maintenant plusieurs mois, l’échiquier géopolitique ne cesse de trembler. Les relations entre l’OTAN et la Russie ne cessent de se fragiliser. Et pour ce sujet, Vladimir Poutine a posé le ton directement.
« Ce sont près de nos frontières qu’on souhaite installer des bases militaires. Et vous exigez des garanties de ma part ? C’est à l’OTAN de les donner, et ce de manière immédiate ». Voilà comment le président russe a répondu à la journaliste de Sky News, qui avait demandé si la Russie mettrait en place des garanties pour calmer un petit peu le jeu. Vladimir Poutine ne semble pas vouloir mettre en place des garanties puisque selon lui, la Russie n’est en rien coupable des actions qui se déroulent à la frontière russo-ukrainienne. Au contraire, il dénonce des vagues d’élargissement de la part de l’OTAN vers l’Est depuis les années 90, qu’il compte au nombre de cinq. Il prend notamment l’exemple de l’intégration de la Pologne au sein de l’OTAN en 1999 ainsi que de la Roumanie en 2004. Ces évènements le poussent à penser qu’il y a là, la naissance d’un sentiment « antirusse » de plus en plus présent et que ce dernier, se rapproche de plus en plus de l’Est. Ce sentiment serait en lien avec la propagation de la présence occidentale.
Néanmoins, Vladimir Poutine a rappelé que dans l’ensemble, les réactions sont plutôt positives et que l’avenir sera sûrement meilleur. Les américains ont proposé des discussions dès l’année prochaine à Genève. Les représentants des deux camps, américain et russe ont déjà été désignés. Il ne reste plus qu’à attendre.

La Russie et la Chine : des relations amicales voire « fraternelles »
La conférence s’est poursuivie avec la mention des liens entre la Russie et la Chine au cours de cette année. Le président Russe a affirmé que ces liens prennent la tournure que ce dernier espérait. Présentant la Chine comme l’un des leaders économiques mondiaux, il a également mentionné que la somme de roubles s’inscrivant dans les échanges entre les deux pays, s’élève à plus de 100 milliards. Cette somme fait alors de la Chine le premier partenaire commercial de la Russie, notamment dans le secteur énergétique.
Ces excellentes relations se traduisent également avec la position prise des russes pour les Jeux Olympiques de 2022 qui se dérouleront à Pékin. Si les États Unis avaient appelé à un boycott diplomatique, la Russie quant à elle a décidé de soutenir le pays organisateur. Pour Vladimir Poutine, ce boycott diplomatique sert à refréner le développement économique de la Chine. Il a également fait mention de la volonté de la fédération de Russie de ne pas politiser le sport. « Le sport a pour vocation d’unir les gens, et non pas de créer des problèmes sur le plan politique et international » a-t-il déclaré à la fin de sa réponse sur le sujet.

Gazprom, une victime de polémiques infondées selon le président
Le dernier sujet important mis en avant au cours de cette conférence est l’apparition de récentes polémiques, qui s’ajoutent alors aux plus anciennes, à l’encontre de Gazprom. En effet, pour de nombreux pays comme l’Ukraine, le géant gazier russe aurait créé un manque artificiel de gaz en Europe, ce qui s’est traduit par une flambée historique des prix. Vladimir Poutine s’est alors positionné sur la défensive et a rappelé les bonnes actions de Gazprom.
« Il y a certes un déficit notable, mais en aucun cas la Russie ne cherche à appauvrir la fourniture en gaz pour les pays partenaires » a déclaré le président de la fédération de Russie. Il a même rappelé que l’année 2021 s’est traduit par une augmentation du volume distribué aux pays éloignés de 12%. De plus, le volume de gaz distribué au principal intéressé, à savoir l’Allemagne, a augmenté de 10%. Poutine a défendu Gazprom en expliquant qu’il s’agissait surement de la seule compagnie à agir de la sorte.
Et pour le reste ?
La conférence a également été le moyen de questionner le président russe sur d’autres points, comme l’écologie ou encore la culture au cours de l’année 2021. Ce fût l’occasion pour Vladimir Poutine de réaffirmer son soutien pour la construction d’usines de tri sélectif, ce qui serait un point important dans le secteur environnemental ou encore économique. Et pour la culture, le président n’a pas changé de position. Ce dernier ainsi que son gouvernement continueront à soutenir la culture russe, qui selon lui est le témoin de la grande force et de la grande histoire de la Russie.

( source : RT France YouTube )
Cette conférence de fin d’année permet donc de faire un bref bilan sur la Russie ainsi que ses souhaits pour l’année à venir. En résumé, continuer à prospérer d’un point de vue économique et renforcer ses liens internationaux, voire améliorer les plus fragiles. Affaire à suivre.
Romain LESOURD
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