Election présidentielle américaine : les clefs et les enjeux pour mieux la comprendre

L’Amérique est-elle à un tournant ? C’est le sentiment qu’on beaucoup d’observateurs et de suiveurs de la politique américaine depuis plusieurs semaines, alors que l’élection présidentielle va commencer dans la nuit de ce mardi 3 novembre. Annoncée tendue, elle va opposer le président sortant Donald Trump à Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama. Comment fonctionne le système américaine ? Comment le futur président américain est-il élu, et quels sont les enjeux de cette fin de campagne ? Le point sur ce jour charnière, pour des États-Unis plus polarisés que jamais…

Dans un contexte d’injustice raciale, d’épidémie du Covid-19 et de crise économique profonde, les électeurs américains sont appelés la nuit prochaine à désigner leur futur président. Ou pas tout à fait. Car ce mardi 3 novembre 2020, les 240 millions d’Américaines et d’Américains pouvant voter (sur 328 millions d’habitants) éliront en réalité des grands électeurs, appartenant soit au camp républicain (Donald Trump), soit à celui du démocrate Joe Biden. L’idée reçue que le peuple des Etats-Unis élit directement son président est donc fausse. Voici une petite présentation du fonctionnement de l’élection présidentielle américaine et de ses derniers enjeux.

Les grands électeurs confirmeront le nom du futur président des Etats-Unis le 14 décembre

Pour commencer, ce choix de grands électeurs équivaut bien entendu à celui d’un candidat. Le parti qui remporte un Etat en obtiendra tous ses grands électeurs, ce même en cas de courte victoire (c’est le winner takes all, en VO). Les grands électeurs, dont le nombre diffère selon les Etats et des critères démographiques souvent critiqués, composent le collège électoral, qui compte ainsi 538 grands électeurs. Pour être élu, le futur président doit obtenir 270 GE, dans un vote effectué… Par les grands électeurs eux-mêmes.

Car oui, ce sont en réalité lesdits grands électeurs qui confirmeront le choix de leurs concitoyens le 14 décembre, près d’un mois après l’élection technique, dans une journée où le président sera officiellement élu pour les quatre prochaines années. Mais pas de panique, alors que le système peut sembler complexe, le choix des Américains du 3 novembre correspondra au vote final des grands électeurs le 14 décembre. Si d’ailleurs et d’ici-là, les urnes ont livré tous leurs secrets…

Dépouillement et swing states, les nerfs de la guerre en 2020

Vers 2h du matin, en France, aux alentours de 20h sur la côte est américaine, les premiers chiffres et estimations tomberont. Qui de Joe Biden, 77 ans, accompagné de sa vice-présidente Kamala Harris, ou du ticket Donald Trump (74 ans) – Mike Pence, remportera cette élection ? Il faudra peut-être attendre quelques heures, quelques jours, voire plusieurs semaines, pour le savoir réellement. En effet, sur les 160 millions d’électeurs, près de 94 millions d’Américains ont déjà voté. Le Coronavirus, s’il vide les rues, a aussi amené les concitoyens des deux candidats à choisir le nom du futur résident de la Maison blanche par anticipation, se rendant, comme la Constitution américaine le permet, dans les bureaux de vote depuis quelques jours.

Le vote par correspondance (par courrier), traditionnellement fort chez les démocrates, a ainsi été massivement choisi ces dernières semaines, pour éviter attente et embouteillage dans des bureaux de vote rendus dangereux par le virus. Un contexte qui n’avantage pas le républicain Donald Trump… Malgré tout, le combat sera acharné, particulièrement dans les swing states, grands états pivots, indécis et cruciaux, pouvant basculer d’un camp à l’autre selon le choix populaire. Si Biden émarge en tête, et ce plutôt largement, dans les sondages, avec pour base la Californie et ses 55 grands électeurs ou l’Etat de New-York (29), Donald Trump pourrait recoller et remporter la mise avec le Texas (38) ou la Floride (29). L’élection se jouera certainement au nord, dans le Midwest et au niveau de la Rust belt (avec la Pennsylvanie et ses 20 grands électeurs, Michigan 16, Ohio 18). In fine, il faudra attendre que tous les bulletins aient été dépouillés pour connaître le nom du 46e président américain, alors que Trump a déjà anticipé en annonçant des fraudes de la part des démocrates. Dans un contexte d’injustice raciale, d’épuisement économique et de montée de la violence armée, cette élection pourrait mettre le feu aux poudres, dans un pays plus polarisé que jamais. Les Etats-Unis sont bien à un tournant de leur histoire.

Clément Maillard

Photo Morry Gash, Jim Watson, AFP.