Lutte ouvrière pour des « États-Unis socialistes d’Europe »

Lutte ouvrière, représenté par Nathalie Arthaud dans les élections présidentielles 2022, propose un programme largement orienté sur l’interne. Or, dans le contexte actuel de la guerre en Ukraine, en passant par la question européenne, le parti trotskiste ne peut rester de côté. Qu’en est-il de sa politique étrangère ? Décryptage
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L’invasion russe de l’Ukraine a sans doute bouleversé l’ensemble du continent européen et provoqué de nombreuses discussions sur son futur. Le président sortant, Emmanuel Macron, s’est engagé dans les dialogues entre les deux belligérants, alors que l’UE a envoyé de l’aide humanitaire, financière et militaire en Ukraine. La position européenne est claire : un soutien « sans équivoque » à Volodymir Zelensky et son peuple. Peu importe le candidat élu pour le prochain quinquennat, il ou elle devra s’exprimer sur la question.

Comme les représentants de tous les autres partis, Nathalie Arthaud juge la guerre en Ukraine comme un acte « criminel » de la part de Poutine et de son gouvernement. Or, pour la trotskiste, la Russie n’est pas la seule coupable. Arthaud nuance : la responsabilité repose autant sur les épaules de l’Occident et de l’OTAN que sur le Kremlin.

Dans une interview téléphonique, Éric Pecqueur, son porte-parole régional, explique : « C’est Poutine qui a mis le feu aux poudres. Mais ceux qui ont placé les poudres depuis une trentaine d’années, c’est l’OTAN, les États-Unis, avec derrière l’Europe. Avec la dislocation de l’URSS, l’OTAN s’est retenue et a avancé ses pions partout en Europe, alors les responsabilités sont partagées. L’OTAN, c’est un organisme de guerre. »

Mais à la question « La France devrait-elle quitter l’organisation politico-militaire ? », il répond que cela ne changera pas grand-chose. Le coupable c’est la « politique d’unité nationale autour du gouvernement, qui est en réalité la préparation d’opinion à des futures guerres et peut-être à l’élargissement de la guerre en Ukraine« .

Nathalie s’oppose donc à l’envoi des armes en Ukraine, ainsi qu’aux sanctions économiques contre la Russie, car leur principale victime serait la population. A contrario, elle prône le soutien moral aux Russes et aux Ukrainiens pour qu’ils puissent amorcer une révolution et « mettre fin aux guerres et renverser le capitalisme » [Pecqueur].

Une Europe « véritablement unie et fraternelle »

Nathalie Arthaud défend la « disparition des frontières ». Cela comprend l’accueil de tous les réfugiés, peu importe leurs origines. Avec une politique qu’elle qualifie d’« internationaliste », la candidate trotskiste envisage « les États-Unis socialistes d’Europe » pour le futur du continent. Mais il ne s’agit pas ici d’une Europe fédérale avec une constitution. » Toujours dans l’esprit anticapitaliste et anti-chauviniste, elle parle ici de sa lutte contre les mouvements nationalistes, qui, selon Arthaud, cherchent à morceler l’Europe, voire à déclencher de nouveaux conflits entre ses différents États.

Cependant, selon son porte-parole, cela ne signifie pas qu’il faut laisser adhérer les pays comme l’Ukraine, la Géorgie ou encore la Moldavie dans l’UE. M. Pecqueur soutient que ce n’est pas en rentrant dans l’Europe qu’ils vont arrêter la guerre et les menaces militaires, mais en renversant leurs gouvernements respectifs.

Nouveau livre de Nathalie Arthaud « Communiste, révolutionnaire, internationaliste ! »

Par Elissa Darwish