Comment le conseil de nuit lutte contre l’insécurité à Lille ?

Suite aux multiples échos des événements dans plusieurs rues animées, la mairie de Lille a décidé d’agir pour mettre fin à ce climat nocturne menaçant, en créant un conseil de la nuit.

Rue Masséna ou rue Solférino, Martine Aubry considère très sérieusement la situation de ces rues connues pour la fête. Depuis des années, la rue collectionne les faits divers liés à l’insécurité du quartier. Une insécurité particulièrement en hausse depuis la rentrée scolaire 2021. Des vols de portefeuilles, de sac à dos ou encore de colliers, des agressions, des violences, l’utilisation de drogues, le tout entouré par une hyper-alcoolisation massive. Cette insécurité prend des dimensions inquiétantes. En septembre 2021, un homme a reçu deux coups de couteaux dans la rue Solférino. Les témoignages de personnes se sentant en insécurité dans les alentours se multiplient et de nombreux étudiants ne veulent plus fréquenter la rue de la soif.

En fin d’année 2021, la maire de Lille a décidé de renforcer le nombre de policiers sur place. Mais surtout, un conseil de la nuit a vu le jour. La création de cette instance participative a pour but « de favoriser une vie nocturne apaisée, en associant l’ensemble des acteurs à la recherche de solutions efficaces et partagées et aussi d’améliorer l’équilibre entre la vie nocturne et les débordements qu’elle peut engendrer, la tranquillité des habitants et l’activité économique des établissements de cette branche professionnelle », résume la ville de Lille sur son site. Ce projet a été longuement discuté et il a officiellement été mis en place le 29 novembre.

Comment s’organise-t-il ? 

Avec comme objectif de calmer les tensions lilloises la nuit, il regroupe les différentes personnes concernées : les riverains, les noctambules, les bars, les restaurants, les boîtes de nuit. Ils sont logiquement accompagnés de membres de la mairie et des services de la ville pour discuter et mettre en place des plans concrets pour améliorer la situation. Lors de sa réunion annuelle, les projets du conseil de la nuit se divisent en cinq axes déjà listés : la régulation de la vie nocturne, la conciliation, l’attractivité, la lutte contre les discriminations et le harcèlement, et enfin la santé. Toutes ces thématiques rejoignent les enjeux de Masséna-Solférino, où elles doivent être encadrées pour lutter contre l’insécurité. Enfin, le conseil de la nuit a également comme objectif de rédiger une nouvelle charte de la vie nocturne.

Une instance à l’écoute des Lillois

Pour mener à bien sa mission, la mairie a pris des dispositions pour avoir l’opinion de la population. Ainsi, tout le monde peut suggérer une idée pour améliorer la vie nocturne lilloise, grâce à une adresse mail conseildelanuit@mairie-lille.fr. En parallèle, la mairie propose aussi un contact aux victimes d’agression pour adresser leurs témoignages et en apportant un suivi aux personnes concernées. La ville se sert de ces exemples pour analyser la situation et faire en sorte qu’elle ne se reproduise plus. A l’image de cette rentrée où la « drogue du violeur » a été massivement utilisée, la ville a acheté en conséquence 2000 protège-verres anti-drogue à une entreprise lilloise, qui ont été distribués à des bars et à des discothèques. Si ces initiatives ont été prises en fin d’année, les résultats sont déjà au rendez-vous. Depuis la réouverture des discothèques en février, l’insécurité à Lille a nettement diminué dans le quartier Masséna-Solférino.

Louis Havet