JO 2024 : « Il y a eu des premières à chaque fois que la France a accueilli les jeux »

A plus de quatre ans des épreuves, le chantier des Jeux olympiques de Paris commence porte de la Chapelle. Le compte-à-rebours est lancé pour le comité d’organisation. Lorick Joseph, conseiller exécutif du directeur général de Paris 2024, Etienne Thobois, dévoile les enjeux et les ambitions de l’organisation des Jeux olympiques dans la capitale. 

En Faits : Les Jeux Olympiques de Paris , un siècle plus tard, est-ce que cela a été un atout lors de la candidature de Paris 2024 ?

Lorick Joseph : Le processus de candidature a été différent sur la fin. On s’est retrouvé à deux villes candidates, en février 2007, avec Los Angeles. Le CIO a commencé à réfléchir à un concept de double attribution 2024-2028. A ce moment-là, on a changé notre stratégie. Les membres du CIO nous ont incité à créer du lien avec 1924, le centenaire, la belle histoire qui n’avait pas été exploitée jusque-là. Car, on pouvait nous targuer d’arrogance.

Quels éléments de la belle histoire des jeux de 1924 ont été gardés ?

Le stade de Colombes était le stade olympique de 1924. C’est l’une des raisons pour lesquelles en 2015, on a choisi ce site pour les épreuves d’hockey sur gazon en 2024. Le site rénové va devenir un des symboles de nos jeux. Un des éléments de la belle histoire est aussi culturel. La culture est dans l’adn du projet olympique, que ce soit en 1924 où il y avait des compétitions artistiques ou en 2024. La France de par son passé, présente un paysage culturel unique. Il y a plusieurs grandes orientations parmi lesquelles, celle d’associer ce patrimoine à un message de modernité. On est en train de décliner ces orientations dont le but est aussi de favoriser la mixité entre les différents publics.

Le message de mixité se retrouve dans le logo identique pour les jeux olympiques et paralympiques…

Ça a été un long processus des deux comités pour convaincre de l’intérêt et de la puissance de ce message. Le logo est un mélange de trois symboles, la médaille d’or, la flamme olympique, et Marianne. C’est une première d’avoir cette emblème olympique et paralympique. C’est un écho à 1924, car il y a eu des premières à chaque fois que la France a accueilli les jeux.

Pour Paris 2024, l’une des premières dans l’histoire de l’organisation des jeux est son ambition d’un bilan carbone neutre...

On est dans cette dynamique d’inventer des jeux plus verts avec la volonté de réduire les émissions de gaz à effet de serre de manière structurante. On a un concept basé sur 95% de réutilisation de sites existants et temporaires. On limite le nombre de nouvelles constructions qui ne seraient pas nécessaires. Durant les jeux, on prévoit l’utilisation des transports en commun. On aura recours à la restauration durable dans les sites et dans les villages. Une directrice de l’excellence environnementale a reçu un budget dès le projet de candidature pour répondre à ces objectifs.

Est-ce que cette ambition environnementale aura une influence sur le choix des partenaires financiers ?

Les partenaires sont des leviers extraordinaires pour faire de l’innovation, développer des solutions concrètes, et durables pour l’avenir. On réfléchit , par exemple, à la production de groupes électrogènes qui consomment moins. Il y a eu des groupes comme Total, qui ont suscité des polémiques. Total, de par son activité principale est associé à une énergie polluante. Pour autant, c’est une des premières entreprises pour les énergies renouvelables. On est regardant, mais plus dans ce que l’on veut mettre en œuvre, et la manière dont les partenaires peuvent nous accompagner dans nos projets.

Le choix de Tahiti pour les épreuves du surf a été critiqué notamment en raison de cette ambition de jeux neutre en carbone. Pourquoi ce choix ?

Le site Tahiti est une garantie pour l’expérience des athlètes, on a des certitudes sur la qualité de la vague, ce qu’on n’a pas forcément sur la côte atlantique. L’idée n’est pas de dénaturer le site mais de voir l’expérience des compétitions qui sont organisées à Tahiti et de s’inscrire là dedans. Le but n’est pas de ramener 10, 15 000 spectateurs. Ce seront les locaux qui y assisteront. La diffusion télé permettra de vivre l’expérience. Le fait d’associer Tahiti, c’est aussi un symbole fort. C’est associer la France et l’ensemble de ces territoires à l’ensemble de ces jeux.

C’est aussi dans cette dynamique, de faire vivre l’aventure olympique au plus grand nombre qu’a été développé le label Terre de Jeux ? 

Le label Terre de Jeux vient des Jeux de Londres. On a développé le projet pour répondre à l’ambition d’associer l’ensemble du territoire. Comment ? Par l’intermédiaire des territoires et des mouvements sportifs : régions, départements, communes, fédérations sportives . C’est une démarche assez large pour que la fête soit totale. Le label permet un accès aux outils de communication, aux outils pédagogiques et aux événements. C’est aussi la possibilité de devenir centre de préparation aux jeux. Il y a des critères à remplir pour donner des droits à l’usage de l’identité olympique, comme le fait pour une commune de promouvoir la pratique sportive.

Développer la pratique sportive en France, c’est l’héritage que veut léguer Paris 2024 ?

Oui, on souhaite mettre plus de sport dans la vie des Français et l’utiliser comme un outil de développement. On a le sport pour bouger plus, le sport comme levier de santé et de bien être. L’objectif est d’offrir des lieux de pratiques dans les espaces publics. La semaine olympique et paralympique, en milieu scolaire doit aussi promouvoir des valeurs olympiques par le sport ; changer le regard sur le handicap avec des valeurs d’inclusion, participer à l’émancipation des femmes ou l’insertion des jeunes, lutter contre l’exclusion. C’est le cœur de notre vision : « le sport change les vies ».

Propos recueillis par Océane Pirez