Euro de handball 2018 : du bronze satisfaisant et des audiences mitigées

Du 12 au 28 janvier se déroulait le championnat d’Europe de handball en Croatie. La compétition marquait un tournant pour une équipe de France renouvelée, qui devait tourner la page avec l’épopée française de l’année passée.

Il est pratiquement 19h à l’Accor Hôtel Arena quand les 15 700 spectateurs commencent à entonner une marseillaise victorieuse. C’était il y a un an. C’était les championnats du monde. Auparavant, le Stade Pierre Mauroy avait battu le record d’affluence lors d’un match de handball avec 28 010 supporters. La France respirait handball et les « experts » allaient chercher une 6ème étoile à coudre sur leur tunique bleue. Thierry Omeyer, le meilleur gardien de tous les temps, dernier rempart de l’équipe tricolore prenait sa retraite, Daniel Narcisse l’accompagnait. L’euphorie qu’a suscité l’évènement laissait déjà planait une once de vérité. Décryptage.

Les audiences : l’après 2017 qui fait mal ?

 Même époque, même saison, même sport. Mais pas le même engouement. Les supporters français qui ont fait le déplacement ne sont pas à blâmer ici, car il y en a un certain nombre qui suit de près l’équipe de France depuis toujours. Le reste du pays n’est pas en reste. Pourtant, lors des compétitions internationales, même quand elles ne prennent pas part sur le sol français, les téléspectateurs sont toujours très nombreux, en témoigne la finale des championnats du monde au Qatar en 2015, contre le pays hôte, qui n’est pourtant pas une grande nation de handball. Et bien ce match reste la meilleure audience devant un match de handball avec 9,1 millions de français devant leur écran. La demi-finale et la finale en France l’année passée avaient réunies respectivement 6,7 et 8,9 millions de téléspectateurs. Cette année, la demi-finale en Croatie a réuni 1,6 millions de personnes tandis que la petite-finale n’aura pas dépassé le million (935 000 personnes).

Une équipe de France en fin de cycle

La France devait donc faire sans Omeyer et Narcisse. Pourtant, les deux hommes étaient présents à chaque compétition qu’a jouée la France depuis 2001, quand « les costauds » avaient remporté l’or déjà sur leur terre. 16 ans plus tard, même scénario à Bercy, et la boucle est bouclée. C’était donc l’instant d’après. Non seulement vis-à-vis des deux champions qui ont rempilé, mais également vis-à-vis de l’euphorie du mondial français de l’année passée. Se remettre de ces émotions incomparables pour tout le handball français. Se déplacer en Croatie et ne pas tenir compte de l’atmosphère, du public qui n’est jamais plus acquis à sa cause. C’est ça, l’instant d’après.

Mais pourtant, les anciens de cette équipe de France, Karabatic, Sorhaindo, Abalo et Guigou ont su porter comme il le fallait les jeunes tricolores. C’était eux, les leviers de cette équipe de France. En eux résidaient la source de motivation, ce petit supplément d’âme qui fait d’un homme un champion. Mais au titre de trentenaires bien avancés, ils ne pourront rayonnés encore longtemps. Et ces deux ou trois années à venir seront déterminantes pour mener à bien le passage de témoin entre les deux générations. Les jeunes Lagarde, Rémili, Tournat, Dika Mem auront la lourde tâche d’être la bande d’après. Et même avec du bronze au bout du compte, cette première étape est réussie.

 

Armand Lavenne