Entre fêtes et désastres, le football a connu de véritables tragédies à travers les supporters, les pays, les compétitions et les stades. Engouement populaire par excellence, le ballon rond est au centre de la société. Une addiction pour certains, un endroit où exprimer ses sentiments pour d’autres, un cauchemar pour des centaines de victimes. Retour sur les plus épouvantables drames dans l’histoire du football.
Tragédie de l’Estadio Nacional (Pérou) : 24 mai 1964
C’est le drame le plus meurtrier de l’histoire du ballon rond. Le match est une préparation à un tournoi olympique entre deux équipes amateurs. D’un côté le Pérou à domicile et l’Argentine. Le contexte politique est délicat, instable même. Le pays est une démocratie depuis presque un an et le pouvoir se retrouve face à la colère de tout un pays à l’encontre des forces de l’ordre.
Un coup de sifflet aux lourdes conséquences
« Si j’avais su que 300 personnes allaient mourir, j’aurais validé le but et abandonné l’arbitrage dans la foulée ». L’Uruguayen Angel Eduardo Pazos, est le déclencheur de ce bain de sang. A la 88ème minute, il refuse un but au Pérou après un geste dangereux de l’attaquant de la Blanquirroja. Les 47 000 spectateurs voient leur joie se transformer en rage. Il reste alors 2 mn à jouer, mais ce petit temps imparti ne sera jamais disputé. La pelouse est envahie. Les sièges, bouteilles et pierres deviennent des armes. C’est alors que la police intervient. Un recadrage violent, bien trop brutal et aux lourdes répercutions.

Face à ce mouvement de foule, la police décide d’utiliser les armes à feu. Dans la panique générale, il ne faudra que quelques minutes pour voir apparaître les dégâts. Des morts, une ville à feu et à sang. Un sentiment de peur, l’horreur est là, et la tragédie de l’Estadio Nacional entre dans l’histoire…
Le chaos à Accra (Ghana) : 9 mai 2001
Le football africain a, par plusieurs drames, connu des pages noires. C’est le cas le 9 mai 2001 alors que les Hearts of Oaks d’Accra et l’Asante Kotoko de Kumasi s’affrontent lors d’un clasico aux allures de choc. Mais le derby a commencé à tourner au cauchemar après que les supporters de l’Asante se soient mis à arracher les sièges pour les jeter sur le terrain. Si l’après-midi avait pourtant bien commencé pour les visiteurs, leur équipe a rapidement sombré. L’Asante menait au score avant de se faire rejoindre, puis à son tour a été menée au score. L’ire des spectateurs a entraîné en réplique le jet de grenades lacrymogènes des forces de l’ordre. La foule, paniquée et inquiète, tente alors de quitter l’enceinte mais se retrouve bloquée face aux barrières. C’est alors qu’un mouvement de foule provoque le piétinement et l’asphyxie de 126 personnes et fait de nombreux blessés. Faisant ainsi que ce 9 mai, le drame le plus meurtrier qu’ait connu le football africain.Une statue, en hommage aux victimes, est érigée à l’entrée du stade d’Accra avec l’inscription : « Je suis le gardien de mon frère ».
Un clasico qui porte malheur
Seize années plus tard, la douleur est encore présente et l’événement est dans chacun des esprits. Mais en 2017, trois jours avant un nouveau derby entre les deux plus grandes villes du pays, le bus d’Asante percute un camion à l’arrêt. Le bilan fait état d’un mort et de 37 blessés parmi lesquels figurent l’entraîneur et sept joueurs. Un accident qui replonge les deux équipes dans des heures sombres de leur histoire commune. Une rivalité historique, marquée par le chagrin, une fois de plus.
Heysel, une finale qui tourne mal (Bruxelles) : mai 1985
Le football se nourrit de rivalités, sur et en dehors du terrain. Mais cette fois-ci, les supporters de Liverpool et de la Juventus sont allés trop loin. Le conflit à l’origine de la mort de 39 personnes prend racine un an plus tôt alors que Liverpool affronte l’AS Roma. Les supporters anglais sont alors pris à partie par les supporters italiens dans les rues. Un sentiment de vengeance anime les supporters des « Reds ».
Une faille de sécurité et une mauvaise organisation
Mais si l’avant match se passe sans encombre, l’arrivée des supporters dans les tribunes lance le début des hostilités. Un drapeau italien est tout d’abord brûlé, avant qu’une fusée ne soit envoyée en direction des tifosis de la Vieille Dame. Une provocation de la part des Anglais qui lance les heurts. Situés dans la même tribune (une incohérence totale), les supporters en viennent rapidement aux mains. Les échanges sont d’une rare violence. Une catastrophe loin d’être inévitable. A la suite de ce tragique événement, les représentants du football s’étaient réunis pour éviter ce genre d’incident en plaidant un « supporter idéal ». Encore au centre des débats aujourd’hui.
Mouvement de foule à Hillsborough : 15 avril 1989
Une bousculade, et tout bascule. A Sheffield, au stade d’Hillsborough, la rencontre tombe en plein chaos. Quatre ans après le débordement du stade du Heysel, on retrouve une nouvelle fois les supporters de Liverpool. De véritables terreurs, leur réputation est estimée comme la pire dans le football. Mais ce temps est dépassé, les hooligans se sont assagis. Le club a opté pour un tri important et des sanctions strictes. Les brutes alcoolisées et déchaînées ont laissé place aux familles et supporters plus respectueux.

Une organisation submergée par la marée rouge
Il est 15 heures, le match est lancé mais Hillsborough sonne creux. Les supporters de Liverpool sont bloqués dans les bouchons. Dès leur arrivée, les stadiers sont dans l’incapacité de gérer la foule trop nombreuse. C’est alors que les vannes s’ouvrent, laissant passer la foule sans contrôle des billets. Un entassement qui pousse les premiers rangs vers les barrières en bord de pelouse. Un entassement, aux lourdes conséquences. 94 personnes perdent la vie et 766 blessés sont dénombrés dans la foulée. Quatre jours plus tard, Lee Nicol succombe de ses blessures à 14 ans. Tony Bland sera la 96ème victime en 1993. Et 32 ans après le plus grand drame britannique de football, une 97ème personne décède, en 2021.
Effondrement d’une tribune à Furiani (Corse) : 5 mai 1992
A l’occasion d’une demi-finale de la Coupe de France entre Bastia et Marseille, la Corse est meurtrie dans sa chair. Peu avant le début du coup d’envoi, une tribune provisoire du stade Armand-Cesari s’effondre. Montée à la hâte quelques jours avant la rencontre, les conditions de sécurité n’étaient pas remplies. Le drame fait 18 morts et 2 357 blessés, c’est l’incident le plus meurtrier sur le sol français. Conséquences, certains responsables sont condamnés à des peines de prison ferme à l’occasion d’un procès en 1995.

Un long combat juridique
Pour donner suite à cette tragédie, le 5 mai est une journée sans football professionnel ni amateur. Un jour de commémoration du drame de Furiani rentre à présent au Parlement. Plusieurs années de débats et de volontés ont été nécessaires pour que ce jour soit reconnu par le Collectif des victimes. Un combat gagné par ces derniers. Une décision actée 30 ans après en 2021, un hommage pour les nombreuses victimes qui retrace une journée noire dans l’histoire du foot français.
Victor Demarcy
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