Attaque à Djeddah : le Grand Prix d’Arabie Saoudite aura bien lieu

Vendredi dernier, l’explosion de l’usine Aramco, située à proximité du circuit urbain de Djeddah, est venue perturber les essais libres 1 du Grand Prix d’Arabie Saoudite. Malgré tout, les instances de la Formule 1 ont décidé de maintenir l’épreuve. Une décision qui semble inquiéter certains pilotes, qui ont tout de même accepté de courir. 


Alors que les pilotes étaient en train de boucler leurs premiers tours du week-end, l’explosion inattendue de l’usine Aramco, située à une dizaine de kilomètres du circuit urbain de Djeddah, est venue interrompre la première séance d’essais libres du Grand Prix d’Arabie Saoudite, qui s’est déroulée vendredi dernier. 

« Rassure-toi, ce n’est pas ta voiture », a expliqué Giancarlo Lambiase, l’ingénieur de Max Verstappen, au champion du monde en titre. Car même en piste, les pilotes pouvaient sentir l’odeur du pétrole et apercevoir l’immense nuage de fumée produit par l’incendie déclenché par l’explosion.

Une dépêche AFP a rapidement confirmé que la compagnie d’hydrocarbures, qui sponsorise la Formule 1 et l’écurie Aston Martin, avait été la cible d’une attaque orchestrée par les rebelles Houthis yéménites. Depuis 2014, le groupe armé dispute le contrôle du Yemen au gouvernement en place, qui est reconnu internationalement et soutenu militairement par l’Arabie saoudite. La semaine dernière, le pétrolier avait déjà été victime d’une attaque de missiles et de drones organisée par des rebelles Houthis yéménites. 

Crédits : Andrej Isakovic – AFP

Le spectacle continue

Suite à l’attaque, la sécurité autour du circuit a été largement renforcée et une réunion de crise a été organisée avec les directeurs d’équipes et les pilotes, juste avant la deuxième séance d’essais libres, qui a été retardée de quinze minutes. 

À l’issue de l’entretien, Stefano Domenicali a déclaré qu’il n’était pas envisageable d’annuler le Grand Prix d’Arabie Saoudite. « La Formule 1 a été en contact étroit avec les autorités suivant l’événement qui s’est produit aujourd’hui. Elles ont confirmé que l’épreuve pouvait continuer comme prévu. Nous resterons en contact rapproché avec elles ainsi qu’avec toutes les équipes pour suivre de très près la situation », a-t-il expliqué.   

Une décision qui, selon le PDG de la Formule 1, est motivée par les garanties du gouvernement saoudien en terme de sécurité. « Nous avons fait une réunion avec les pilotes et les directeurs d’équipe, ainsi qu’avec les plus hautes autorités saoudiennes – le prince Abdelaziz, ministre des Sports – bien sûr le Sheikh Mohammed Ben Sulayem, président de la FIA, et le gouverneur de Djeddah. Nous avons reçu la garantie totale que, pour le pays, la sécurité est la priorité – quelle que soit la situation, la sécurité doit être garantie », a-t-il précisé à Sky Sport. 

Les directeurs d’équipes se sont également exprimés en faveur de la poursuite du Grand Prix d’Arabie Saoudite. « Nous, directeurs d’équipe, avons reçu la garantie que nous étions protégés ici. C’est probablement l’endroit le plus sûr où l’on puisse être en Arabie saoudite actuellement. Et c’est comme ça, nous allons courir. Je pense que la F1 doit être unie, collectivement. Aucun terrorisme actif ne peut être toléré. Vous savez, une telle situation n’est pas acceptable pour nous. Stefano et le président gèrent ça, il y a toutes les garanties des organisateurs, et nous allons courir », a notifié Toto Wolff, le team principal de Mercedes.

Des pilotes qui ont visiblement besoin d’être rassurés

Malgré les garanties des instances de la Formule 1 et des autorités saoudiennes, certains pilotes restent très inquiets. Dans la soirée, ils se sont donc rassemblés dans une pièce vitrée, qu’ils n’ont quitté qu’au bout de 4h30, pour discuter du maintien du Grand Prix d’Arabie Saoudite. Durant cette réunion, ils ont pu faire part de leurs inquiétudes auprès de Stefano Domenicali et Ross Brawn, le directeur sportif de la Formule 1, ainsi que de leur directeur d’équipe. 

Dans un live Instagram réalisé dans la nuit de vendredi à samedi, Julien Febreau a fait part de son ressenti concernant la réunion organisée entre les pilotes. Le commentateur de la chaîne Canal + a expliqué que la gestuelle de Lewis Hamilton et Pierre Gasly le laissait penser qu’ils n’étaient pas en faveur de la poursuite de l’épreuve. Le journaliste est cependant resté prudent et a précisé que ce n’était qu’un ressenti personnel, simplement basé sur des mouvements observés à distance. 

« C’était important de discuter de la situation entre nous tous, mais je n’en dirai pas plus pour le moment. Je pense que c’est important. Chacun a donné un peu ses avis, et on est tous alignés sur nos intentions », a expliqué Pierre Gasly au micro de Canal + après s’être entretenu avec ses camarades. 

Samedi matin, les pilotes se sont publiquement exprimés sur la situation via la Grand Prix Drivers’ Association, représentée par George Russell. « Peut-être que c’est difficile à comprendre mais en voyant la fumée de l’incident, il était difficile de rester pleinement concentré et de mettre de côté des inquiétudes humaines naturelles. Par conséquent, nous avons tenu de longues discussions entre nous, avec nos directeurs d’équipe et avec les personnes les plus haut placées qui gèrent notre discipline. Une large variété d’opinions a été débattue et après avoir écouté non seulement les autorités de la F1 mais aussi les ministres du gouvernement saoudien, qui ont expliqué comment les mesures de sécurité avaient été renforcées au maximum, la conclusion a été de décider de participer aux essais libres et aux qualifications aujourd’hui, ainsi qu’à la course demain. Nous espérons donc que le Grand Prix d’Arabie saoudite restera dans l’histoire comme une belle course et non pour l’incident qui s’est déroulé hier », a déclaré la GPDA. 

Parallèlement à la prise de parole des pilotes, les instances de la Formule 1 ont réaffirmé la tenue du Grand Prix d’Arabie Saoudite selon le programme original. « La Formule 1 et la FIA confirment qu’après des discussions avec toutes les équipes et tous les pilotes, le Grand Prix d’Arabie saoudite 2022 continuera comme prévu », conclut le communiqué rédigé par la Fédération International d’Automobile et la Formule 1. 

Rendez-vous donc dimanche à 18h, heure française, pour assister au Grand Prix d’Arabie Saoudite.

Mathilda Calais