Vendredi 11 mars, 18h30 : un millier de personnes prend place au sein de la salle des sports de Bouchain (59) pour voir et écouter la candidate à l’élection présidentielle. Accompagnée par le maire d’Hénin Beaumont et vice-président du RN Steeve Briois, ainsi que du conseiller régional des Hauts de France Sébastien Chenu, Marine le Pen est revenue sur son programme. Un programme divisé en trois parties, toutes acclamées par une foule en liesse.

Un programme patriote qui prône l’union française

« A celui qui n’a rien, la patrie est son seul bien ». C’est en reprenant les termes de Jean Jaurès que la présidente du Rassemblement National a commencé la présentation de sa première partie de son programme. Une première partie qui présente la nécessité de rassembler les Français : « Être patriote, c’est tout mettre en œuvre pour rassembler les Français ! ». Une union qui selon elle saura être indivisible et indéfectible lorsqu’elle sera mise en place.

Être patriote selon Marine le Pen, c’est aussi de ne plus laisser les entreprises françaises en proie au rachat ou à la délocalisation. Un point important de son programme qu’elle n’a pas oublié de mentionner : « Nous avons perdu beaucoup trop d’entreprises : Alstom, STX France… Il ne faut plus que cela se reproduise. Il ne faut plus que nos jeunes entrepreneurs quittent le pays de peur de ne pas réussir ». C’est pourquoi Marine le Pen souhaite mettre en place la suppression de l’impôt sur les sociétés pour les moins de 30 ans, pendant les 5 premières années.

La jeunesse, le fer de lance du programme 2022

« La jeunesse représente l’avenir de la France, il faut que les jeunes puissent construire leur vie ! Nous devons les aider à se préparer dans les meilleures conditions ». Pour aider la jeunesse, la candidate a visé de nombreux secteurs.

Pour ce qui est du domaine financier, Marine le Pen souhaite exonérer d’impôt sur le revenu toutes les personnes âgées de moins de 30 ans. Pour ce qui est des étudiants, elle estime que « ceux qui font l’effort doivent être récompensés ». Elle propose de mettre en place une augmentation du salaire de 20% pour les étudiants salariés.

Question transport, l’intention de la candidate est simple : permettre aux jeunes de ne plus se ruiner lorsque ces derniers se déplacent. Pour les aider, Marine le Pen entend mettre en place une totale gratuité des transports pour les moins de 25 ans. « Ce sera l’occasion pour vous de vous déplacer sans penser au budget, l’occasion pour vous d’aller ou bon vous semble que ce soit pour les études ou votre plaisir personnel ! » Une phrase largement applaudie par l’assemblée.

Face à la « fédéralisation programmée » de l’UE : l’Alliance des Nations

La sortie de l’Union européenne n’est plus le mantra du Rassemblement National. Marine le Pen a fait le constat qu’elle ne sera jamais élue en prônant le « Frexit ». Une réforme de l’Union, dont la teneur reste pour l’instant vague, est désormais avancée.

Elle compte profiter de la présidence française du Conseil de l’Union européenne pour initier une révision des traités européens afin de recouvrer des compétences qu’elle juge essentielles pour la sauvegarde de la souveraineté française en matière commerciale et industrielle. En clair, il s’agit de rendre une certaine marge de manœuvre aux Etats.

L’Europe des Nations, surnommée « l’Alliance des Nations » par Marine Le Pen, ressemblera donc davantage à ce qu’elle était du temps du général De Gaulle avec la Communauté économique européenne, c’est à dire une simple association d’Etats dont les échanges commerciaux seront favorisés entre membres sans pour autant oublier d’accorder en toutes circonstances une préférence pour les produits français. C’est donc aussi une part de la « politique localiste » prônée par la candidate d’extrême-droite. C’est aussi, un rappel de ce qui compte pour la droite du spectre politique : face à une mondialisation déracinante, l’important, ce sont les racines, la famille, sa région et son pays.

La France et son « rôle traditionnel d’équilibre entre les puissances« 

Sur un discours essentiellement consacré aux problèmes sociaux et économiques, sans oublier d’évoquer l’immigration, Marine le Pen a évoqué rapidement les contours de ce que serait la politique extérieure de la France.

« Face à l’alignement atlantiste de Macron » qu’elle condamne, la candidate du Rassemblement National prône un retour à un rôle d’équilibre de la France, de fait incompatible avec le maintien de la France au sein du commandement intégré de l’organisation atlantique (OTAN). Au-delà, Marine le Pen n’a pas évoqué ce que serait précisément le « rôle d’équilibre » de la France dans une guerre dont il est évident aux yeux de l’opinion publique que la Russie est l’agresseur et l’Ukraine l’agressée.

Un discours visant à attirer les classes populaires

En déplacement en milieu rural, la candidate du Rassemblement national n’oublie pas de rassurer ses potentiels électeurs en évoquant la préoccupation du moment : la hausse des prix de l’énergie et plus particulièrement de l’essence. « La baisse du prix de l’énergie est très urgente, je la considère comme un produit de première nécessité. L’énergie est le sang dans les veines du pays ! » scande Marine Le Pen sous les applaudissements. La candidate propose d’abaisser la TVA à 5,5% sur le fioul, le gaz, l’électricité et le carburant dès le début de son mandat tout en promettant de demander dans les semaines de campagne qui viennent une enquête pour « faire la lumière sur ces hausses de prix » et s’assurer qu’elles ne découlent pas d’une volonté de profiter de la situation en Ukraine pour s’enrichir.

Marine Le Pen met également l’accent sur sa volonté d’accompagner davantage les jeunes dans la recherche d’un emploi, en rappelant le taux de chômage élevé de la commune de Bouchain. Elle promet aussi de revaloriser les retraites et d’abaisser le poids des cotisations et des loyers en prenant de l’argent ailleurs : la privatisation de l’audiovisuel public est évoquée, rappelant les critiques de la candidate envers les « médias dominants » qui seraient contre elle et qu’elle cherche donc à déconstruire.

Une candidate déjà dans une campagne de second tour

De tous les autres candidats aux présidentielles, Marine Le Pen n’en évoque qu’un : Emmanuel Macron. La leader Rassemblement national compte bien installer dans les esprits la mise en place d’un remake du duel de 2017. Citant la crise en Ukraine, elle fustige le président de la République, lui reprochant son « alignement atlantiste », bien loin d’un traditionnel rôle de régulateur des puissances que devrait tenir la France selon ses dires.

Elle reproche également à Emmanuel Macron de vouloir « diluer et diffamer une France dépositaire de siècles d’histoire et d’influence sur le monde au profit d’une idéologie européiste ». Elle estime qu’Emmanuel Macron méprise la volonté des peuples européens.

En s’attaquant à M. Macron et « son oligarchie », Marine Le Pen se met en scène comme la seule capable de le battre. Certaines de ses affiches reprennent même des photos de l’actuel locataire de l’Élysée, avec le #SansLui.

Acclamés à de nombreuses reprises dans la salle des sports, Marine Le Pen et ses conseillers ont rappelé au public l’importance d’aller voter et de leur faire confiance. Un acte qui selon eux, pourrait remettre la France sur les rails.

Romain LESOURD / Antoine BEGHIN / Kévin CORBEL