Bientôt une afro-américaine progressiste à la Cour suprême américaine ?

Fin février, le juge progressiste de la Cour suprême américaine, Stephen Breyer, a annoncé prendre sa retraite d’ici l’été. Afin de le remplacer, Joe Biden a nommé la juge progressiste, Ketanji Brown Jackson.

Après 28 ans à la tête de la Cour, le juge progressiste nommé en 1994 par Bill Clinton tire sa révérence. Comme le système américain l’oblige, c’est au président lui-même de nommer le prochain, ensuite, ce dernier doit être validé par le Sénat. Par cette nomination, Joe Biden tient sa promesse de campagne, de nommer une juge afro-américaine, Ketanji Brown Jackson. 

Une carrière

C’est une femme de 51 ans, afro-américaine et brillante. Née en Floride de parents enseignants puis avocats, elle se tourne également vers le juridique. Après l’obtention de son diplôme au Harvard College en 1992, elle effectue trois stages à la Cour suprême américaine, notamment aux côtés du juge Stephen Breyer, qu’elle pourrait remplacer prochainement. Elle côtoie aussi les cabinets d’avocats privés. En 2012, Barack Obama l’a nommée juge fédérale à Washington. 

Une institution orientée conservateur 

Fondée en 1789, la Cour suprême américaine est la plus haute institution judiciaire américaine. Elle joue un rôle crucial en tranchant les importants débats de société aux États-Unis et veille à la constitutionnalité des lois. Par exemple, c’est la Cour qui a ordonné la fin de la ségrégation raciale dans les écoles en 1954 et c‘est cette même institution qui ne s’est pas opposée à la loi qui rend l’avortement presque impossible au Texas. 

Nommés juges à vie, leur nomination est rare et cruciale. Pourtant, lors du mandat de Donald Trump — 2017-2021 — ce dernier a pu nommer 3 juges (sur 9 au total) dont la dernière en date, Amy Coney Barrett, conservatrice qui avait remplacé la juge progressiste Ruth Bader Ginsburg. Ces trois nominations par Donald Trump ont ancré la Cour dans un conservatisme le plus important depuis des décennies.

Cour suprême américaine – @AP

Quelles conséquences ? 

Certains comme Dan Kobil, professeur de droit de la Capital University pense que la départ à la retraite de Stephen Breyer est stratégique. Il disait l’an dernier à The Hill « je suis sûr que Breyer réalise combien la non retraite de la juge Ginsburg — qui est décédée pendant le mandat de Donald Trump — fut un coup dur porté à la possibilité d’avoir une cour suprême ne serait-ce que modérément progressiste ». D’où l’importance de partir à la retraite lors d’un mandat démocrate, comme l’est celui de Joe Biden. 

En cas de confirmation du Sénat, la nomination de Ketanji Brown Jackson ne changera pas le rapport de force de la Cour actuelle. Néanmoins, sa nomination est non seulement un symbole fort notamment pour la communauté afro-américaine, mais, par son âge relativement jeune, Joe Biden compte figer un siège démocrate pour longtemps à la Cour.

Ketanji Brown Jackson – @AFP

Honorine SOTO