La fin de la controversée « ferme des 1000 vaches »

Les premières vaches étaient arrivées sur place il y a 6 ans, dans des immenses hangars entre les communes de Drucat-le-Plessiel et Buigny dans la Somme (80). Projet qui a fait couler beaucoup d’encre, la ferme a définitivement cessé son activité laitière le 31 décembre 2020.

La Société Civile d’Exploitation Agricole Cote de la Justice ne livre plus de lait. Après des années de lutte et l’attente pour l’autorisation d’accueillir les 1000 vaches, l’élevage de Michel Welter jette l’éponge. Il poursuit cependant ses cultures de pommes de terre, de betteraves, de lin et blé.

Dix années de controverse

Après dix années de controverses et six années d’exploitation, c’est le clap de fin. Durant des années, le projet de la ferme géante de l’entrepreneur de travaux publics Michel Ramery a suscité une vive opposition de la part des habitants et d’associations écologiques comme Novissen. En parallèle des recours judicaires, les actions pour stopper les chantiers se multiplient. Des adhérents de la Confédération paysanne sont poursuivis pour dégradations, vols et recels aggravés à la suite d’une action de septembre 2013.

Une manifestante contre le projet de la Ferme des 1000 vaches à Drucat (Somme), le 29 juin 2014. Source Philippe Huguen/AFP

Le site accueille dès septembre 2014 ses premières vaches et demande à étendre son cheptel le plus rapidement possible, ce qui est refusé par la préfecture de la Somme. Un an plus tard, la préfète requiert une sanction administrative pour revenir à la limite de 500 bêtes. En août 2018, après l’appel de Nicolas Hulot, alors ministre de la Transition écologique, la cour administrative de Douai condamne l’exploitant.

Et écologiquement parlant, c’était une véritable catastrophe.

Francis Chastagner, porte-parole de l’association Novissen

Pour Francis Chastagner, porte-parole de l’association Novissen, la fermeture de la ferme est une réelle bonne nouvelle : « Michel Ramery se présentait comme un agriculteur, il est en fait un entrepreneur du BTP. C’était une véritable ferme-usine. En effet, les émissions de CO2 sont très importantes, notamment parce que la nourriture des bovins contient beaucoup de soja qu’il fallait transporter sur des milliers de kilomètres depuis les zones de production ».

L’élevage intensif : et pourquoi pas d’autres cultures ?

La ferme Drucat, qui n’a pas souhaité s’exprimer sur la fermeture, compte 20 salariés. La ferme a définitivement cessé son activité laitière ; les 800 vaches de l’exploitation ont été alimentées différemment pour qu’elles diminuent leur production de lait. Le lait sera alors donné aux veaux et génisses, car impropres à la consommation humaine.

Mais que faire des 800 vaches ? La responsable de la communication Véronique Retaux annonce qu’une partie sera vendue, et l’autre abattue. La fondation Brigitte Bardot était intervenue après l’annonce pour proposer d’accueillir les vaches encore présentes, en vain.

Dans l’hexagone, 80% des animaux sont détenus en élevage intensif. Les vaches font figures d’exception ; elles représentent 7% du monde intensif. Symbole de l’industrialisation de l’agriculture française, la ferme était la représentante de l’élevage intensif sur le modèle américain dans notre pays.

La ferme des « 1000 vaches », symbole del l’agriculture intensive en France.  Source : Fred Haslin/Le Courrier Picard

L’élevage intensif utilise des méthodes qui visent à rendre le plus productif et le plus rentable possible un espace donné, dans un temps donné. Pesticides, engrais chimiques, augmentation de la densité d’animaux, tous les moyens sont permis. Cette course aux rendements a des effets sur la santé et le bien-être des animaux. Dans des espaces limités, les animaux ne peuvent pas exprimer les comportements normaux de leurs espèces. De nombreuses associations luttent contre ces fermes usines, notamment l’association L214 qui multiplie les actions. Samedi 9 janvier, l’association de défense et de protection des animaux organisait un nouveau rassemblement.

Claire Boubert