Compositeur, pianiste de jazz, toujours entre la France et les États-Unis, le musicien triplement oscarisé aurait fêté ses 90 ans ce 24 février. Retour sur la carrière d’un grand Monsieur des musiques de film.

Le 26 janvier 2019, Michel Legrand s’éteignait à Neuilly-Sur-Seine d’une infection pulmonaire, laissant derrière lui un héritage musical que peu d’artistes peuvent se targuer d’avoir. De la musique classique au jazz, de Paris à New-York, Michel Legrand reste majoritairement connu comme un grand compositeur de musiques de films, que ce soit en France avec la Nouvelle vague ou aux États-Unis avec le Nouvel Hollywood. Grand ami de Jacques Demi et Agnès Varda, il fréquentait régulièrement Miles Davis, Ray Charles, John Williams ou encore Michael Jackson.
Demi/Legrand, de Cherbourg à Los Angeles
Le musicien est révélé au grand public grâce à son travail de compositeur dans les films de Jacques Demi, d’abord avec Lola (1960), puis en 1964 c’est la consécration avec Les Parapluies de Cherbourg, qui remporte la Palme d’or. Jacques Demi insiste même pour que Michel Legrand monte sur scène avec lui pour la remise du prix : plus qu’un jubilé, c’est une amitié qui est saluée.
De ce duo naissent des classiques qui ouvrent à Legrand les portes du cinéma américain. Déjà auréolé de ses collaborations avec des grands réalisateurs de l’époque (Jean-Luc Godard, Agnès Varda), le succès des parapluies et des Demoiselles de Rochefort en 1967 lui permet de travailler dans des productions hollywoodiennes. Dès l’année d’après, il reçoit son premier oscar de la meilleure bande originale pour The Windmills of Your Mind, tiré du film L’Affaire Thomas Crown, avec Steve McQueen.
Un jazzman respecté
En plus du cinéma, Michel Legrand développe une grande passion pour le jazz. Dans les années 1950, c’est un genre que ses professeurs de musique classique méprisent, forçant le jeune virtuose à se glisser en douce dans les caves du Saint-Germain des Prés d’après-guerre pour laisser libre court à ses pulsions musicales. Il y rencontre Miles Davis, Boris Vian et tant d’autres figures emblématiques qui le reconnaissent comme l’un des leurs.
Américain d’adoption, il est à l’origine, avec Barbra Streisand, de la bande originale du film Yentl, ainsi que de la chanson « Happy », reprise par Michael Jackson, le roi de la pop étant fan du compositeur français. Il fréquente également John Williams, à l’époque jeune musicien et futur compositeur des films de Steven Spielberg et George Lucas.
Un héritage immense
Plus qu’une grande figure, Michel Legrand est avant tout une source d’inspiration. De Joey Starr à Clara Luciani, beaucoup le reprennent en chanson. Le plus bel hommage reste tout de même la comédie musicale La La Land, de Damien Chazelle, qui a pensé son long métrage comme un fils spirituel aux Parapluies de Cherbourg. Michel Legrand, tel une pierre que l’on jette dans l’eau vive d’un ruisseau, laissant derrière elle des milliers de ronds dans l’eau, aux vents des quatre saisons, aura fait tourner de son nom, tous les moulins de nos cœurs.
KÉVIN CORBEL
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