« Brisons le silence » avec les étudiants d’ILIS

Ce dimanche la salle des fêtes de Saint-André-lez-Lille accueillait Fam’Ilis, un groupe de 8 étudiants de la faculté ingénierie et management de la santé de Lille. Ensemble ils ont décidé de lever l’omerta des violences conjugales en montant leur propre pièce de théâtre, à la fois touchante et lourde de sens et sobrement intitulée « Brisons le silence ».

A l’origine de la pièce, un projet philanthropique

Ils s’appellent Louise, Guillaume, Chloé, Hiba, Céleste, Manon, Sarah et Marion et ont la petite vingtaine. Alors qu’ils doivent trouver un sujet pour un projet philanthropique, l’idée leur vient assez rapidement de parler des violences conjugales. « C’est un sujet qui touche tout le monde. Tout le monde connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui est concerné… et puis c’est un sujet d’actualité » confient-ils. Ils se lancent alors tous les 8 dans l’écriture d’une pièce, pour sensibiliser le public à cet enjeu de société.

Des mots forts

Briser le silence. Voilà leur unique objectif. Alors quoi de mieux que la scène, le seul endroit où la parole est action ? C’est ainsi que pendant presque une heure, le petit groupe a enchaîné les saynètes où tous les profils se sont rencontrés. Les premiers monologues se construisent comme des témoignages, c’est ainsi qu’à tour de rôle nous entendons des récits de vie poignants. Une sœur raconte le féminicide de celle qu’elle n’a pas pu sauver des coups de son mari, une jeune femme explique comment elle a été mariée de force à un homme violent, une mère parle des années passées sous l’emprise de son mari et enfin un jeune homme raconte son quotidien d’homme battu. La force de ces récits tient aux ressorts psychologiques qu’ils mettent en exergue et qui sont au cœur des violences conjugales comme l’isolement, le dénigrement, la manipulation, l’emprise psychologique, la surveillance, la jalousie maladive et évidemment, les coups.

Des gestes simples

La pièce s’est poursuivie avec un « théâtre forum » où les apprentis comédiens ont posé des questions au public. Des questions pour apprendre les gestes essentiels et les numéros d’urgence pour permettre aux témoins de violences conjugales de réagir au mieux et le plus rapidement possible. La mise en place de nom de code comme « ombrelle », le 3919 le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences ou encore le signe du poing fermé pour alerter discrètement d’une situation de violence sont autant de dispositifs essentiels qui ont été rappelés lors de cet échange. Un rappel jugé essentiel pour ces jeunes étudiants en santé, conscients que les violences conjugales portent atteinte à la santé physique mais aussi et surtout, à la santé mentale des victimes.

Crédit: Salut Bonjour

Un message d’espoir

La peur doit changer de camp. Voilà comment la pièce de Fam’Ilis aurait pu être résumée en quelques mots. Car en s’adressant à celles et ceux qui n’osent pas parler, ce groupe d’amis a surtout voulu apporter un message d’espoir aux victimes. C’est ainsi qu’une autre petite scène racontait l’histoire d’une femme qui attendait son procès. Un procès qui faisait suite à la blessure mortelle qu’elle avait portée à son conjoint alors qu’elle tentait de se défendre après le énième coup. La pièce la montre cinq ans après le procès, heureuse et épanouie après avoir été acquittée. Les jeunes comédiennes en ont d’ailleurs profité pour rappeler l’importance du rôle des associations dans l’aide apportée aux victimes de violence conjugale, mais aussi de la famille et des amis.

Des récits de vie qui résonnent lourdement mais une pièce importante qui soulève un enjeu de santé publique. Selon les chiffres du gouvernement, en moyenne chaque année 94 000 femmes sont victimes de viols ou de tentatives de viols. En 2020, 102 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire.

 La pièce s’est achevée en musique sur les mots de Camille Lellouche avec sa chanson « N’insiste pas. »

« N’insiste pas, j’ai plus confiance, j’arrive plus à te pardonner. J’ai trop souffert et ta violence a fini par me briser.  […] N’insiste pas, tout est terminé. Tu m’as juré, tu m’as cassé la gueule. T’as dis que tu m’aimais, tu m’as cassé la gueule. »

Fleur Tirloy