Julian Assange a dépassé le cap des « Mille et une nuits » en prison pour la liberté de la presse

Cela fait plus de mille jours que Julian Assange, le fondateur, rédacteur en chef et porte-parole de l’organisation Wikileaks, est détenu au sein de la prison de haute sécurité de Belmarsh (Londres). Accusé d’espionnage par la justice américaine, il risque l’extradition sur le sol américain, avec une peine de 175 ans d’emprisonnement à la clé due à des vingtaines de chefs d’inculpation formulés à son encontre.

Wikileaks, qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’une organisation non gouvernementale fondée en 2006 par l’accusé, dont le but est de divulguer des documents « classifiés », fournis par des sources anonymes. Généralement, cette organisation s’occupe de rendre public des documents dont la corruption, l’espionnage et la violation des droits de l’homme sont les sujets principaux. Du pain béni pour les lanceurs d’alertes, un véritable danger pour les acteurs mentionnés au sein des documents dévoilés.

Les faits reprochés à l’encontre d’Assange et de Wikileaks

Ils datent de 2010, une année noire pour la réputation du pays de l’Oncle Sam. Julian Assange décide de rendre disponible sur Wikileaks des documents diplomatiques américains sur la guerre en Irak ainsi qu’en Afghanistan. Ces documents montrent les bavures effectuées par l’armée américaine. Un document sort du lot, il s’agit d’une vidéo. Intitulé « Collateral Murder », cette dernière montre un raid effectué par un hélicoptère Apache américain le 12 juillet 2007 à Bagdad. Lors de l’assaut, deux journalistes de l’agence Reuters sont abattus. L’affaire est reprise par de nombreux médias internationaux comme le New York Times, The Guardian ou encore Le Monde. En diffusant cette vidéo, Assange, qui doit à présent vivre sous la crainte de répercussions américaines, explique que la volonté de Wikileaks est de mettre en avant la « protection de la liberté d’expression et de sa diffusion par les médias, l’amélioration de notre histoire commune et le droit de chaque personne de créer l’histoire. »

Vidéo représentant le raid aérien du 12 juillet 2012 (source : YouTube)

La diffusion de cette vidéo n’est pas sans conséquences pour l’organisation d’Assange. Au cours du mois de décembre 2010 et de l’année 2011, elle doit faire face à un blocus financier. Ce dernier a été orchestré par de grandes entreprises financières américaines comme VISA, Bank of America et Western Union. Le but était de faire disparaitre ce qui représentait une grande menace pour les États Unis. Finalement, Wikileaks a réussi à sortir de l’impasse en acceptant les cryptomonnaies, qui sont des fonds intraçables et anonymes. 

Dessin de Rafael Barajas Durán surnommé El Fisgon (source : Twitter)

Depuis, l’organisation d’Assange et son fondateur n’ont cessé de continuer leurs dénonciations, surtout quand les États-Unis étaient impliqués. Ils se sont notamment illustrés en 2013 en aidant le lanceur d’alerte Edward Snowden à obtenir son asile politique en Russie. Ce dernier avait rendu public l’existence de plusieurs programmes de surveillance de masse américains. Ils ont également joué un rôle majeur en 2016, l’année des élections présidentielles aux États Unis. Ils avaient révélé quotidiennement des e-mails de la direction du Parti démocrate, nuisant alors à la réputation de la candidate Hillary Clinton. Ces révélations ont poussé la CIA à accuser Wikileaks d’avoir favorisé l’élection de Donald Trump.

De nombreux soutiens à travers le monde

La millième journée de détention de Julian d’Assange s’est caractérisée par une vague importante de soutiens à son encontre. Cette vague, provenant de tous les horizons, s’inscrit au sein de déclarations, de pétitions et de tribunes par des associations journalistiques ou par des particuliers. L’ONG Reporters sans frontières a par exemple, exprimé son indignation sur Twitter et n’a pas hésité à souligner la dégradation plus que préoccupante de la santé mentale et physique du détenu en question. Plusieurs syndicats et associations journalistiques, britanniques comme allemands, ont fait part de leur volonté de libérer Assange. D’autres regrettent le manque d’implication de la part des autres médias qui, selon eux, ne traitent pas le sujet avec l’importance qu’il mérite. Edward Snowden a également profité de l’importance de la date pour rappeler que Assange représente le rempart le plus solide de la liberté de la presse à l’échelle mondiale. Il a également mis en avant le fait que les gouvernement britanniques et américains ne peuvent justifier un tel acte de répression politique.

Capture d’écran du tweet de l’ONG Reporters sans frontières au sujet des 1000 jours de détention de Julian Assange (source : Twitter)

Il est encore trop tôt pour savoir ce qu’il adviendra du journaliste qui a récolté une multitude de récompense, pour ses travaux d’investigations et de dénonciations. Quoi qu’il en soit, les amoureux de la liberté de la presse restent sur le qui-vive et espèrent, bientôt pouvoir réintégrer Julian Assange au sein de leurs rangs.

Romain LESOURD