Roubaix : un centre de santé pour pallier à la désertification médicale

Depuis le 3 février, le quartier de l’Alma accueille un nouveau centre médical. Six médecins sont présents du lundi au samedi. La troisième ville de la métropole souffre de la désertification médicale depuis de nombreuses années.

 Lorsque l’on parle de la désertification médicale, on a souvent tendance à penser aux territoires isolés. Pourtant, des grandes villes ne sont pas épargnées. C’est le cas de Roubaix. Une étude municipale relève qu’à peine un généraliste serait disponible pour 1000 patients. Dans le quartier de l’Alma, situé au nord de la ville, il n’y a plus de médecins. Monia habite dans le quartier. Pour elle et ses trois enfants, pas d’autre choix que d’aller dans les quartiers sud de Roubaix pour trouver un médecin. « C’est la galère. Les docteurs sont partis un par un, ici. Et quand on en trouve, on doit attendre longtemps pour obtenir un rendez-vous. Il m’est même arrivée d’aller à SOS Médecins. C’est difficilement supportable pour un adulte. Imaginez des enfants ! », exclame-t-elle.

Un centre médical à côté de la pharmacie

C’est dans ce contexte qu’un centre de santé a vu le jour depuis février dernier. Derrière cette initiative, Laurent Taleux, généraliste à Roubaix depuis 31 ans : « Depuis que je suis ici, j’ai vu partir huit ou neuf confrères. Pour les 60% restant, ils sont âgés de plus 60 ans. La ville n’est pas très attractive. » Malgré cela, le médecin dit ne pas avoir eu de difficulté à trouver des professionnels. « Je cherchais avant tout des personnes ayant une fibre sociale conséquente. Le quartier de l’Alma souffre d’une grande précarité. Il faut donc savoir discuter avec les patients. »

 Situé à côté de la pharmacie, aussi liée au projet, le centre de santé de l’Alma a vite rencontré son public. « Il était temps. De plus, on est vraiment bien pris en charge. Ce n’est plus le parcours du combattant », se soulage Monia.

Ramener des spécialistes

 Si Laurent Taleux se réjouit de la réussite du projet, il n’est pas question de s’arrêter en bon chemin. « Il faut que l’on trouve une visibilité et qu’on se rode avec les professionnels », dit-il avec beaucoup de pragmatisme. Une prudence qui ne l’empêche de se projeter : « il serait intéressant de faire venir d’autres médecins spécialisés. Par exemple, un dermatologue. A Roubaix, les délais d’attente sont importants. »

Mostefa Mostefaoui