Grande-Synthe : vers un modèle de ville durable ?

            Potagers bio, jardins partagés, cantines 100% bio… tant d’initiatives entreprises par la ville de Grande-Synthe pour un nouveau modèle de développement. Cette ville post-industrielle de 23 878  habitants s’engage en faveur de l’environnement. Le directeur de projet sur la transition écologique et sociale de la ville, Jean-Christophe Lipovac, a répondu à nos questions concernant le dernier projet en date : la création d’une ferme urbaine.

            La dernière idée des Grands-Synthois, la mise en place d’une ferme urbaine « multi-services ». Pas toujours évident à comprendre. « Le point de départ c’est que depuis 2011, toutes nos cantines sont 100% bio, explique M.Lipovac. « Or, notre alimentation dépend encore beaucoup de l’extérieur. Notre réflexion était la suivante: en quoi la politique de transition de la ville pourrait-elle être un levier en terme de développement économique et de re-localisation ? Le tout, c’est d’essayer d’avoir du bio et du local en même temps ». La particularité de la ville, c’est qu’elle possède un certain nombre de terres, dont une ancienne ferme, la Zone Priester qui s’étend sur environ 9 hectares. Le projet est de créer de l’emploi local en louant des micro-fermes à des particuliers dont la rentabilité de l’activité serait basée sur la vente. Une façon aussi d’aménager le territoire. Un appel à candidatures à donc été lancé en avril 2018. Huit mois après, nous sommes revenus sur les lieux. Où en est le projet ?

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            Basées sur plusieurs critères, les candidatures devaient répondre à la logique nourricière de la ville. Une ferme urbaine « multi-services » associe d’autres fonctionnalités que celle de l’unique production. Parmi elles, une logique pédagogique et collective. « On imagine avec les candidats la possibilité d’accueillir des groupes scolaires, explique M.Lipovac. Il y aura sûrement un partenariat avec le lycée. En ce qui concerne la logique collective, on est dans un vrai ancrage territorial. Dans les dossiers, les candidats se sont déjà projetés dans une logique de mutualisation, par exemple en ce qui concerne le prêt d’outils. Le métier de maraicher est assez précaire et le fait d’être ensemble rend viable ces activités. » Pour l’heure, trois candidats ont été retenus et sont en train de s’installer sur les terres. Deux d’entre eux sont suivis par une couveuse d’entreprises agricoles nommée « A petits pas », chargée de les accompagner dans leur nouveau projet.   L’idée c’est vraiment d’aider des personnes qui souhaitent se lancer dans le maraichage et qui n’ont pas de membres de leur famille agriculteurs. Sans ça, il est en effet très difficile d’avoir accès à du foncier de nos jours.

L’une des dernières interrogations du directeur de projet est de savoir comment est-ce que l’on rend cette agriculture biologique accessible au plus grand nombre ? Aujourd’hui, 29,2% de la population de Grande-Synthe est au chômage et 30% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. « L’idée, c’est qu’on puisse aider à l’installation avec une activité qui soit rentable et en même temps essayer de développer des circuits qui permettent au plus grand nombre de se nourrir », affirme-t-il.

Intéressant sur le papier mais concrètement ?

            La chargée de mission pour le projet, Isabelle Hutterer, affirme avoir réfléchi au problème, « Il y a toujours des légumes déclassés difficile à mettre en valeur, explique-t-elle.Dans les cantines scolaires, ils sont parfois obligés de répondre à certains types de légumes, une certaine taille etc… C’est une des pistes, cela reste à travailler. » Un petit hangar devrait naitre dans cette nouvelle ferme urbaine pour pouvoir vendre directement sur place. A suivre !

Angèle Delmotte