Attaque de la ville d’Hassaké en Syrie : non Daech n’est pas mort !

Depuis jeudi dernier, la prison de Hassaké, prison gardée par les forces démocratiques syriennes, a fait l’objet d’une attaque par plusieurs dizaines de djihadistes de Daech. Cette attaque, la plus forte depuis la fin du califat en 2019, ne laisse rien présager de bon.

Le bilan est sanglant en quatre jours seulement, au moins 146 morts. En cause : l’affrontement entre les forces kurdes en place dans le Nord-est de la Syrie et les djihadistes de l’Etat islamique. Pour l’heure, ces derniers sont retranchés dans la prison de Sina’a dans la province syrienne de Ghweiran, prenant en otages des centaines d’adolescents servant de boucliers humains. L’objectif des soldats de la charia : libérer les 5000 détenus de la prison parmi lesquels se trouvent des hauts gradés de l’Etat islamique.

La ville d’Hassaké, placée sous l’autorité de l’administration du Nord-est syrien, est en réalité une installation de fortune mise en place en urgence après la chute des djihadistes à Baghouz. Selon le Rojava information center, média officiel du territoire kurde, le centre de détention avait déjà fait l’objet d’émeutes et de rébellion, une tentative d’attaque similaire à celle du 20 janvier a même été déjouée en novembre dernier.

Drapeau de l’état islamique, crédit photo HMAD AL-RUBAYE

Le réveil des cellules dormantes : réouverture des portes de l’enfer ?

Non Daech n’est pas mort et la journaliste syrienne du média en ligne Dajar s’inquiète d’ailleurs de la possibilité pour que « les portes de l’enfer soient à nouveau ouvertes ». Ces derniers jours, les unes du monde entier titrent une possible résurgence de l’Etat islamique. Depuis un an déjà, la communauté internationale garde un œil sur « les cellules dormantes » du califat, particulièrement en Irak et dans le Nord de la Syrie. Même si l’organisation terroriste ne possède plus de bastion de vaste envergure comme avant et que la plupart de ses hauts généraux sont enfermés dans les prisons syriennes, en catimini l’organisation reprend du galon. Les mini cellules pullulent, petit à petit les attaques s’organisent :  Daech renait de ses cendres et les forces démocratiques syriennes en charge des prisons de ses anciens combattants, se retrouve encore une fois en première ligne à lutter contre le terrorisme international. Au micro de France 24 le journaliste Wassim Nasr, spécialiste de l’analyse des mouvements djihadistes, tire la sonnette d’alarme : l’attaque du centre de détention est le symbole de « la capacité de l’Etat islamique à mener une action coordonnée ».

Le retour de la question du sort des soldats de Daech, ressortissant des Etats occidentaux

L’attaque de la prison remet sur le devant de la table, la question du sort des djihadistes contenus dans les prisons syriennes depuis plus de 3 ans. Depuis 2015, les forces démocratiques syriennes en plus de combattre Daech se voient attribuer la difficile tâche de gestion de ses anciens combattants. Une situation non sans malaise, plus de 50 000 anciens combattants mais aussi leurs femmes et leurs enfants sont massés dans des prisons, dans l’attente d’un possible miracle : la plupart des pays refusent le rapatriement des leurs ressortissants ayant rejoint les rangs de Daech. Parmi ses pays, l’Espagne, la Suède mais aussi la France. La stratégie commune de garder à distance les anciens combattants pour laisser le terrorisme hors de leur frontière tombe à l’eau : les experts s’accordent à dire que les conditions de détention des djihadistes renforcent la réorganisation de l’Etat islamique.

Emma Rieux-Laucat