La préfecture, joyau de la ville d’Arras

La préfecture du Pas-de-Calais a ouvert ses portes ce dimanche lors des Journées européennes du patrimoine. Photo : Benjamin Grischko

Comme chaque mois de septembre, institutions et musées en tout genre ont ouvert leurs portes à l’occasion des journées européennes du patrimoine. C’était le cas de l’hôtel de préfecture du Pas-de-Calais qui s’est entièrement dévoilé, des jardins et jusqu’au bureau du préfet.

Pour raconter l’histoire de cette bâtisse, il faut remonter à 1092. En lieu et place de l’actuelle préfecture, se tenait le palais du tout premier évêque d’Arras. Il faudra cependant attendre 1759 pour qu’il soit entièrement modernisé à la mode de l’époque, c’est-à-dire à la façon des palais parisiens. Le tout dans le seul but d’impressionner les visiteurs.

Cependant, la révolution passe par là. Les armoiries épiscopales sont enlevées, tout comme les cariatides qui ornementaient la façade, la cathédrale construite à côté du palais est vendue. Ce lieu se vide jusqu’à l’arrivée du tout premier préfet nommé par Napoléon Bonaparte. Il faut trouver un lieu par l’accueillir, et c’est tout naturellement vers l’ancien palais désaffecté que les yeux se tournent.

Une reconstruction totale

Entre 1830 et 1990, pas moins de six incendies ravageront la nouvelle préfecture. Le plus important sera celui de 1836. Il ne reste plus rien, si ce n’est la moitié des murs porteurs, en piteux état. La question se pose alors d’une destruction définitive accompagnée d’un déménagement, ou d’une reconstruction à l’identique. La deuxième solution sera retenue pour la modique somme de 100.000 livres. Il faut savoir qu’à l’époque, le salaire moyen était d’une livre par jour et par personne.

Les plans sont recherchés et la reconstruction durera vingt ans. Au fil du temps, les arcades se sont refermées pour laisser place à des bureaux et la coupole surmontant le bâtiment n’a pas été reconduite par soucis d’économies.

Un patrimoine immatériel

Les journées européennes du patrimoine ne sont pas que l’occasion de (re)découvrir les vieilles pierres qui nous entourent. La préfecture du Pas-de-Calais, c’est aussi un lieu de vie. Avant la pandémie, c’étaient 120 événements organisés par an pour environ 10.000 convives. « Depuis, ce chiffre a été divisé par dix » s’amuse Louis Le Franc, préfet depuis l’été 2020.

Partie prenante de la visite, l’actuel locataire en a profité pour présenter son métier. Et de commencer par son uniforme. Y sont brodés le chêne et l’olivier, symbole d’autorité et de paix. Une fonction qu’il assume : « Quand tout le monde a échoué, on se tourne vers le préfet » philosophe-t-il. « Même si, en réalité et en toute modestie, on ne trouve pas toujours les solutions » continue-t-il.

Et en ce moment, les dossiers s’accumulent sur son bureau. « On réceptionne beaucoup de dossiers concernant le plan de relance, sur la gestion de la pandémie ou sur les flux migratoires à Calais. » Il y a aussi un fort accompagnement auprès des entreprises : « 400 millions d’euros ont été injectés pour les soutenir » précise Louis Le Franc.

Palais épiscopal ou préfecture du Pas-de-Calais, ce lieu aura toujours gardé sa première vocation : la représentation du pouvoir.

Benjamin Grischko