Macron et les médias : les histoires d’amour finissent mal… en général

Depuis son élection en 2017, Emmanuel Macron a donné le vertige aux médias, alternant discours fleuves et silences radio. Très critiqué par une presse française qui se sent boudée, le candidat a réinventé la communication présidentielle. Alors, pari gagnant ? Dressons le bilan. 

Dès sa première apparition télévisée en tant que président de la République, Emmanuel Macron fait le choix d’un contrôle absolu de son image. Il marche seul et triomphant le long de la pyramide du Louvre, symbole de puissance et de rayonnement dans le monde entier. Mais très vite les critiques fusent, accusé de s’imposer sur la scène médiatique tel un Jupiter des temps modernes (pour reprendre les termes de l’historien des médias Alexis Lévrier). Il fait le choix de prendre ses distances avec la presse, une distance qui s’explique entre autres par la présidence de François Hollande dont la « normalité » affichée avait eu pour conséquence directe un discrédit largement relayé par les médias.

« Une presse qui ne cherche plus la vérité » 

Élu en mai 2017, le Président donne sa première interview télévisée en octobre, soit 5 mois après son élection. Un entretien qui intervient après un été compliqué avec la presse, qui l’accuse de chercher à la museler. En effet les premiers mois à l’Elysée vont marquer une rupture brutale entre Emmanuel Macron et les journalistes français, en particulier après que le Président a cherché à déloger le service presse de l’Elysée mais aussi à la suite des nombreuses convocations de journalistes à la DGSI ou encore après la perquisition de Mediapart. Emmanuel Macron affiche un mépris non dissimulé pour la presse qui, dit-il, « ne cherche plus la vérité ». 

La crise des gilets jaunes : point de bascule 

Alors qu’Emmanuel Macron bouscule les codes traditionnels de la communication, la crise des gilets jaunes surprend tout le pays et force le Président à sortir de sa tanière. Le quadragénaire se trouve obligé de s’adresser aux Français au travers de grands médias, conscient que ce cache-cache a créé un fossé avec une partie de la population.

 Depuis, Emmanuel Macron tente de mieux gérer son rapport à la presse et se prête (relativement) régulièrement aux exercices médiatiques. Au programme, interviews pour Le Parisien, Al Jazeera, France télévision ou encore Valeurs actuelles. Une communication bien pensée, qui cherche à être au bon endroit au bon moment, comme lors de son apparition sur le jeune média Brut pour un jeu de questions-réponses en plein déconfinement, alors que tous les projecteurs étaient braqués sur la précarité étudiante en temps de covid.

Une com’ digne d’Hollywood 

Mais le canal de communication préféré du Président reste encore les réseaux sociaux sur lesquels il se met régulièrement en scène. Récemment nous avons pu le voir en sweat-shirt, fatigué et soucieux ; une façon peu subtile de montrer sa préoccupation de tous les instants à mettre fin à la guerre en Ukraine. 

Dans la droite ligne de son quinquennat, la campagne de 2022 ne sera pas celle d’une idylle entre le Président et les médias. Le 17 mars dernier, 300 journalistes ont pu participer à une grande conférence de presse pour l’annonce du programme du candidat. La troisième conférence de presse du quinquennat Macron devant des journalistes qui n’ont pas été autorisés à ramener leur caméra et dont les questions devaient être connues au préalable de la conférence. 

Cette obsession du contrôle s’incarne dans la nouvelle série lancée par les équipes de communication du Président. Des petites vidéos de 8 minutes dignes des plus grands succès Netflix, avec musique de fond et grandes inspirations mettant en scène le Président en campagne, sobrement intitulée « Le Candidat ». 

Alors que laissent présager les rapports du Président et de la presse dans le cas d’un second mandat ? 

La suite (peut-être) au prochain quinquennat. 

Fleur Tirloy