IMG : le traumatisme d’accoucher sans vie

Quand le fœtus souffre d’un problème grave et incurable, une interruption médicale de grossesse (IMG) peut être pratiquée, jusqu’au terme. En moyenne, 6 000 femmes traversent cette épreuve chaque année. Retour sur ce parcours douloureux.

Une image suspecte lors de l’échographie. Voila comment Karen, sur le point d’accueillir son deuxième enfant a découvert que son bébé présentait une anomalie cérébrale. Une annonce qu’elle n’oubliera jamais : « Le médecin a utilisé des termes concrets pour que je comprenne. Mon bébé aurait de grosses séquelles neurologiques et respiratoires, avec une échéance de vie très courte et il n’irait jamais à l’école« . Karen ne le sait pas encore, mais quelques semaines plus tard, elle subira une interruption médicale de grossesse (IMG). Comme des milliers de femmes en France, qui ont recourt, chaque année, à ce que l’on nomme l’avortement thérapeutique. 

L’IMG, une procédure possible jusqu’au 9ème mois

En France, l’interruption médicale de grossesse est pratiquée après la découverte, chez l’enfant, d’une pathologie d’une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic : anomalie chromosomique ou génétique, malformation ou infection. Dans ce cas, une demande d’arrêt de la gestation est soumise à un comité d’experts issus d’un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal (CPDPN).

D’après les plus récents chiffres sur le sujet, en 2018, 6 754 femmes se sont vues délivrer une attestation de particulière gravité autorisant l’IMG pour motif fœtal et 343 attestations ont été délivrées pour motif maternel (grossesse dangereuse pour la mère).

Accoucher sans donner la vie

La période entre le diagnostic et la prise de décision a été particulièrement difficile à vivre pour Karen. « Nous nous sommes interdit d’envisager cet avenir pour lui », témoigne-t-elle. Cette période de réflexion est indispensable pour pouvoir faire le deuil postnatal. Mais aussi pour préparer l’après.

« L’idée est de réaliser un accouchement par voie naturelle, ce qui évite d’avoir des séquelles physiques sur la mère. Pour que l’enfant naisse sans vie, on injecte dans le cordon du fœtus un produit qui endort le bébé et qui arrête son coeur » explique le Dr Véronique Cayol, gynécologue obstétricienne. S’ils le souhaitent, les parents peuvent faire la rencontre de leur enfant défunt et prendre des photos. Un instant très appréhendé,  mais encouragé par les soignants et psychologues.

Après son IMG, Karen a passé deux heures aux côtés de son fils, Gabriel. Un sentiment habite souvent les parents ayant eu à vivre un tel drame : celui de la culpabilité. Dans certaines maternités, des groupes de paroles sont mis en place pour les parents endeuillés et un soutien psychologique est proposé lors de l’hospitalisation. Aussi, des associations comme la « Petite Émilie« , disposent d’antennes sur toute la France. 

Cidjy Pierre