Lille : Eric Zemmour fait du pied aux classes populaires en promettant plus de pouvoir d’achat

Samedi 5 février, le candidat d’extrême droite a mené un meeting au Grand Palais de Lille, devant 8 000 personnes, avec pour préoccupation première : leur porte monnaie. Eric Zemmour fustige les dépenses inutiles de l’État et ses taxes qui minent le niveau de vie des plus modestes.

Ce samedi après-midi, ils sont nombreux à venir soutenir leur candidat. En voyant la file d’attente qui s’étend sur des dizaines de mètres, une passante interpelle les sympathisants avec amusement « ça se mérite d’aller voir Zemmour ! ». Le meeting démarre à 15 heures, seulement, vu l’afflux des spectateurs il faut près d’une heure pour que tout le monde puisse entrer. En attendant, l’Action française déambule près des rangs pour vendre ses journaux. La Maison de l’identité La Citadelle, distribuait quant à elle, des tracts invitants ceux qui le souhaitent à une « soirée patriote après le meeting » au bar associatif. Pour les plus chanceux, ce sont des quizz qui passent le temps : « Quelle est la boisson préférée d’Eric Zemmour ? La bière, le vin rouge ou les larmes gauchistes ? ».

Zemmour à la Reconquête des soutiens de Marine Lepen

En préambule du discours, des personnalités politiques se sont succédé à la tribune pour clamer leur amour de la France et de leur champion : « Elle a osé dire qu’Eric Zemmour n’était pas le bienvenu à Lille, mais elle se prend pour qui ? C’est elle qui n’est plus la bienvenue à Lille depuis longtemps ! D’après elle, nous représentons le racisme et l’extrême droite. Il n’y a ici ni racistes ni gens d’extrême droite mais des Français qui aiment la France, Martine ! », fustige Gilbert Collard, transfuge du Rassemblement national (RN). En réponse, on peut entendre le slogan propre aux lepénistes résonner dans la salle « on est chez nous ! ».

Le moment tant attendu

« Ça y est, il est là ! » peut-on entendre dans les rangs. L’ancien chroniqueur de Cnews fait son entrée. Poings levés, il salue une foule coiffée de drapeaux français, qui l’acclame à coup de « Zemmour président ! ». Le moment est sublimé par une musique épique, comme si l’avenir du pays était en jeu, là, maintenant. « Quel plaisir d’être de retour à Lille, dans cette terre du Nord si sincère, si humaine, si chaleureuse » s’exclame Eric Zemmour, visiblement ému par cette salle bondée. Une ambiance qui l’inspire : « Décidément j’aime les gens du Nord, leur franchise, leur solidité, leur humilité et leur courage. Quelle terre de feu que cette terre du Nord. Quel peuple chaleureux que ce peuple de géant. […] ».

Des mesures en cascade

Durant ce meeting, Eric Zemmour cible les « assistés », les « immigrés », responsables de tous les maux, et fait l’éloge du travail, magnifiant le rapport entre patron et ouvrier à travers une histoire que Philippe De Villiers le lui a raconté : « Un entrepreneur enraciné partageant tout avec ses salariés, jusqu’au football du dimanche lorsqu’il se met sous les ordres de son ouvrier devenu son capitaine sur le terrain. Un jour, les actionnaires décident de le chasser ». L’histoire finit bien, les salariés font grève pour qu’il réintègre l’entreprise. À ces mots, un tonnerre d’applaudissements. Dans cette même veine, l’ancien journaliste du Figaro fait un constat : « nous sommes le peuple le plus taxé au monde ». S’ensuit une énumération des taxes qui « pèsent » sur les salaires, qu’il veut, au terme d’un éventuel quinquennat, supprimer. À commencer par la redevance télé qui s’élève à 138 euros par an. Cette taxe permet de financer l’audiovisuel public. « La France et les français n’ont pas besoin de médias de gauche qui les détestent » justifie-t-il.

Outre cette suppression, il se donne pour objectif « d’arrêter de financer l’immigration pour que le modèle social redevienne véritablement français ». Pour ce faire, il promet de « mettre fin aux demandes d’asiles » et de « couper les aides sociales aux étrangers extra-européens » en réservant l’accès aux logements sociaux uniquement aux Français. Autre constat, autre mesure, les mineurs isolés coûtent trop cher selon Eric Zemmour, deux milliards d’euros par an. Une fois de plus, aucune preuve de ce qu’il avance, mais il assure que ces deux milliards financeront la natalité rurale s’il est élu : « je donnerai 10 000€ par naissance d’un français dans une commune rurale ». Il veut également supprimer l’Aide Médicale d’État (AME), un dispositif qui permet aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins. Après s’être attaqué à l’immigration, Eric Zemmour cajole le monde de l’entreprise. Il veut mettre en place une « prime zéro charge ». L’employeur pourra verser une prime sans devoir payer d’impôts, ni de cotisations sociales. La défiscalisation des heures supplémentaires est également à l’ordre du jour, « travailler plus pour gagner plus », un slogan bien connu de la droite.

Une jeunesse majoritaire

Les idées d’Eric Zemmour séduisent les plus jeunes, la grande majorité des spectateurs ont la vingtaine. Josias et Quentin en font partie, le premier est Rémois et l’autre Lillois, tous deux voient en Zemmour le candidat qui fera bouger les choses. « Le meeting était top, mais il n’a pas parlé d’écologie… » Quentin semble déçu. Jeune étudiant de 18 ans, il ne savait pas pour qui voter avant l’arrivée d’Eric Zemmour, « Marine Lepen retourne trop souvent sa veste » explique-t-il, avant d’ajouter qu’elle « n’avait pas le niveau lors du débat face à Emmanuel Macron au second tour ». Quentin trouve qu’il y a « trop de gens de couleurs à Lille, j’ai qu’une envie, me casser d’ici ». Quant à Josias, étudiant en licence de mathématiques, il a voté pour Marine Lepen aux dernières élections, mais il a préféré faire 2 heures de route plutôt qu’aller voir la candidate du RN dans sa ville, Reims, ce samedi 5 février. Il juge le candidat de Reconquête plus à même d’endosser le rôle de président de la France « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Et puis, il faut bien récompenser les gens qui travaillent et les payer correctement. L’immigration et toutes les subventions qu’on leur verse empêchent ça ». En écho à un discours bien rôdé qui séduit l’extrême-droite.

Lloyd Lefebvre