Gérald Malpart : le catch dans la peau

Vétéran du catch français, Gérald Malpart était l’une des figures du circuit indépendant. Retour sur une époque où les shows de catch avaient lieu tous les week-end dans la région.

À 74 ans, Gérald Malpart se souvient encore de la première fois qu’il est monté sur un ring. Il avait 21 ans, peut être 22 et à l’époque le catch était le divertissement des fêtes foraines. Du Bourreau de Béthune à l’Ange blanc, de véritables stars du catch français performaient dans la région. À cette époque, Gérald Malpart faisait partie du club de lutte de la ville d’Amiens et participait à des compétitions jusqu’à devenir champion de France. Il entrainait même des jeunes lutteurs. Seulement lui, ce qu’il voulait, c’était se produire sur un ring devant un public comme ceux qu’il admirait : 

« À l’époque, les forains prenaient une personne dans le public qui pouvait se mesurer au stars de la lutte. Moi j’avais beau lever la main à chaque événement je n’étais jamais choisi. Jusqu’au jour où j’ai insisté et où on m’a laissé me mesurer à l’un des champions. Là je l’ai baladé pendant tout le match. C’est comme ça que je me suis fait remarquer » sourit-il.

C’est le début d’une belle histoire au cours de laquelle il arborera le nom de l’ « Homme singe » ou encore de l’ « Homme masqué ». Grâce à la lutte, il rencontre sa femme qui deviendra elle-aussi catcheuse.

Ensemble, ils fondent le Catch club amiénois qui se produit dans la région, en Belgique et au Luxembourg. Le succès de la discipline leur permet de réaliser cinquante Galas de catch par an. « Nous n’étions pas des organisateurs, nous étions des prestataires. On se déplaçait avec notre ring dans les villes où nous étions appelés par des maires ou des comités des fêtes » se souvient-il.

De cette époque, Malpart à tout gardé : les coupures publicitaires, les articles dans la presse quotidienne régionale qui parlaient de son équipe composée de dix catcheurs et quatre catcheuses. Aucun d’entre eux ne vivaient du catch, ils avaient tous un travail à côté : 

« Chaque catcheur travaillait avec un contrat sous le titre d’intermittent du spectacle. Pour les couvrir en cas de blessures, je leur conseillais de souscrire à une caisse d’assurance chirurgicale » explique-t-il.

Son club de catch, lui, été régi par loi de 1801 sur les associations. Déjà à l’époque, la discipline souffrait de son statut hybride.

Du catch français à la télévision

Trop « chiqué » pour être considéré comme un sport, trop marginal pour être considéré comme une vraie discipline artistique. Seulement à la différence d’aujourd’hui, le catch bénéficiait d’une audience télévisée. Grâce à la diffusion de match de catch dans la capitale par l’ORTF, la discipline trouvait son public et crée une culture populaire autour de ce sport. Cette dynamique se répercutait sur le catch au niveau local. « Les gens voyaient des publicités qui annonçaient des Galas de catch dans leur ville. Comme ils avaient l’habitude de regarder le catch à la télévision, ils venaient aux événements». Il est catégorique : « Pour que le catch renaisse, il faut qu’il soit de nouveau diffusé ».

Cécilia Leriche