Le 10 mars 1906, il y a 116 ans, une explosion dans une mine de charbon faisait 1 099 victimes. Un drame sans précédent sur près de trois communes de la région du Nord-Pas de Calais. Les travailleurs, nombreux à l’époque sur le site de Courrières se retrouvèrent ensevelis dans les galeries sous une épaisse couche de poussière. Un « coup de poussière » ayant parcouru Billy Montigny, Méricourt et Sallaumines, soit 110 kilomètres.
L’événement, dramatique et aux lourdes conséquences, touche alors les fosses 2, 3 et 4. Une catastrophe dont le nom vient de la compagnie en charge du développement de l’activité dans la région. A l’époque, le bassin minier est un vivier de mines de charbon et la production y est conséquente dès les années 1840.
Le bassin houiller a une qualité de gisement excellente. Et les grisous y sont peu fréquents. Ce qui fait de ce site un lieu sûr et dans le haut du panier des houillères. Le grisou, peur et angoisse de tout mineur, était un gaz inflammable qui explosait au contact de l’air. Composé à 90% de méthane, le grisou était un facteur à ne pas négliger et à contrôler à chaque instant. Quelques jours avant le drame, certains mineurs avaient sonné l’alerte. Une crainte d’une nappe de grisou dans le chantier Lecoeuvre avait attiré la vigilance des ouvriers sur place. Une mise en garde qui n’avait pas été pris en compte par la compagnie.
Et soudain… le drame
Photographes et journalistes s’empressent de venir couvrir le malheur. Sur les lieux, en même temps que les secours. Le cas de la catastrophe de Courrières prend de nombreux accents. Le débat est ouvert et les aides viennent des environs. A ce sujet, des équipes belge et allemande se mettent à la recherche des rescapés. Un terme qui tire son nom de cet événement tragique.
Pour donner suite au drame, la sécurité s’en voit accrue. Le danger entre dans les esprits de tous. Un site voit le jour, un an plus tard à Liévin. Un centre d’expérimentation où sont étudiés les principaux facteurs d’influence. Cependant bien trop peu pour convaincre les « gueules noires » qui redoutent encore pour leur sécurité. Les opérations de secours s’étaient elles-mêmes soldées par 16 morts.
La colère grimpe et les voix s’élèvent
Les appels à la grève se font de plus en plus nombreux à l’époque. C’est ainsi, que près de 50 000 personnes haussent la voix contre les conditions de travail dans le bassin minier. Une colère qui s’accentue et qui prend une autre ampleur le 30 mars de la même année. Treize mineurs sortent de la mine. La population est alors en mesure de prouver qu’il est encore possible de sauver des houilleurs.
Un dernier, portant le total à quatorze est retrouvé le 4 avril, soit trois semaines après le désastre. Tous, seront honorés de la Légion d’honneur et de la médaille d’or du courage. Un « rescapé » de plus. Un mot d’origine picarde qui prend racine lors de cette malheureuse épreuve. Le dictionnaire français se voit doter d’un nouveau terme.
Le pouvoir dans l’obligation d’agir
George Clémenceau, ministre de l’Intérieur, de l’époque essaye de résonner les mineurs en prenant la direction de Lens, pour discuter et entamer les pourparlers. Se heurtant à la réticence et à la recrudescence des grèves, il engage l’armée et la cavalerie pour cesser les débordements. Et doit également faire face aux nombreuses revendications des mineurs à savoir l’amélioration des conditions de sécurité, le respect de la journée de huit heures et l’augmentation des salaires.
Après plusieurs semaines d’affrontements, les mineurs de fond obtiennent gain de cause, l’augmentation des salaires permet une reprise de l’industrie début mai. Mais les grévistes perdent le soutien du grand public. Qui se désolidarisent du mouvement. 70 000 grévistes face à 25 000 forces de l’ordre sonnent le glas de la révolte minière dans le nord de la France. Avec des conséquences sociales et économiques, le « coup de poussière » est l’une des catastrophes minières les plus meurtrières.
Victor Demarcy
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