Opération Barkhane : au Mali, bientôt la fin…

Emmanuel Macron réunit ce mercredi un mini-sommet sur le Mali, avant l’annonce d’un retrait des forces Barkhane rendu inévitable par les relations exécrables avec la junte au pouvoir à Bamako.

La France tourne la page de l’opération Barkhane. Ce mercredi soir à l’Élysée, les principaux acteurs étrangers de l’intervention militaire au Mali ont fait état de l’impossibilité de continuer les opérations dans le pays face à l’hostilité manifestée par la junte au pouvoir à Bamako. Retour sur une opération militaire devenue contestée.

Lutter contre le terrorisme

Tombouctou, 2 février 2013. Le président français est en déplacement au Mali pour célébrer « la journée la plus importante » de sa vie politique. « Vive la France, vive Hollande ! ». Sur la place centrale de Tombouctou, décorée aux couleurs françaises et maliennes, François Hollande est accueilli par une foule en liesse. Ils célèbrent le succès de l’opération militaire Serval, conduite par la France (renommée Barkhane en 2014). Celle-ci avait pour but de lutter contre la montée du djihadisme dans les pays de la bande sahélo-saharienne : Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Burkina Faso.

François Hollande et son homologue malien Dioncounda Traoré, à Tombouctou, au Mali, le 2 février 2013. (REUTERS)

Un succès puisque les villes du nord du Mali ont été libérées et les grandes bases djihadistes vaincues. En revanche, la seconde partie du plan n’a jamais réussi à voir le jour. L’opération devait permettre aux forces militaires maliennes de maintenir la pression sur ces groupes djihadiste. Résultat : un retour en masse des djihadistes sur le territoire et l’apparition de nouveaux groupes terroristes.

Un sentiment antifrançais

C’est pourquoi, huit ans après le lancement de l’opération, des milliers de manifestants défilent dans les rues de Bamako. « Dégage, dégage ! » Ils réclament le départ des troupes françaises du pays qui ne sont désormais plus les bienvenues. La France est accusée d’avoir échoué dans sa mission de rétablir la sécurité.

La dernière grande manifestation contre la présence militaire française au Mali a eu lieu le 4 février à Bamako. | EPA-EFE

En effet, les mauvaises nouvelles et les coups bas s’accumulent entre Paris et Bamako : deux coups d’État successifs, l’arrivée des mercenaires russes du « groupe Wagner » sur le terrain. Une instabilité qui profite aux groupes terroristes. Leur dernière attaque contre les soldats français sur la base de Gao a fait un mort et une dizaine de blessés. 

Poursuivre la lutte antijihadiste dans la région

Pourtant, la France a obtenu de grandes victoires dans l’opération Barkhane. La libération du nord Mali, la mort de plusieurs chefs djihadistes importants ou la formation des Forces armées maliennes passées de 7.000 à 40.000 hommes. Mais désormais, la force Barkhane est accusée d’être une force d’occupation par les maliens. Quelque 25 000 hommes sont actuellement déployés au Sahel, dont environ 4 300 Français (2 400 au Mali), selon l’Élysée, dont 48 soldats français ont été tués au Mali.

Paris et ses alliés considèrent qu’il n’est plus possible de rester dans le contexte d’un pouvoir malien, de plus en plus hostile, qui a déroulé le tapis rouge à Moscou. Une seule solution : le retrait des troupes. Le groupement européen de forces spéciales Takuba initié par Paris en 2020 devrait également quitter le pays et se dissoudra. La France prépare les contours du futur dispositif militaire régional français. Elle compte poursuivre la lutte antijihadiste dans la région, où les mouvement affiliés à Al-Qaïda ou au groupe État islamique ont conservé un fort pouvoir de nuisance.

Cidjy Pierre