A l’occasion des fêtes de fin d’année, En faits a pu s’entretenir avec le Père Noël. Une interview sensée être bon enfant mais qui a très vite dévoilé une face sombre du héros de tous les enfants : entre remise en cause du réchauffement climatique, séquestration et non-respect du code du travail.

Nous rencontrons Monsieur Noël sur la place Rihour de Lille, où depuis quelques jours il a l’habitude de venir s’entretenir avec des enfants (ses principaux clients) pour connaître leurs choix de cadeaux et savoir s’ils ont été sages.
A-t-il été difficile de préparer les cadeaux cette année ?
Oui, il a fallu me rappeler de ce que voulaient les enfants. L’année dernière avait été plus tranquille avec le confinement donc il fallait retrouver le rythme pour 2021.
La vie au pôle Nord n’est pas trop dure avec le réchauffement climatique ?
Non, pas plus dure qu’ici. Personnellement je ne vois pas la différence.
C’est à partir de là que notre équipe a été interpellée : comment un individu passant toute son année dans la zone la plus impactée par le réchauffement climatique peut-il à ce point ne pas être au courant de ce qui se passe sous sa fenêtre ? Et ce, alors même que des températures de 20 à 30 degrés supérieurs à la moyenne ont été enregistrés au Groenland ? Quelque peu décontenancés, nous décidons de poursuivre l’interview malgré tout, même si le Père Noël ressent notre malaise et décide d’abréger le plus possible l’entretien, une autre occasion de le mettre face à ses contradictions se présente.
Les lutins sont-ils syndiqués ? Leurs conditions de travail doivent être plutôt difficiles.
Non ils sont très heureux chez moi.
Comment sont-ils payés ?
Ils sont nourris et logés, ils vivent dans la joie.
Des réponses courtes, une gêne présente, il n’en faut pas plus pour comprendre que nos questions et notre présence gênent. Il faut dire qu’en rémunérant les lutins par un logement de fonction et de la nourriture, mais sans salaire, le Père Noël les rend totalement dépendants de lui. Ces derniers, pour reprendre la théorie de Karl Marx, sont complétements aliénés par le travail (fabriquer des cadeaux pour plus de deux milliards d’enfants peut prendre du temps) et ne peuvent donc pas se rendre compte de leur condition déplorable et faire preuve de conscience de classe pour améliorer leurs droits. Leur isolement géographique fait qu’aucun office d’inspection du travail ne peut se rendre dans les usines du Père Noël, ce qui avantage bien le grand magnat du jouet. Interrogé sur ce qu’il avait commandé pour Noël, le grand monsieur en rouge a répondu « que le Covid disparaisse ».
KEVIN CORBEL
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.