La papesse de la presse people, a vu ces derniers mois, son empire s’effondrer. Michèle dite Mimi Marchand, celle qui avait les scoop 15 jours avant tout le monde, s’est brûlée les ailes. Retour sur les dernières affaires judiciaires qui mettent à mal la Machiavel des ragots, mais aussi son très select entourage.
Rien ne destinait cette fille de coiffeur à devenir une proche conseillère de l’Élysée. Et pourtant en quelques années, Mimi Marchand s’impose comme la figure de la presse people française. Successivement garagiste, tenancière de boite de nuit, journaliste chez Voici, ou encore fondatrice du site Purepeople, rien n’arrête la reine des paparazzis. Même après plusieurs passages par la case prison, notamment pour chèque sans provision et trafic de drogue, elle finit toujours par rebondir. Sa voix rauque, son regard persan et son tempérament de feu font d’elle, l’une des personnes les plus redoutées chez les célébrités.

Depuis quelques mois pour Mimi c’est la descente aux enfers. La fondatrice de “l’écurie des paparazzis” Best image fait l’objet de poursuites judiciaires mettant à mal son business de l’image. Dernière affaire en date : Karine Lemarchand l’accusant d’extorsion de fonds. En février 2020 la fille de la présentatrice, alors mineure, est arrêtée puis emmenée au poste de police du 16ème arrondissement de Paris. Ce jour-là, Karine Lemarchand est en tournage mais Mimi Marchand l’informe que l’un de ses « paparazzi stagiaire », passant « par hasard » devant le commissariat, a pris quelques photos de la sortie de sa fille. La femme d’affaire assure alors avoir racheté les clichés pour la modique somme de 3500 euros. Karine Lemarchand qui reçoit des pressions par la papesse pour le remboursement, saisit quelques mois plus tard l’IGPN, la police des polices, à raison de doute sur une possible dénonciation abusive de sa fille. La vérité éclate : le photographe posté devant l’hôtel de police ce jour-là n’est pas un stagiaire, mais un des sbires de Mimi Marchand. Les masques tombent, il s’agissait en réalité d’un coup monté de la part de la patronne de Bestimage. Le 12 août, elle est mise en examen pour « recel de violation du secret professionnel » et « extorsion de fonds ».
De l’Élysée à la maison d’arrêt
S’il ne s’agissait que d’affaires impliquant que des figures du PAF, ça serait trop simple. Cet été Mimi Marchand s’est aussi illustrée dans l’affaire Zied Tiakedine, impliquant directement l’ancien président de la République Nicolas Zarkozy.
Pour ceux qui n’avaient pas suivi, piqûre de rappel. En 2011 lorsque l’affaire des présumés financements libyens éclate, plusieurs noms font les grandes lignes des journaux nationaux parmi lesquels Claude Guéant, Nicolas Sarkozy et le marchand d’armes Ziad Takieddine. Ce dernier, entendu par les autorités françaises au moment de l’éclatement de l’affaire accuse l’ancien président de corruption par le régime de Kadhafi.
Neuf ans plus tard en 2020, Paris Match, alors encore sous la direction d’Hervé Gattegno, publie une interview exclusive de l’homme d’affaire libyen : celui-ci se rétracte. Dans l’entretien, il revient sur les propos tenus quelques années plus tôt, notamment devant la police et les juges, et fait part d’une nouvelle version de l’affaire : Nicolas Sarkozy n’a jamais perçu les millions évoqués précédemment. Dans la foulée, Ziad Takieddine donne aussi à BFMTV une interview de 32 secondes et va même jusqu’à officialiser ses propos juridiquement par l’intermédiaire d’une lettre de rétractation qu’il va transmettre aux autorités du Liban, là où il vit. C’est du pain béni pour l’ancien président déjà acculé par les poursuites judiciaires. Seulement, quelques jours plus tard Médiapart révèle « les coulisses de cette rétractation ». Un nom ressort particulièrement dans ce dossier, celui de Michèle Marchand.
Dans un premier temps la papesse nie toute implication dans la rétractation de l’ancien bras droit de Kadhafi. C’était sans compter le travail d’investigation de Médiapart qui donne lieu à l’ouverture d’une enquête judiciaire pour subordination de témoins. La septuagénaire est mise en examen : sa présence lors de l’interview et ses liens étroits avec le couple Sarkozy font tâche. Relâchée sous certaines conditions, Mimi Marchand est placée en détention provisoire à la maison d’arrêt de Fresnes de mi-juin à mi-juillet, à raison de la violation de son contrôle judiciaire.
La déflagration de l’incarcération de l’influente de la République
Dans le monde de la presse, l’affaire Mimi Marchand fait un bruit retentissant : elle mêle politique et justice et va même jusqu’à déstabiliser le couple élyséen. Car en plus d’avoir le carnet d’adresse le plus fourni de Paris, Mimi peut se vanter d’avoir ses entrées partout où les Macron sont de sortie : le Touquet, l’Élysée … C’est elle en 2016 qui glamourise le couple présidentiel, en mettant en une de couverture, une photo de leurs vacances à la mer. En 2017, c’est elle qui gère en partie la communication de la future première dame, Brigitte Macron. Femme de l’ombre, Mimi Marchand souffle le froid et le chaud sur l’image du couple présidentiel dans les médias français. Cela lui vaudra une place de choix pour cette ancienne garagiste, celui de conseillère de la femme du président. Alors quand cette dernière est incarcérée en juin dernier, les Macron tremblent. Brigitte Macron est d’ailleurs partiellement éclaboussée par cette affaire après la retranscription par le média en ligne d’Edwy Plennel d’une discussion téléphonique entre les deux femmes à sa sortie de détention. Médiapart explique que, lors de cet appel, l’ancienne professeure de français aurait fustigé les déboires judiciaires de son amie Mimi et lui aurait apporté son soutien.
Emma Rieux-Laucat
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