A Lille, ils militent en faveur de la contraception masculine

La contraception masculine est très minoritaire en France. Certains font bouger les lignes. Les premiers mardis du mois, l’équipe de Garcon 59 (Groupe d’action et de recherche pour la contraception) se réunit au bar la Moulinette à Lille, et accueille toute personne qui souhaite s’informer sur la contraception. On y rencontre de plus en plus d’hommes.

Le groupe Garcon59 entend proposer de la documentation et informer sur les méthodes contraceptives dite masculines, une fois par mois, au bar La Moulinette à Lille.

Machine à coudre, anneaux en silicone, slips, documentation… Au café la Moulinette dans le centre-ville de Lille, Alex, Lison et Dominique ont préparé le nécessaire. Ce mardi soir là, Lucas, 29 ans, et Olivier, 33 ans, s’appliquent à fabriquer leurs futurs “slip chauffant”. Cette méthode contraceptive sous forme de slip ou d’anneau en silicone, est mal connue.   

Elargir le spectre contraceptif 

“Nous informons sur la diversité des contraceptions et accompagnons ceux qui souhaitent essayer. On redirige ensuite vers des professionnels”, explique Dominique. L’aventure a commencé en novembre 2019. Des Lillois assistent à une conférence d’Erwan Taverne, fondateur de la première association “Garcon” à Toulouse. Ils décident ensemble de développer des ateliers à Lille, constatant que de plus en plus de personnes s’interrogent.  

Une affaire de femmes ? 

« Le partage de cette charge me parle”, témoigne Olivier, concentré sur sa machine à coudre. Après avoir essayé l’Andro-switch, le professeur de physique chimie s’essaye au slip thermique. “J’avais conscience des contraintes de la contraception pour ma compagne, sans me poser trop de questions. Un ami m’a sensibilisé. Ici, le retour d’expérience aide.” Lucas, a lui été sensibilisé par sa conjointe. “Rien ne me repoussait, mais je n’avais pas fait le pas. L’éducation manque. J’ai attendu 30 ans avant d’avoir des informations”, déplore t’il.   

Ouvrir la discussion 

Pour Lison, organisatrice de ces rencontres, les freins sont nombreux : manque d’études qui officialiseraient ces dispositifs, insuffisance de l’éducation sexuelle, méconnaissance des hommes de leur propre corps, a priori… “La contraception thermique existe depuis longtemps mais n’a pas eu sa place dans l’histoire. Aujourd’hui, elle l’a”, affirme-t-elle. “Certaines femmes voient la contraception masculine comme un recul de leurs droits acquis. D’autres, ne tolèrent plus aucun contraceptif. C’est leur dernier espoir”.  

Loin de vouloir contrer la contraception féminine, l’idée est d’informer les hommes qu’ils peuvent prendre en charge la leur. “Il existe peu de lieux pour en parler et le consentement, le sexe, la contraception, les sentiments, sont encore tabous”, renchérit Dominique, autre organisateur. Pour lui non plus, la machine à coudre n’a presque plus de secrets. 

Hélène Decaestecker