Malgré la guerre en Ukraine et les sanctions économiques et financières européennes, il est vraisemblablement inenvisageable pour le gouvernement de marquer un coup d’arrêt à ses affaires avec la Russie de Vladimir Poutine.

Alors que le français EDF et General Electric ont annoncé le 10 février dernier la signature d’un accord d’exclusivité pour le rachat des activités nucléaires de GE Steam Power, dont les turbines Arabelle et la maintenance et les mises à niveau des centrales nucléaires existantes, l’État serait prêt à céder 20 % du capital de GEAST – pour « GE-Alstom », une filiale de GE Steam Power – au géant russe du nucléaire Rosatom, rapporte Le Figaro. Les turbines « Arabelle » qui ont été acquises par General Electric à Alstom en 2015, équipent les centrales nucléaires françaises et de nombreuses centrales dans le monde. La vente, qui excluerait les activités américaines de GE Steam Power, l’ex-Alstom Power Systems, pourrait s’élever à 175 millions d’euros, une fois les liquidités et dettes de l’activité rachetées prises en compte par EDF.
Pourquoi le russe Rosatom souhaite prendre une part dans GEAST ?
Pour le député LR Olivier Marleix, EDF « n’est pas un industriel », d’autres avaient fait des propositions de rachat de GEAST, confie-t-il à nos confrères de France Info. Il assure que les Russes de Rosatom pourraient ne pas apprécier d’être « le client de leur concurrent », car la moitié du carnet de commandes de GEAST est assuré par Rosatom selon Le Monde. « Il y a des moments convenables pour ce genre de négociations et d’autres qui le sont moins », confiait une source qui suit les négociations aux journalistes du magazine Marianne. Il est évident que ces discussions entre EDF, dont l’un de ses dirigeants affirme « se plier aux décisions de l’État actionnaire », et Rosatom, une entreprise publique russe, interpellent dans ce contexte de sanctions économiques dures envers la Russie.
La vente d’Alstom Power à GE, « une faute pour nos intérêts stratégiques »
Olivier Marleix assure que Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, a « reconnu la lourde erreur qu’il avait commise » en signant la vente en 2014 d’Alstom Power et Alstom Grid à l’américain General Electric pour 12,4 milliards d’euros, qu’il perçoit comme « une faute pour nos intérêts stratégiques puisqu’on a perdu nos capacités d’autonomie dans le secteur du nucléaire civil ». Olivier Marleix a présidé en 2018 une commission d’enquête commission d’enquête sur les décisions de l’Etat « en matière de politique industrielle », notamment dans les affaires Alstom, Alcatel-Lucent (cédé au finlandais Nokia) et STX. Pour le député, le rachat des turbines Arabelle, ancienne activité d’Alstom Power Systems, intervient après « quelques milliers de suppressions d’emplois par General Electric en France ». Le bilan de l’américain est un désastre industriel en France : près de 5 000 postes ont été supprimés dans l’hexagone depuis 2015, dont 1 500 à Belfort, où se situent les usines GEAST des turbines Arabelle. Pour le maire LR de Belfort Damien Meslot, « Le président est responsable du bilan catastrophique de l’opération, qui a détruit 1.400 emplois dans ma ville », rapporte Challenges.
La candidate LR Valérie Pécresse n’est pas non plus épargnée pour ses liens avec Alstom. Le 21 février dernier, des élus écologistes d’Île-de-France ont saisi le procureur de la République contre la présidente de région Valérie Pécresse qui, selon eux « détiendrait avec son mari des actions Alstom ». Son mari, Jérôme Pécresse, est dirigeant d’Alstom Renewable Power de 2011 à 2016, date à laquelle Alstom Power et Alstom Grid sont cédées à l’américain General Electric. Alstom Renewable Power devient alors GE Renewable Energy, dont Jérôme Pécresse est toujours le PDG.
Kévin Belbéoc’h Dumarcet
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