Sur la terre, dans les airs et sur la mer, la Russie ne se limite pas à un seul terrain d’offensive pour attaquer l’Ukraine. Entre toutes ses troupes déployées sur le terrain physique, la guerre russo-ukrainienne se poursuit aussi à un autre endroit : Internet. Plusieurs groupes et personnalités indépendantes sur le Web se sont alliés à l’un des deux camps pour soutenir et déjouer la partie adverse.
Depuis la déclaration de l’entrée en guerre de la Russie par Vladimir Poutine le 24 février, l’Ukraine a subi de nombreuses attaques virtuelles qui ont endommagé ses réseaux stratégiques.
Une heure seulement après le discours d’une « opération militaire spéciale » en Ukraine, la transmission du réseau de satellites ViaSat qui couvre une partie de l’Europe et de l’Ukraine a été coupée et des dizaines de milliers d’abonnés ont perdu leur accès à internet pendant quelques heures.


2ème photo : Capture d’écran du site hors-service du ministère de la Défense ukrainien du 25 février 2022
Le lendemain, les autorités ukrainiennes alertent sur l’intensification des attaques : plusieurs sites gouvernementaux comme celui du ministère de la Défense, des Affaires étrangères et de l’Intérieur mais aussi des banques ont été ciblés par des attaques de type DDOS (Distributed Denial Of Service Attack), des « attaques de déni de service ». Une attaque DDOS consiste à cibler un ou plusieurs sites internet, en lui envoyant des centaines de milliers de requêtes de connexions pour le mettre hors service.
En réaction à cette mise hors service de sites ukrainiens, le Premier ministre du pays, Mykhailo Fedorov, a appelé sur Twitter tous les hackers du monde entier à venir l’aider pour créer l’ « IT army », une armée digitale qui regroupe aujourd’hui 260 000 hackers environ pour aider l’Ukraine à contrecarrer les attaques de la Russie et se défendre.
Peu de temps après, le collectif de hackers anonyme Anonymous a annoncé dans un tweet soutenir le président ukrainien Volodymir Zelenski dans sa lutte contre le pays de Vladimir Poutine. Le même jour, le collectif de hacktivistes a déclaré avoir fait planter plus de 1500 sites russes et biélorusses dont le site officiel du Kremlin. Anonymous a aussi réussi à pirater plusieurs chaînes de télévision russes comme Russia 24, Channel One et Moscow 24 pour y diffuser des images de la guerre en Ukraine et des conséquences au sein du pays.
Des alliances ukrainiennes tactiques
Grâce à ces ralliements du côté ukrainien, le groupe de cybercriminels russe Conti qui avait installé sur plusieurs centaines de machines ukrainiennes un « effaceur de données » du nom de Hermetic Wipper est tombé. Hermetic Wipper était un logiciel qui permettait de supprimer les fichiers d’un ordinateur ou les données d’un site. Ce groupe qui dépendrait des services secrets russes, a subi une nouvelle fuite de données qui a mené à sa chute : plus de 60 000 messages internes ont été diffusés sur Internet ainsi que le code source de certains de leurs outils malveillants. Conti a par la suite été contraint de se dissoudre et de détruire son infrastructure interne.
Risque de coupure mondiale de l’Internet ?
À l’international, les prises de position et les sanctions vis-à-vis de la Russie sont mesurées. Pour cause ? Le risque de l’utilisation de la bombe nucléaire. Le président Vladimir Poutine a prévenu : « tous ceux qui tenteraient d’interférer avec la Russie, la réponse sera immédiate et conduira à des conséquences encore jamais connues ».
Mais sur Internet, un risque d’une autre ampleur est perceptible : la coupure du réseau mondial. À travers le monde, la connexion à Internet est assuré à 90% par des câbles sous-marins qui relient les pays entre eux. Si ces câbles venaient à être sectionnés, les conséquences économiques pourraient être désastreuses pour de nombreux milieux comme les banques, les investisseurs, mais aussi les plateformes de réseaux sociaux et d’information.

Un scénario qui s’était déjà produit auparavant : en 2014, lors de l’annexion de la Crimée par la Russie, des câbles sous-marins avaient été endommagés et cette action avait causé de nombreuses coupures de courant dans le pays, sans preuve que la Russie en soit à l’origine.
Comme la majorité des pays européens, dont la France, dépendent de serveurs américains, si la liaison venait à être rompue entre ces deux continents, la structure interne des entreprises pourrait aussi être endommagée, de même pour certains professionnels et particuliers qui n’auraient plus accès à leurs données.
Alizé Lorion
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