Le 12 décembre dernier, la CDFT annonçait rejoindre les syndicats non réformistes dans la grève contre la réforme des retraites. Décryptage d’une convergence des luttes syndicales. 

« Une ligne rouge a été franchie » annonce Laurent Berger jeudi 12 novembre avant d’appeler à la grève générale du 17 décembre. Le ton est donné par le secrétaire général de la CFDT : le syndicat s’oppose désormais à l’exécutif sur le projet de réforme des retraites. Les annonces du Premier ministre, la veille, s’avèrent irréconciliables avec les intérêts du syndicat, pourtant historiquement en faveur de la réforme. 

L’âge d’équilibre met le feu aux poudres 

« Ce qui nous gêne aujourd’hui c’est l’âge d’équilibre : le passage de 62 à 64 ans pour avoir une retraite à taux plein. C’est un véto qui avait été posé par la CFDT et c’est ce qui nous fait réagir. On continue toutefois de soutenir le système universel. Il a longtemps fait débat mais a été co-construit par tous les militants·e·s. » explique Perrine Mohr, secrétaire régionale de la CFDT Hauts-de-France. Même écho du côté de l’UNSA, Cédric Barre, secrétaire académique, rappelle la volonté du syndicat de participer à l’élaboration du texte de loi de réforme des retraites. Toutes négociations demeurent cependant impossibles tant que l’âge pivot sera mis en avant. « On ne peut pas faire une réforme et en profiter pour faire des économies d’échelle. Demander aux travailleurs de travailler plus, ce n’est pas acceptable pour nous. » 

Des divergences persistent 

Matthias Wattel, secrétaire général de la CGT à Lille se réjouit de l’entrée des syndicats réformistes dans l’opposition. Le système de répartition par points continue néanmoins de diviser les différentes organisations, en dépit de l’intersyndicale. Tandis que la CFDT et l’UNSA y sont favorables, Matthias Wattel détaille le refus catégorique de la CGT : « Le système par points, c’est individualiser la retraite, et donc, abandonner le principe du pot commun. C’est précisément pour cette raison que l’on s’y oppose. » Mardi 17 décembre les syndicats seront certes réunis, mais avec des perspectives bien différentes. « Il n’y aura pas de cortège de tête dans la manifestation de mardi avec la CFDT à côté de la CGT » ne manque pas de rappeler Perrine Mohr. « On ne se ralliera pas à un message qui promeut l’annulation de la réforme, c’est à l’encontre de notre projet. » 

Sophie Basquin