Mercredi soir, l’ancien directeur de Danone donnait une conférence à l’Université Catholique de Lille. Pendant deux heures, il a abordé les thèmes de l’écologie, la finance ou encore l’alpinisme. Pour le plus grand bonheur du public venu l’écouter.
« Deux choses remplissent l’esprit d’admiration et de craintes incessantes : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi ». C’est par cette citation d’Emmnanuel Kant que s’ouvre le nouveau roman d’Emmanuel Faber. Intitulé « Ouvrir une voie », ce livre de 167 pages est la quatrième publication de l’auteur. Mercredi soir, près de 650 personnes se sont rassemblées, à l’Université Catholique de Lille, pour écouter l’ancien directeur de Danone.
Un rapport particulier à la montagne
Publié aux éditions Guérin, la maison d’édition des alpinistes, « Ouvrir une voie » ressemble à une tranche de vie. Dedans, Emmanuel Faber se confie sur ce rapport si particulier qui le lie à la montagne. Il le caractérise ainsi : « La montagne a défini mon identité, c’est un chemin vers moi-même. » Il raconte la place prépondérante qu’occupe l’alpinisme dans sa vie. « La grimpe, l’escale, c’est mon oxygène », confie l’auteur dans le livre.
« L’argent, la notoriété et le pouvoir rendent fous »
Il évoque ensuite l’importance qu’a eu son frère dans sa vie. Diagnostiqué schizophrène à l’âge de 18 ans, Dominique, d’un an son cadet, est décédé il y a 10 ans. Il était son « garde-fou ». « Je pouvais avoir une réunion à l’autre bout du monde avec les patrons des entreprises du CAC 40, il m’appelait pour me faire entendre le bruit de la rivière ou le cri des ours », confie Emmanuel Faber. Cette complicité avec son frère lui a permis de ne pas être déconnecté du monde « réel ». « La vérité, c’est que ce qu’il vivait était bien plus fondamental que ce que je faisais, comme négocier avec le gouvernement chinois ou gagner des parts de marché. » L’ancien patron du CAC 40 en est convaincu : « Je crois que l’argent, la notoriété et le pouvoir peuvent rendre fou ». Il n’hésite pas à les comparer à « des drogues ».
Lutter contre les inégalités
L’ancien cadre alerte aussi sur l’augmentation des inégalités : « On estime qu’1% des plus riches possède autant que plus de 50% des plus pauvres ». L’inégalité des richesses entraine aussi l’inégalité climatique. « Ces 1% représentent 17% de l’émission totale de CO2 tandis que pour les 50% les plus pauvres, le chiffre descend à 13 », explique Emmanuel Faber. Il revient aussi sur le rapport alarmant du GIEC, publié en août dernier.
Puis, après une heure de conférence, l’ancien PDG de Danone a répondu aux questions du public. Interrogé sur un éventuel engagement en politique, il répond : « Je pense que ce n’est pas ma voie, tout simplement ». Une standing ovation d’une dizaine de secondes conclut cette conférence. Puis, à 23 heures, après une séance de dédicaces improvisée, Emmanuel Faber est allé reprendre sa voie.
Antoine Tailly
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