Villeneuve d’Ascq : Des chambres étudiantes rénovées 60 ans après leurs constructions

Depuis 2012 le CROUS de Lille rénove son parc résidentiel. Année après année son programme de construction et de réhabilitation monte en puissance. Entre 2012 et 2017 ce sont cinq bâtiments de la résidence Albert Camus qui ont été rénovés. En 2020, c’est au tour de trois résidences d’entamer leurs mues.

Une transformation indispensable au vue des conditions de vie des étudiants dans les résidences du campus Cité scientifique, avant rénovation. Ayahm (son prénom a été changé), jeune Tunisien de 28 ans, fait partit de ceux qui ont vécu parmi les cafards et les punaises de lit. Arrivé en France en septembre 2019 pour débuter un master automatique et système électriques à l’université de Lille, il à dû s’armer de courage et de patience pour arriver à bout de ce master.

« En deux mots, Galois était un tombeau des étudiants »

« Quand je suis arrivé en France j’ai dû attendre deux mois avant de trouver une chambre étudiante au CROUS. En janvier 2020, j’ai posé mes valises au bâtiment D de la résidence universitaire Evariste Galois. J’y ai trouvé des cafards et des punaises de lit. Je passais toute la journée à l’extérieur et je rentrais dans la chambre que pour dormir. C’était cauchemardesque. » Arrive la pandémie et donc, le confinement. « Je n’avais pas d’autres choix que de rester dans cette chambre. Faute d’argent je ne pouvais pas changer de logement ni retourner en Tunisie. J’étais bloqué. Après avoir payé mon loyer je n’avais que 100€ pour vivre. » S’en suivent deux mois où Ayahm sombre petit à petit… L’éloignement familial couplé aux conditions de vie dans cette résidence universitaire entament sa santé psychique.

@CROUS

« Mes trois compagnons d’infortunes et moi, avons demandé au CROUS une nouvelle chambre, mais ils ont refusé sous prétexte que tout était arrêté à cause de la pandémie. » se souvient Ayahm. Un événement vient changer la donne : alors qu’il était entrain de discuter avec une amie, il constate une inondation dans sa chambre. « C’était la goutte de trop, je suis sorti du bâtiment, désespéré, à bout et je me suis mis à crier et à proférer des menaces pour que le CROUS m’installe dans une autre chambre plus vivable. » Le lendemain, c’est chose faite, malgré le confinement. Dans cette autre chambre de 9m² il y avait toujours des cafards, mais pas de punaises de lit. « Suite à ça j’ai bénéficié d’un soutien psychologique du CROUS, car c’était très dur… Parler de cette période ne m’évoque que des mauvais souvenirs. Trois de mes amis, qui vivaient dans la même résidence que moi, ont tenté de se suicider, à cause des conditions dans lesquelles nous vivions. Dans cette ambiance déprimante, j’ai moi même eu des pensées suicidaires. » Impossible de suivre correctement ses cours dans ce contexte, il rate deux modules pour valider son master. En mars 2021, il doit quitter sa chambre car le CROUS entame, enfin, la rénovation du bâtiment A de Galois. Il rejoint donc un ami sur Paris pour trouver un stage de 6 mois, avant de devoir, de nouveau, retourner à Lille pour valider deux modules nécessaires à l’obtention de son sésame.

Lifting intégral pour les résidences de Cité scientifique

Il aura fallu près de 60 ans pour que les résidences universitaires du Campus Cité scientifique fassent peau neuve. Bachelard, Boucher et Galois débutent leurs métamorphoses en 2020.

Pour mener à bien cette rénovation, ce sont plus de 68 millions d’euros qui sont mis sur la table. 44 millions d’euros viennent du CNOUS (Centre National des Œuvres Universitaires et Scolaires), 12 millions d’euros du plan de relance de l’Etat et 12 millions d’euros de la MEL (Métropole Européenne de Lille). Grâce à cette somme, 1800 logements vont être remis au goût du jour. « Construites dans les années 60, les résidences du campus cité scientifique étaient dites traditionnelles. C’est à dire : salle de bain, wc et cuisine en commun. Aujourd’hui, le choix a été de réhabiliter ces résidences en transformant les chambres en studio.

Ainsi, avec trois chambres on fait deux studios, car on y intègre une kitchenette, une salle d’eau et les wc. » explique Emmanuel Parisis, directeur général du CROUS de Lille. Cela représente 20% de logements en moins après la rénovation des trois résidences. Pour compenser cette perte, le CROUS va construire, sur ses fonds propre, la résidence Galois village 2 qui comportera 300 logements. Les travaux débuteront en mars 2022.

Qui dit studios spacieux et bien équipés dit, loyers plus élevés

« Pour les studios de 12m² le loyer sera de 260€, charges comprises : eau, électricité, chauffage et wifi. Pour permettre aux étudiants précaire de se loger à moindre prix, nous avons gardé 20% de chambres de 9m², avec douche, wc et kitchenette. Leur loyer sera de 220€ charges comprises. » détaille Emmanuel Parisis. Les quatre bâtiments de la résidence Galois termineront leurs transformations le premier trimestre 2023. Quant à Bachelard et Boucher, il faudra attendre 2025 pour y trouver des chambres flambants neuves.