Véganisme et bien-être animal, au cœur du débat politique ? 

Les Français seraient de plus en plus préoccupés par la cause animale. Alors que l’association L214 multiplie les actions populaires pour gagner en visibilité, le débat politique s’empare peu à peu du sujet. Et la campagne présidentielle 2022 ne peut passer outre. 

Le « Veganuary », le mois à la sauce végan, a enfin tiré sa révérence. Le pari ? 31 jours sans consommer de produits d’origine animale. Ce défi, importé de Grande-Bretagne, a été lancé le 1er janvier par l’association L214. Selon cette association de protection animale, plus de 629 000 personnes éparpillées aux quatre coins du globe auraient participé à cette édition 2022. Jeyan, bénévole à l’antenne de Lille, assure qu’ « il faut agir de toutes les manières possibles pour sensibiliser un large public à la cause animale ». Aurélien, lui aussi militant, ajoute : « C’est une manière de gagner en visibilité pour que les politiciens s’emparent enfin du débat. » 

© KONRAD K/SIPA

Les derniers chiffres du ministère de l’Agriculture, datant de juin 2021, relèvent une baisse de la consommation de viande. En 2019, un Français consommait en moyenne 86kg de viande par an, en 2020, il n’en mangerait plus que 84,5kg. De son côté, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) juge qu’il faudrait consommer 500 grammes de viande par semaine. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande aussi de mettre en place des régimes flexitariens. Pour Aurélien, il y a urgence, les acteurs de la politique française doivent agir et légiférer : « Aujourd’hui, l’État donne des subventions énormes pour la viande qui n’existent pas pour le végétal. Il faut aussi interdire les élevages intensifs, protéger les lanceurs d’alertes, rendre également la nourriture végétale plus accessible dans les collectivités. » 

1 Français sur 2 prêt à voter pour le candidat défendant le bien-être animal 

D’après un sondage IFOP publié en septembre 2021, près d’un électeur sur deux se dit prêt à voter pour celui ou celle qui portera des propositions sur le bien-être animal. Jeyan est persuadée que « si les gens s’emparent concrètement du sujet, il finira bien aux oreilles des candidats ». L’association L214 n’hésite pas à intervenir auprès des élus, et à évaluer l’action des personnalités politiques en fonction de leur engagement en faveur des animaux. Sur le site politiques-animaux.fr, L214 recense chaque prise de position des politiciens sur la question animale, tout en leur attribuant une note sur 20. 

Hélène Thouy, candidate du parti animaliste © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Ainsi pour L214, à quelques mois de l’élection présidentielle, Hélène Thouy, la candidate du parti animaliste ressort en tête du peloton. Elle prône l’abolition de l’élevage intensif, de la chasse, des corridas, des combats de coqs, des delphiniums et même la création d’un ministère de la Condition animale. « L214 commence à avoir des garanties de certains candidats, le parti animaliste met les animaux au centre du débat, mais aura-t-il les parrainages requis pour prétendre à l’Élysée ? », s’inquiète Jeyan. Fabien Roussel, le candidat du parti communiste, fervent défenseur de la chasse et de la pêche à la ligne, ainsi que le Président sortant, Emmanuel Macron, et ses nombreuses promesses avortées, font figure de mauvais élèves. Toutefois, le chef de l’état, même s’il n’est pas encore déclaré candidat, tente de se racheter auprès des défenseurs de la cause animale :  selon un décret paru le 6 février au Journal Officiel, à partir du 31 décembre 2022, le broyage des poussins mâles sera interdit en France. Actuellement, plus de 50 millions de poussins sont tués chaque année dans l’hexagone. 

Marie Chéreau