Alors que l’enquête concernant le Grand Prix d’Abu Dhabi 2021 est toujours en cours, la Fédération Internationale d’Automobile a dévoilé, jeudi dernier, une réforme du fonctionnement de la direction de course qui sera appliquée dès les essais hivernaux.

En décembre dernier, la gestion du Grand Prix d’Abu Dhabi par Michael Masi avait suscité la controverse au sein du paddock. Suite à l’accident de Nicholas Latifi au 53e tour de la course, l’épreuve a été interrompue par l’entrée en piste de la voiture de sécurité. Lewis Hamilton mène alors le dernier Grand Prix de la saison avec plus d’une douzaine de secondes d’avance sur Max Verstappen, qui décide de passer au stand afin de chausser des gommes tendres.

La piste met un certain temps à être dégagée par les commissaires et au 56e tour, la direction de course signale aux pilotes qui possèdent un tour de retard qu’ils ne seront pas autorisés à revenir dans le tour en cours. Cela signifie que la course sera relancée en maintenant les retardataires, qui sont alors cinq à séparer Lewis Hamilton et Max Verstappen, parmi les leaders. Mais alors que la voiture de sécurité s’apprête à quitter la piste, la direction de course change brusquement d’avis et demande aux retardataires de revenir dans le tour et donc, de se placer en fin de peloton. Une décision qui a indéniablement avantagé Max Verstappen, qui grâce à ses pneus neufs, a rapidement pu rattraper son rival. À noter que Lewis Hamilton souffre alors de l’usure de ses gommes, qui n’ont pas été changées depuis le 15e tour de l’épreuve. C’est à l’issue de cette course que le pilote néerlandais remporte finalement le championnat avec huit points d’avance sur son homologue britannique, un paramètre qui n’a fait qu’intesifier la polémique.

Que dit le règlement ? 

La gestion de course de Michael Masi est immédiatement pointée du doigt puisque d’après l’article 48.12 du règlement sportif, dans cette situation, les retardataires sont priés de se maintenir dans le tour du leader. De plus, la voiture de sécurité doit attendre le tour suivant celui durant lequel l’ordre de la direction de course a été donné pour quitter la piste. C’est donc en invoquant le non-respect de cet article que Mercedes a porté réclamation auprès de la FIA. La réclamation ayant été rejetée, l’écurie allemande a ensuite fait part de sa volonté de faire appel, avant de se raviser. Face à l’ampleur grandissante de la controverse, Jean Todt, alors toujours à la tête de la FIA, a décidé d’ouvrir une enquête. 

Une réforme qui boulverse le protocole

Jeudi 17 février, Mohammed Ben Sulayem, le successeur de Jean Todt, s’est exprimé sur l’avancée de cette enquête et en a profité pour dévoiler d’importants changements concernant le fonctionnement de la direction de course. Sans grande surprise, Michael Masi a été déchu du poste de directeur de course. Désormais, la place sera occupée en alternance par Niels Wittich, ancien directeur de course du DTM, et Eduardo Freitas, directeur de course du WEC. Ils seront accompagnés par Herbie Blash, ancien directeur de course adjoint de Charlie Whiting. Les trois hommes prendront leurs fonctions dès les essais d’avant-saison, qui auront lieu du 23 au 25 février à Barcelone. Quand à Michael Masi, il ne quitte pas pour autant la FIA et se verra attribuer un autre poste au sein de l’organisation. 

Le nouveau directeur de la FIA a également annoncé la mise en place de trois nouvelles règles encadrant la gestion de la direction de course. Dorénavant, le directeur de course sera assisté par une cellule de contrôle à distance, qui agira comme l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) au football. Le directeur de course sera en communication permanente avec cette cellule, qui sera située dans les locaux de la FIA. Ensuite, les communications radios directes pendant les épreuves seront supprimées afin de permettre au directeur de course de prendre des décisions sans être soumis à la pression des équipes. Il sera toujours possible de poser des questions au directeur de course, mais uniquement selon un processus bien défini et non intrusif. Enfin, les procédures de relance derrière la voiture de sécurité vont également être réévaluées par le comité sportif de la discipline avant le début de la saison. 

Des changements qui devraient permettre d’éviter de nouveaux cafouillages, qui ont parfois des conséquences déterminantes sur le résultat des courses, voire du championnat.

Mathilda Calais