Des catcheurs du circuit indépendant français nous racontent leur quotidien. Un quotidien bien loin des strass et paillettes des shows de catch à l’américaine.

Avant de se lancer dans le circuit indépendant français, ces catcheurs étaient les enfants du public. Ceux qui, dans les gradins ou devant la télé, regardaient avec admiration et naïveté leur superstar favorite sur le ring. Aujourd’hui, ils passent leur temps sur les routes à courir après un rêve qu’ils ne sont pas certain d’atteindre: vivre de leur passion. Ils s’appellent Vincent, Clément, Mathias et font partie des catcheurs de la scène européenne les plus connus. Ils ont accepté de nous raconter leur quotidien. Un quotidien bien loin des strass et paillettes des shows de catch à l’américaine. Une scène française qui, pour continuer à exister, flirte avec l’illégalité au péril de l’intégrité physique de ceux qui la font vivre.
MB est un catcheur belge, il est tombé amoureux du catch en voyant Ric Flair, pendant un show de la WWE (ndlr : la plus grosse fédération de catch au monde) au Madison Square Garden de New-York. Selon lui, le circuit indépendant c’est surtout une façon de se faire repérer pour s’envoler aux États-Unis:
« Le plus compliqué c’est de trouver un travail qui nous permet de partir tous les week-ends en événement. Du lundi au vendredi, c’est pas la vie de rêve ».
Des performances payées « au black » et pas d’assurance en cas d’accident
« Les non-fans de catch vont vous dire que c’est du chiqué. Moi je vous dit que l’on prend des risques fous pour divertir le public ». SV sait de quoi il parle.
À 28 ans et en 7 ans d’activité, il a eu deux commotions cérébrales et a fait une chute qui aurait bien pu le tuer. Une sorte de saut dans le vide permanent que le catcheur masqué effectue tous les week-ends sans assurance. Pas de reconnaissance légale, pas de protection en cas d’accident… C’est le jeu !
À l’évocation des contrats de travail, il rit :
« Dans le circuit indépendant, il n’y a pas de contrats tout est au black. Le promoteur nous contacte, nous demande nos disponibilités et notre tarif. Le paiement se fait par PayPal. Rien n’est déclaré ».
Pourtant, pour lui qui fait partie des catcheurs les plus populaires de la scène indépendante, les revenus générés par son activité de catcheur peuvent vite grimper :
« Un mauvais mois c’est 500 euros. Un bon mois ça peut monter à 4000 ».
Sauf que pour les autres catcheurs moins populaires, le fonctionnement est le même :
« On est rémunérés en fonction de notre popularité. Un petit catcheur peut très bien faire le même show mais être payé très très peu voire ne pas l’être alors qu’il prend les mêmes risques » poursuit-il.
La souffrance des corps
« Le catch c’est avant tout un spectacle au cours duquel les spectateurs vont scruter votre corps. On veut tous ressembler aux catcheurs américains alors parfois certains choisissent de prendre des raccourcis» raconte SV.
Stéroïdes et médicaments anti-douleurs ne sont pas étrangés au ring :
« On n’en parle pas dans les vestiaires mais on s’en rend compte en voyant des boules de graisses ou des boutons apparaître sur le corps des collègues ».
Cécilia Leriche
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.