Le littoral dunkerquois est-il fortement pollué ?

Dans la région dunkerquoise, les plages sont régulièrement nettoyées par les Dunes de Flandre. L’association Adèle surveille chaque année les rejets marins. En 2020, ils ont relevé en moyenne 220 déchets/100 m.

Nos plages dunkerquoises sont-elles polluées ? À quelle fréquence ? À quelle ampleur ? D’où proviennent les déchets ? À ces questions, Michel Mariette, vice-président de l’Adèle, y répond. L’Adèle est une association qui surveille les déchets et les rejets marins sur le littoral de Zuydcoote (à une dizaine de kilomètres de Dunkerque) pour le ministère de la Transition écologique et solidaire. Ils évaluent le nombre de déchets par trimestre, leur type et leur provenance.

Mise en place en 2017, cette surveillance « permet de voir l’évolution des mesures, par exemple la réduction des cotons-tiges, on voit qu’il y en a beaucoup moins », nous apprend le vice-président. Toutefois, « la mer reste une poubelle ». La plus grande du monde.

D’où proviennent les déchets ?

Leur origine : les continents. Lors des pluies, les sols sont lessivés. Les déchets arrivent dans nos rivières qui se déversent ensuite dans la mer. La houle et le vent les repoussent vers nos plages. Leur quantité va dépendre de la météo et des événements festifs (comme le carnaval). Ils viennent aussi bien de Dunkerque que d’Angleterre. Il y a aussi les déchets dus aux « incivilités » (le jeter directement sur le sable), mais ils sont « variables et difficiles à analyser ». Parmi eux, on retrouve des sacs plastiques, des bouteilles, des masques, des mégots… Autre cause : la pêche. On retrouve beaucoup de morceaux de filets : 25 % en 2019 (pour une moyenne annuelle de 242 déchets/100 m) et 20 % en 2020 (220 déchets/100 m).

Comment lutter contre cette pollution ?

Le plus gros problème : le plastique. L’Adèle observe les macro-plastiques (supérieur à 5 mm). Le Cèdre regarde les micro et les nano-plastiques. Ils sont avalés par les poissons et remontent la chaîne alimentaire jusqu’à nous. On en retrouve même dans les moules. « Il faut s’attaquer à la source pour lutter contre la pollution », déclare Michel Mariette. Exemple : diminuer la consommation de plastique, privilégier le biodégradable… Afin de garder nos plages propres, le SIDF, Syndicat intercommunal des Dunes de Flandre, les nettoie à la cribleuse (une machine) ou à la main.

« On subit les déchets. On est tout le temps en train de les ramasser », confie Guillaume Danscoine, directeur général du SIDF. « On ne lutte pas contre la pollution des littoraux, mais on évite qu’elle ait un impact sur l’environnement. » Il ne faudrait pas que les déchets se dégradent en particules, ce qui rendrait le ramassage compliqué voire impossible. Depuis 2018, ils ont installé les bacs à marée, afin que chaque promeneur jette son déchet ou participe à son niveau au nettoyage. « Il y a une prise de conscience permanente des citoyens. »

Une nouvelle cause de pollution : la migration

Depuis un an, le flux migratoire amène des déchets sur les plages. Comment ? Avant de partir pour l’Angleterre en passant par la mer, certains migrants laissent leurs affaires sur le sable. Vêtements, essence, sac de couchage, couches pour bébé, embarcation de fortune… On retrouve de tout. Avec la fermeture des frontières amenée par le Brexit, cette tendance s’est accrue ces derniers temps.

Des associations se lancent dans le ramassage

Cet été, la ferme des Ânes a décidé de mettre les mains dans le sable. Une fois par mois, ils viennent nettoyer la plage de Leffrinckoucke avec l’aide de leurs deux ânesses qui portent les sacs. La ville loge ces animaux dans le fort des dunes. Le club de plongée de Dunkerque a également franchi le pas. Son président, Vincent Sipka, met en place le nettoyage des épaves. Plongeur depuis plus de 20 ans, il a remarqué que beaucoup de filets de pêche s’y accrochent et continuent de pêcher. « Les filets fantômes », comme il les nomme. « C’est une hécatombe, les poissons se prennent dedans. » Une première campagne a été organisée le 15 août dernier. Ils ont ramassé entre 12,3 m² de chalut.

La Ferme des Ânes ramassent les déchets sur la plage de Leffrinckoucke depuis l’été 2021. Crédit photo : Léa Comyn

Léa Comyn