« Youth for climate » : la jeunesse en colère défile à Angers

Vendredi 19 mars, la jeunesse s’est réunie dans le monde entier pour faire la grève et manifester en faveur du climat. Après un an sans mobilisation, à Angers c’est le mouvement Youth for Climate qui lance l’appel et réunit les manifestants en colère. Armés de leur volonté, de pancartes, graines et craies, les jeunes réagissent à l’inaction de l’Etat.

La marche pour le climat à Angers ce vendredi 19 mars. Crédit : Margaux Chauvineau

« Notre maison est en feu », « Quand c’est fondu, c’est foutu », « Demain je veux vivre » : la jeunesse est en colère et le fait savoir. Ce sont plus de 500 jeunes qui se sont rassemblés et ont marché sur Angers pour le climat mais aussi dans plus d’une trentaine de villes partout en France. Leur but : dénoncer l’inaction de l’Etat vis-à-vis de l’environnement et réclamer la mise en œuvre des mesures proposées par la Convention citoyenne pour le climat.

Cette dernière réunissant 150 citoyens tirés au sort devait « définir les mesures structurantes pour parvenir, dans un esprit de justice sociale, à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici 2030 par rapport à 1990 », comme expliqué sur le site internet de la convention. Ce sont 149 propositions qui ont été faites sur la consommation, le déplacement, la production et le travail, l’alimentation et le logement. Pourtant cela ne semble pas suffire pour avancer sur la question environnementale : « Ce n’est vraiment pas quelque chose que l’on peut négliger » assène Lise, une participante de la marche.

S’asseoir sur les rails du tramway pour protester. Crédit : Margaux Chauvineau

Agir pour le climat

Au programme de la manifestation : clean walk (marche propre) pour ramasser les déchets, sit-in (s’asseoir) pour bloquer les voitures et les rues, green guérilla (guérilla verte) pour lancer des graines dans les espaces verts, messages à la craie, collages sur les murs et végétalisation du mobilier urbain. Tout est réalisé pour faire réagir. « Végétaliser les toits des abribus, c’était une promesse de notre maire [Christophe Béchu] et on en voit toujours pas. C’est utile et c’est dès maintenant qu’on en a besoin. Avoir des végétaux dans la ville, ça permet par exemple de diminuer la température de celle-ci », explique Charlotte du mouvement Youth for Climate. Parce que c’est ça aussi le problème : cette impression que rien n’a été fait pour le climat sous Emmanuel Macron alors que l’élection présidentielle approche à grand pas.

L’arrêt de bus des Lices à Angers recouvert de fleurs, lierres et plantes en tout genre. Crédit : Margaux Chauvineau

Inaction gouvernementale

Début février 2021, l’Etat se fait sanctionner par le tribunal administratif de Paris : « carence fautive ». Une décision symbolique et qui pour beaucoup montre à quel point l’environnement passe au second plan, encore plus vrai aujourd’hui alors que le pays essaye de se reconstruire en pleine pandémie mondiale. En résumé : au bout de quatre ans, il semble que le gouvernement aime annoncer, mais peine à agir. Pourtant comme le rétorque Malo : « On ne peut plus faire semblant. Il n’y a pas plus sujet actuel. Yann Arthus-Bertrand a sorti un documentaire sur l’état de la planète il y a peu [ndlr : Legacy, notre héritage sorti en janvier 2021], alors qu’il en avait déjà fait un, il y a 10 ans pour lancer l’alerte [ndlr : Home, sorti en 2009]« .

Entre la réautorisation des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles, l’échec de l’interdiction totale du glyphosate, l’abandon de la taxe carbone ou bien le « soutien » du Président pour la pratique de la chasse (permis de chasse deux fois moins cher, une liste d’espèces chassables adaptative…), les mesures pour l’environnement semblent presque inexistantes. Cela avait même abattu Nicolas Hulot, qui en 2018 avait quitté son poste de ministre de la transition écologique et solidaire.

Des messages toujours forts et explicites. Crédit : Margaux Chauvineau

Même si quelques améliorations ont été faites, notamment avec la loi anti-gaspillage contre les plastiques à usage unique, pour beaucoup, cela reste encore trop moindre. Pour un chef d’Etat qui promettait de grands bouleversements au niveau de l’environnement, on ne peut qu’être déçu. C’est donc avec ces mobilisations lycéennes et étudiantes, que ces jeunes citoyens espèrent faire bouger les choses : « Evidemment que ce n’est pas avec une manif qu’on va changer le monde, mais ça permet d’éduquer et de répandre un message », indique Lise.

La jeune génération est donc prête à se battre contre leur gouvernement qui ne semble pas en faire assez pour leur avenir. Alors comme des tas d’autres dans le monde entier, ils veulent y croire. Et quand les jeunes Angevins crient leurs messages, ils le font pour toute une génération : « Nous allons lutter et nous allons gagner ».

Crier à tue-tête pour se faire entendre. Crédit : Margaux Chauvineau

Margaux Chauvineau

Pour aller plus loin : le documentaire Legacy, notre héritage de Yann Arthus-Bertrand sorti en 2021.