15 mars 44 av-JC : César rend son dernier souffle

« Les ennemis attaquent par devant, donc surveille les amis de près ». Ces phrases du rappeur Ninho n’ont jamais été aussi véridiques, notamment pour l’assassinat de Jules César. C’est sous le portique de Pompée que César rendit son dernier souffle, après avoir essuyé pas moins de 23 coups de couteau. Pourquoi a-t-on assassiné celui qui avait tant fait pour Rome ? Quel avenir pour une puissance qui vient de perdre son maître ? On vous explique.

Jules César, ou Caïus Julius Caesar en latin, est né entre l’année 102 av-JC et l’année 100 av-JC, durant le mois de juillet. Issu d’une famille patricienne très connue au sein de Rome, la famille Iulii, Jules César est dès son jeune âge ambitieux. Il a notamment participé aux différents moments de discorde qui frappaient Rome à l’époque, comme la guerre civile de Rome de 88 av-JC entre les légions de Marius et celles de Scylla. Au fil du temps, Jules César se distingue par ses prouesses militaires et tactiques. Après avoir gagné suffisamment de notoriété au sein de la République romaine, il devient un membre du triumvirat avec Pompée et Crassus en 60 av-JC, puis devient consul en 53 av-JC. N’ayant jamais cessé d’impressionner par ses victoires militaires, il est nommé dictator en 45 av-JC pour une durée de dix ans. Après avoir réformé de fond en comble l’organisation politique, le Sénat décide d’accorder le titre d’impérator à César en 44 av-JC. Il devient alors le dictateur dont nous parlent les livres d’histoires.  

César franchit le Rubicon, peinture sur toile d’Adolphe Yvon (1875) (source: Wikimédia)

11 heures du matin, l’éléphant s’écroule

Alors que Caius Julius Caesar (qui signifie l’éléphant en carthaginois) se trouvait avec le Sénat au sein de la Curia Pompeia, située sur le Champs de Mars, les conjurés ont commencé à entourer l’imperator. A partir de ce moment précis, l’origine de l’agression est partagée entre deux versions. Pour Suétone dans son écrit Vie des douze Césars (121 ap-JC), ce serait Tillius Cimber qui a commencé à agresser l’impérator en saisissant sa toge. En revanche, selon Plutarque dans son écrit Vies parallèles (100-120 ap-JC), ce serait Metellus le premier agresseur.

Quoi qu’il en soit, les deux sources sont unanimes quant à la violence de l’agression. Suétone et Plutarque rapportent tous les deux que César a reçu 23 coups de couteau. Ils rapportent également que César a essayé de se défendre, mais que lui seul face à tant d’ennemis n’avait aucune chance.

The murder of Caesar, peinture sur toile de Karl Theodor von Piloty (1865) (source: Wikimédia)

Une peur de la royauté

César avait tout conquis, il avait vaincu la plupart des ennemis. Il avait étendu la puissance et l’administration romaine au-delà des frontières. Il était vu comme un homme providentiel et juste. Alors pourquoi a-ton mis fin à sa vie de manière aussi brutale ? Que lui reprochait-on ?

Il faut savoir que la Rome antique ne connaissait aucune peur, n’avait aucune faiblesse. Exceptée une seule : le retour de la royauté et de la monarchie.

Avant d’acquérir le statut de République en 509 av-JC, Rome était une monarchie. Le système monarchique de la Rome antique ne se basait pas sur le facteur de l’hérédité, et là est tout le problème. Chaque roi pouvait régner comme bon lui semblait, il n’était pas éduqué par son prédécesseur. La frontière entre la monarchie et la tyrannie était alors très infime. La possibilité d’un changement brutal de régime inspira Polybe, qui mit en place sa théorie politique qui a pour nom l’anacyclose. Cette dernière nous explique que de la monarchie découle la tyrannie, pour ensuite laisser place à l’aristocratie qui se transforme en oligarchie. De cette oligarchie apparait la démocratie, qui au fil du temps se dégrade pour devenir une ochlocratie. Dans ce chaos sort une personne capable de guider le peuple égaré, ainsi renait la monarchie et donc, un nouveau cycle.

Vidéo explicative de l’anacyclose de Polybe (source: Histoire d’apprendre / YouTube)

Rome devient une République en 509 av-JC, pour quelle raison ?  Pour mettre fin à la tyrannie mise en place par Tarquin le Superbe. Descendant de Tarquin l’Ancien et gendre du roi étrusque Servius Tullius, Tarquin le Superbe a mis en place un règne de terreur, où des sénateurs sont assassinés et des abus sexuels commis. Les patriciens, donc les familles nobles de Rome, se révoltent et bannissent Tarquin et les siens. Ainsi la République est proclamée, la lumière revient sur Rome.

Cet épisode de l’histoire a alors plongé Rome dans un doute perpétuel. Elle prend peur lorsqu’une personne rassemble trop de pouvoir en sa main. César a été nommé imperator, une fonction à vie. Les sénateurs et opposants à César prirent peur du retour de la royauté.

Un acte qui plongea Rome dans une période de troubles

Les assassins pensaient qu’en assassinant César, ils sauveraient la République. Mais c’est l’inverse qui s’est produit. La plèbe n’a pas du tout apprécié cet assassinat. Si la disparition de César avantageait ceux qui souhaitaient sa mort, ils ne restaient qu’une minorité.

Le petit neveu de César et fils adoptif, Octavien, entreprit de venger la mort de l’imperator et récupérer son héritage. Cette volonté va à l’opposé de Marc Antoine, le consul qui voulait réinstaurer la paix au sein de Rome. De cette discorde nait la première guerre civile entre les deux hommes, la guerre civile de Modène (43 av-JC), une année après l’assassinat de l’impérator. S’en suit alors la proclamation de mise à mort de l’entièreté des assassins de César. Une vengeance personnelle et à la fois un nettoyage de grande envergure pour Octavien.

Les tensions et les guerres entre Octavien et Marc Antoine ont continué pendant près de 10 années. Ce fut au cours de ce que les historiens appellent « La guerre civile entre Octavien et Antoine » entre 32 et 30 av-JC, que Octavien l’emporta définitivement sur Marc Antoine. Avec des légions entières sous son commandement et les pleins pouvoirs rassemblés, accordés par le Sénat qui jugeait Marc Antoine comme une menace, Octavien était devenu l’homme le plus puissant de Rome.

Ces pouvoirs, il décida de les rendre au Sénat, estimant que le calme était revenu au sein de Rome. Mais les sénateurs en ont décidé autrement et lui accordèrent les pleins pouvoirs pour une durée de 10 ans.

Mécène présentant les arts à Auguste, peinture sur toile de Giovanni Battista Tiepolo (1743) (source: GEO)

Octavien en 27 av-JC devint Auguste. Reconnu comme étant le « Prince du Sénat » (princeps), il devient alors le premier empereur de Rome. Finalement, César s’est imposé. Il n’était plus certes vivant, mais son fils adoptif avait réussi là ou lui avait échoué : mettre tout le monde sous son aile.

Romain LESOURD