Être vegan, un frein social ?

Accompagné de stéréotypes, le mot « vegan » peut parfois effrayer. Ce concept n’est pas forcément bien perçu par la société. On pense par exemple aux actions contre les vitrines des bouchers, aux images sanglantes publiées dans la rue, à toutes les démarches de sensibilisation. Alors comment s’intégrer dans la société lorsque ce combat est si peu apprécié ? Témoignage de Jeyan et Aurélien, vegans et bénévoles dans l’association L214

Cette année 580 000 personnes se sont laissées entrainer dans le défi de manger vegan pendant un mois, le dry January. Une épreuve qui a pu paraître difficile pour certains, mais, selon l’association L214, pour 82% des participants ce fut le déclic. Ce mois de janvier leur a permis de découvrir le veganisme et, pour une partie d’entre eux, diminuer leur consommation de viande sur le long terme.

Devenir végan, ce n’est pas simple, c’est un changement de vie radical qui peut prendre plus de temps que prévu. Jeyan, 24 ans, est vegan depuis 10 ans. Elle n’a plus mangé de viande après le visionnage d’un reportage sur Youtube. Très vite, elle a arrêté la consommation totale de produit de provenance animale. Jeyan fait partie de ceux qui aiment choquer pour sensibiliser, étonnant pour une jeune femme à l’allure innocente. « Il faut choquer les gens. J’aime bien montrer des vidéos un peu trash ou dire les choses clairement, cela marche plutôt bien, les gens comprennent. Mais pour certaines personnes cela marchera mieux les démarches positives. » –déclare-t-elle.

Aurélien, quant à lui, est végan depuis 6 ans. Du haut de ses 29 ans, à l’époque, cela n’était pas facile. C’est un net changement de vie. Il a d’abord pris connaissances de l’impact de l’alimentation sur la santé, puis sur l’environnement. C’est comme cela qu’il est devenu vegan. Aujourd’hui, le grand barbu aux cheveux mi- long a réussi à s’affirmer.

Des difficultés sociales, qui les forcent à resserrer leur cercle

Pour Aurélien, les difficultés se sont fait ressentir dès l’annonce de son nouveau train de vie, Surtout auprès de ses parents. « Je me suis embrouillé avec mes parents pour mon régime alimentaire. Et à chaque étape aussi, ils avaient peur des à priori. » La peur du regard des autres et de la société, prouve le poids des stéréotypes qui se cachent derrière cette pratique. C’est d’ailleurs ce qui a été le plus difficile pour eux, l’adaptation sociale.

Même un plaisir simple, comme aller manger chez quelqu’un, peut être un frein. Demander que son hôte adapte le plat qu’il t’offre peut paraître difficile. Aurélien nous confie : « Socialement ça peut créer des problèmes. Au début je pensais que ça allait être difficile de l’imposer à l’extérieur, mais quand on expliqueles gens comprennent mieux. Ce qui est gênant c’est le fait que les odeurs de la viande aujourd’hui me dérangent et parfois à table cela peut me gêner qu’il y ait de la viande. Alors je demande qu’on puisse s’adapter. »

C’est aussi un frein lorsque nous touchons aux traditions. Pour certains, un plat traditionnel ne doit pas être modifié. S’il y a du fromage, on laisse le fromage. Mais Pour Jeyan, ce n’est pas le cas « Ce n’est jamais mauvais de changer les choses. La corrida c’est cruel et pourtant c’est une tradition, et nous pensons que nous ne devons pas continuer à la pratiquer. L’alimentaire, c’est pareil. » Heureusement, de nombreux restaurants vegan ouvrent leurs portes de nos jours.

Mais avec le temps, Jeyan et Aurélien se sont habitués à leur rythme de vie. Ils se sont également entourés de ceux qui les acceptent, ceux qui tolèrent leur régime alimentaire.
Jeyan affirme : « Le fait d’avoir une personne vegan dans l’entourage cela peut parfois faire réfléchir les proches. Il y a de plus en plus de personnes curieuses, et rien que notre présence va apporter des questionnements et des réponses. »

Aujourd’hui les parents d’Aurélien se sont habitués à son régime alimentaire, ils mangent eux aussi moins de viande. Il faut dire que l’arrivée de sa cousine dans le veganisme a sûrement aidé à changer les choses.

Lucie Boutez