Le 19 mars 1980 est une date pour la télévision et la chanson. Daniel Balavoine, tout jeune chanteur de 28 ans, fait sensation sur le plateau du journal de midi d’Antenne 2 en interrompant une interview de François Mitterrand, où il accuse les journalistes d’ignorer les problèmes de société tels que ceux de la jeunesse.
Invité par Danièle Breem et Patrick Lecoq, un duo de présentateurs iconique, Balavoine exprime sa colère en intervenant sur le plateau, où a lieu une interview de François Mitterrand, alors premier secrétaire du parti socialiste. Il en a “marre” de pas avoir de temps de parole, il intervient face à un monument de la politique en la personne de Mitterrand, leader du PS et candidat favori pour les élections présidentielles 1981. Lorsqu’il s’exprime, ce n’est pas d’une façon douce, “écoutez, ça fait 3/4 d’heures que je suis là et que je m’ennuie à entendre des bêtises” . Il se plaint que la jeunesse n’est pas écoutée et quitte le plateau mais le leader socialiste l’invite à s’exprimer comprenant qu’ils sont en train de participer à un moment d’histoire.
C’est avec des mots forts et une diction claire et compréhensive que l’interprète de Johnny Rockfort se fait découvrir. Connue pour sa réserve, le chanteur se fait l’ambassadeur de toute une jeunesse. Durant toute l’émission, il a pris des notes et énumère les sujets dont la jeunesse se fout. “On en a rien à foutre de George Marchais”, où il fait référence au débat sur le rôle de ce dernier durant le second conflit mondial. “ La jeunesse se désespère »; il fait un portrait de la jeunesse qui s’éloigne de la société donc de la politique,”Ce que je peux vous dire c’est que la jeunesse se désespère elle est profondément désespérée parce qu’elle n’a plus d’appuis, elle ne croît plus en la politique française et moi je pense qu’elle a en règle générale en résumant un peu bien raison.”
“Le désespoir est mobilisateur, et quand il devient mobilisateur, ça entraîne le terrorisme”. Le Chanteur tient donc des mots forts sur cette société qui s’affronte. L’économie chute, les emplois disparaissent et la jeunesse en fait les frais. Une jeunesse qui se rapproche des extrêmes comme la Bande à Basil, groupe terroriste d’extrême gauche ou du Front national porté par Jean-Marie Le Pen.
En créant la polémique, il est invité régulièrement sur les plateaux de télévisions. Il devient le porte-parole de la jeunesse. Celui qui n’est pas héros écrira même des chansons pour montrer son ras-le-bol comme France ou Petite Angèle. Mitterrand comprenant l’image qu’a Balavoine l’invite à la suite du désistement de Coluche qui s’était présenté aux élections présidentielles de 1981 face à de trop fortes pressions. Balavoine sensible aux idées de gauche le rejoindra mais que pour quelque première partie de ses discours car il estime être une récupération politique. Lorsqu’on lui demandera pourquoi il s’est joint à un candidat il assumera “Je ne fais pas de politique, je fais du sentiment politique “.
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