Prix du documentaire : Caroline Delattre remporte l’édition 2019

Mercredi 16 octobre, pour la troisième année consécutive, l’université catholique de Lille a célébré le prix du documentaire journalistique. Les quatre réalisateurs, qui ont vu leur film sélectionné, ont présenté leur documentaire à tour de rôle avant qu’ils soient projetés.

« Les productions étant de qualité, c’était dommage de les conserver sur un disque dur et de ne pas les valoriser davantage » s’est exprimé David Fremy, à l’origine du prix du documentaire. Porté par la FLSH (Faculté des Lettres et des Sciences Humaines), ce projet permet aux étudiants de travailler sur un reportage de longue durée. Un travail qui permet « d’ouvrir les yeux sur le long format » estime Caroline Delattre, gagnante du prix du documentaire 2019.

Un film « désigné à l’unanimité »

Selon Christophe Caron, président du jury et journaliste à la Voix Du Nord, « les 4 films avaient des qualités communes ». Tous abordaient « des notions de parti pris, d’engagement et de foi » avec « des réalisatrices et des réalisateurs très impliqués dans ce qu’ils racontaient ». Pour autant, le film de Caroline Delattre, « Au delà des apparences », a été « désigné à l’unanimité » explique le président du jury. Le sujet : Philippine Dhanis, femme politique belge qui témoigne sur sa vie de transgenre. Grande, blonde et souriante, elle est caractérisée par le jury comme « une personnalité qui rayonne, attachante et qui attire le regard ». Mais ce qui a permis à Caroline de remporter la victoire, c’est « l’équilibre dans la technique, dans le récit, avec du fond et une petite touche de poésie » d’après David Fremy car « c’est ça qui fait toute la différence ».

Un sujet important pour la réalisatrice

« J’ai toujours voulu traiter le transgenre mais j’avais jamais trouvé le support » s’exprime Caroline  ajoutant qu’en « radio, c’est dommage de ne pas traiter l’image car ça fait parti de la personne, en presse écrite, on est gommé de la voix et du physique ». L’audiovisuel est le support idéal. Peu de documentaires se prêtent correctement au transgenre dans les médias selon elle. Pour cette raison, il était important de transmettre une image autre que celle d’une « bête de cirque ». Ainsi, Caroline a laissé la parole à Philippine pour qu’elle s’exprime avec ses propres mots sur les images du documentaire.

Une relation de confiance avec la protagoniste

Aucune difficulté pour nouer une relation de confiance avec Philippine car « le lien était très fort ». Et ce, dès le début. La protagoniste suit un traitement hormonal depuis maintenant trois ans et demi : « j’ai beaucoup de choses à travailler sur moi, la féminité ça s’acquiert, je veux la conquérir ». Pour elle, « c’est difficile de se voir » dans le documentaire. Caroline en est consciente : « sans elle, ce travail n’aurai pas pu voir le jour » ajoutant « elle mérite le prix autant que moi ».

Un travail professionnel

Cinq mois de travail, du temps et de l’argent : Caroline « y a mis tout son coeur ». Sa maman, Valérie Wasson est très fière « on voit le travail qui a été fourni, on a juste envie que ce soit mérité » explique-t-elle. Résultat : elle remporte le prix du public ainsi que le prix du jury avec à la clé deux trophées et deux chèques d’une valeur totale de 600 euros. La réalisatrice va les garder précieusement. Son objectif : rembourser les frais engagés pour ce documentaire mais également acheter du matériel afin d’avoir « toute la panoplie du bon journaliste ».

Léonie JOUET